Critique – Katak le brave béluga


Après un passage au festival international du film d’animation d’Annecy, Katak le brave béluga, coréalisé par Christine Dallaire-Dupont et Nicola Lemay arrive en salles le 25 octobre grâce à Eurozoom.

Katak est un jeune béluga vivant paisiblement dans les eaux du fleuve Saint-Laurent au Canada. Moqué par ses camarades à qui il ne ressemble pas, il cherche le réconfort auprès de sa mère qu’il ne quitte pas. Pourtant, lorsqu’il apprend que sa grand-mère mourante voudrait revoir son amour de jeunesse, il part en cachette à sa recherche tout au nord, vers la Grande Banquise. Au long de ses aventures, il rencontre une jeune orque qui s’avère être la fille d’un prédateur terrifiant… 

Katak le brave béluga nous offre une aventure familiale sur la transmission et l’acceptation de soi au sein d’un groupe soudé par des traditions fortes. Katak, par sa couleur grise persistante, ne se sent pas à sa place car le gris est le signe de l’enfance chez les bélugas. Il est heureusement épaulé par sa grand-mère et son amie Estelle, et son aventure le poussera à s’ouvrir à d’autres rencontres. Ce périple vers la Grande Banquise n’est pas sans évoquer Le Monde de Némo pour son aspect formateur et sa structure assez classique.

Il faut souligner le courage d’avoir choisi le béluga comme protagoniste de cette histoire. Leur bosse leur donne l’air de froncer perpétuellement et donc d’être en colère, les character designers de 10ave Productions ont dû composer avec subtilité pour rendre leurs expressions lisibles pour le public. Les autres animaux du bestiaire, depuis le macareux jusqu’à l’esturgeon, possèdent une allure et une animation beaucoup plus cartoon, avec de grands yeux et en étant (très, trop ?) bavards.

Durant le voyage de Katak, l’enchainement rapide des personnages croisés, sans vraiment prendre le temps de respirer, est hélas entrecoupé de rappels réguliers de la recherche de l’amour de jeunesse de sa grand-mère. Les scénettes avec les canards, les orques et même la morue sont des running gags qui finissent par entacher la pureté de la démarche du jeune béluga.

Le point fort de ce long métrage réside dans sa mise en scène en image de synthèse du grand nord québécois, ici habillé d’une belle lumière naturelle. C’est une véritable découverte et un régal pour les yeux de découvrir les grands espaces autour du fleuve Saint Laurent ! On profite aussi de plans en contre plongée surplombants la banquise, tels ceux fait par des drones dans les documentaires de voyage et d’explorations. Sur cet aspect, la direction artistique de Philippe Arseneau Buissière a su insuffler une dose de modernité. On peut toutefois regretter que les fonds marins restent coincés dans un cadre très resserré, très sitcom, pour faire avancer l’intrigue principale.

Katak le brave béluga se révèle être une aventure simple dans sa quête, mais avec de jolies valeurs autour de la transmission familiale. Ce long métrage destiné à tous les publics peut vous permettre une escapade dans les grands espaces nord québécois, ce qui est rafraichissant et rare dans les productions mainstream actuelles. Le film se repose beaucoup sur ses gags, mais peut paradoxalement être l’occasion d’une parenthèse lors des prochaines vacances de la Toussaint.



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