Passé par le festival international du film d’animation d’Annecy et récompensé pour sa composition originale, La Sirène, réalisé par Sepideh Farsi, sera disponible en format physique et VOD chez M6 Vidéo à compter du 17 octobre.
1980, dans le sud de l’Iran. Les habitants d’Abadan résistent au siège des Irakiens. Il y a là Omid, 14 ans, qui a décidé de rester sur place chez son grand-père, en attendant le retour de son grand frère du front. Mais comment résister en temps de guerre sans prendre les armes ? Omid découvre alors un bateau abandonné dans le port d’Abadan. Aurait-il enfin trouvé le moyen de sauver ceux qu’il aime ?
Le conflit Iran-Irak teinte ce long métrage de la mort par des échanges qui rejaillissent jusque dans le cercle intime d’Omid avec l’enrôlement de son frère et l’exil forcé de sa mère. La promiscuité de la violence se retrouve dans le quotidien d’une ville en ruines, ainsi que le fil rouge autour du combat de coq imminent pour notre protagoniste. Alors, l’inévitable revêt une dimension poétique lors de son annonce.

La direction artistique de Zaven Najjar apporte une dimension chaleureuse et humaine dans l’utilisation des couleurs chaudes pour la reconstitution de l’Abadan des années 80. Les couleurs froides sont quant à elles associées à l’onirisme et à la présence de l’art dans la ville. Le mélange entre animation 2D et 3D surprend au premier abord, mais sied avec justesse au propos de ce film possédant une facette documentaire.
Dans ce contexte de guerre, la ville portuaire d’Abadan se transforme en île où un petit groupe de personnes décide de rester et de résister, chacune à leur manière. Suite au départ de son frère au front, Omid va petit à petit devenir le lien qui unit une galerie de personnages cosmopolites : Elaneh la diva et sa fille Parsi, El Greco le photographe, Mohammed le cuisinier… Sepideh Farsi, riche de son expérience documentaire, pose un regard tendre sur chacun d’entre eux. On s’attache à leur vécu au fil de leur interactions répétées avec Omid.

La musique, composée par Erik Truffaz, se révèle complexe avec ses différentes sonorités venant alimenter la partition. La richesse des instruments, du neyanban à l’orgue arménien, illustrent la richesse des points de vue de La Sirène. Les percussions, portées par la puissance du damman, enrichissent la dimension familiale dans ce récit de guerre. Et enfin, on se laisse cueillir par la référence surprise à Goldorak, cette bande originale vaut vraiment l’écoute !
La Sirène nous emporte au cœur d’un conflit dur et poignant où la mort imprègne chaque instant du quotidien. Cependant, on ressort de ce long métrage marqué par la résilience et la force positive de cette galerie de personnages. Si vous avez loupé La Sirène en salles, je vous invite à découvrir le film en DVD et VOD. Le DVD comprend un court entretien de Sepideh Farsi qui vous apportera des clefs de compréhension de cette œuvre déjà percutante en elle-même.