Critique – Les Minions 2 : Il était une fois Gru



De retour en force après un report d’une année, les Minions – découverts en 2009 dans le premier film de la saga Moi, Moche et Méchant – partagent à nouveau l’affiche avec Gru, dans cette suite sous forme de préquelle qui fleure bon l’hommage au cinéma et à la culture des années 70.

Alors que les années 70 battent leur plein, Gru qui grandit en banlieue au milieu des jeans à pattes d’éléphants et des chevelures en fleur, met sur pied un plan machiavélique à souhait pour réussir à intégrer un groupe célèbre de super méchants, connu sous le nom de Vicious 6, dont il est le plus grand fan. Il est secondé dans sa tâche par les Minions, ses petits compagnons aussi turbulents que fidèles. Avec l’aide de Kevin, Stuart, Bob et Otto – un nouveau Minion arborant un magnifique appareil dentaire et un besoin désespéré de plaire – ils vont déployer ensemble des trésors d’ingéniosité afin de construire leur premier repaire, expérimenter leurs premières armes, et lancer leur première mission…

On avait quitté les personnages emblématiques d’Illumination Entertainment en 2015 où à la toute fin du film, la jonction narrative était faite entre ces derniers et un jeune Gru. C’est à Matthew Fogel (La Grande Aventure Lego 2, le prochain long-métrage Super Mario) qu’est revenu la tâche d’écrire une histoire suffisamment intéressante alors même que l’on sait déjà où ces personnages se dirigent. Un pari plutôt réussi pour ma part, bien que l’on n’atteigne pas les hauteurs de fun du Minions original, déjà réalisé par Kyle Balda.

Impossible de nier l’expertise du gag que possède désormais le studio fondé par Chris Meledandri, déjà parfaitement présente en 2015 avec Les Minions, dont le fun n’a été jusqu’ici égalé que par les deux opus de Tous en scène, mais on ressent ici, comme pour le film précédent un essoufflement non pas dû aux personnages eux-mêmes (dont l’arc a été clôturé dans le film précédent) mais à un manque de folie assez manifeste en raison de la présence du jeune Gru, à l’arc émotionnel peu étoffé.

Les Minions 2 se repose dès lors sur les Vicious 6 pour compenser, leur consacrant toute la séquence d’introduction afin d’établir un MacGuffin qui tiendra tout ce petit monde en haleine jusqu’au climax. Prenant la forme d’un médaillon magique conférant les pouvoirs des animaux du zodiaque chinois, le gadget passera de mains en mains et servira de quête personnelles à Otto, un nouveau Minion avide de reconnaissance. Le trinôme de base Stuart/Bob/Kevin part quant à lui à la recherche de Gru, kidnappé après son coup d’éclat chez les Vicious 6, les amenant à croiser Mme Chow, amorçant un tournant vers le film d’arts martiaux (un aspect évoqué lors du générique de début, mélange de Shaw Brothers et de James Bond).

Gonflé par des séquences complètement débiles – et désormais traditionnelles dans la franchise – comme le vol vers San Francisco ou la poursuite d’Otto, Les Minions 2 ne se cristallise que tardivement à travers la relation entre Gru et le vieux Will Karnage : les deux trouvent finalement leur compte dans leurs buts respectifs de continuer d’être des méchants, tout en préfigurant le futur de Gru.

Visuellement, Les Minions 2 reste une belle vitrine des capacités d’Illumination Entertainment, et les artistes semblent avoir pris un réel plaisir à multiplier les clins d’œil, références visuelles comme musicales à la trilogie Moi, Moche et Méchant et aux Minions, continuant à affirmer une cohérence esthétique que peu de sagas peuvent s’enorgueillir de posséder.

Reste que le piège dans lequel tombe le film ne date pas d’hier : Les Minions souffrait déjà de cet enfermement sémiologique en reproduisant ce langage visuel datant du premier Moi Moche et Méchant, langage à peine enrichi par les influences cinématographiques diverses et les hommages musicaux sauce Minions (Ici Simon et Garfunkel, un passage amusant mais bien loin de moments précédents) ou l’appui d’une bande sonore sans faille, entre les musiques originales très bien produites et un score toujours signé par l’inamovible Heitor Pereira.

Impossible de dire que l’on a passé un mauvais moment devant Les Minions 2 : Il était une fois Gru, l’ensemble restant très divertissant, et le succès que la franchise connait avec ce dernier opus peut tenir au fait qu’une grande partie du public -dont les jeunes générations – on retrouve ici un goût d’une normalité en présence de personnages les ayant accompagné toute leur enfance d’avant la pandémie, où rire à gorge déployée dans une salle de cinéma n’était pas aussi risqué qu’aujourd’hui.

Les Minions 2 : Il était une fois Gru est en salles depuis le 6 juillet.


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