Critique – Tous en scène 2


Cinq ans après le premier opus, Tous en scène 2, toujours réalisé par Garth Jennings est en salles depuis le 22 décembre dernier pour vous offrir votre dose de paillettes et de spectacle musical :

Si Buster et sa troupe ont fait du Nouveau Théâtre Moon la salle de concert à la mode, il est temps de voir les choses en plus grand : monter un nouveau spectacle dans la prestigieuse salle du théâtre de la Crystal Tower à Redshore City. Pour cela, il faudra convaincre le rocker Clay Calloway, que personne n’a vu depuis 15 ans, de revenir sur les planches

Arrivée à Redshore City, la troupe de Buster (Damien Ferrette) se retrouve confrontée à une vision du spectacle grandiloquente ainsi qu’à une menace plus brutale dans la figure de Monsieur Crystal (Damien Bonnard), littéralement et figurativement un loup dans son domaine. Face à ce nouveau défi, Gunter (Laurent Gerra) va prendre une place inattendue dans la création de ce nouveau spectacle en proposant une comédie musicale spatiale intitulée « Des étoiles plein les yeux », avec en vedette Rosita (Jennifer Bartoli). L’évolution du personnage de ce cochon fantasque et déjanté permet d’insérer les étapes d’écriture et de réécriture dans la conception même d’un show hors normes. Si Buster suivait les désirs de Gunter, l’histoire tiendrait du croissant burger, tant l’esprit du créateur est généreux et sans limite. Buster, en bon coach et producteur, le modère et installe avec lui des étapes pour sortir le meilleur de son musical de l’espace.

Tous en scène 2

Dans ce sens, le film valorise la grande équipe de production chargée des décors, de la technique et de la mise en place de la scène pour que les artistes puissent s’y produire lors de la première. On assiste ainsi à une scène hilarante où Buster se prend une leçon face au chef de chantier en demande d’instructions pour la suite de la construction de la structure scénique. La touchante et déterminée Rosita se retrouve à puiser au fond d’elle-même pour devoir vaincre une de ses plus grandes peurs. De son côté, Johnny (Camille Combal) va devoir repousser ses limites en s’initiant à la danse pour apprendre une chorégraphie de combat avec le célèbre et toxique Klaus Kickencklober. Ces séquences de danse évoquent à la fois Billy Elliot mais aussi Sexy dance à partir de l’apparition salutaire de Nooshy (Fatou Kaba). Son apprentissage permet d’explorer la dureté mentale de la danse et embrasse le fait que l’expertise du mouvement fait partie intégrante du métier d’acteur, d’autant plus dans le domaine du spectacle vivant. La mise en scène de Tous en scène 2 va dans le sens de l’exploration du volume énorme que représente la salle de spectacle de Crystal. On passe de l’horizontalité du théâtre Moon à une verticalité vertigineuse, associée à des effets spéciaux physiques et des projections spatiales pour coller à l’imagination de Gunter. L’émanation de ce show grandiloquent se manifeste aussi dans les détails de character design et des costumes des personnages qui le portent : les taches de rousseur de Rosita, les ananas brodés sur le jogging de Gunter, l’armure de combat de Johnny, mais aussi des moments, des instants d’intimité qui les font sonner vrai.

Tous en scène 2

On pouvait craindre que l’intrigue autour de Clay Calloway (Bono/Gérard Lanvin) dévore ce long métrage mais il n’en est rien. Le traitement de sa blessure et de son deuil s’insère subtilement au sein de l’histoire et permet d’instaurer des respirations dans la trépidation entourant la création de « Des étoiles plein les yeux ». La relation de transmission entre Clay et Ash (Elodie Martelet) sonne juste en passant par la simple pratique musicale et il n’en faut pas plus pour être attendrie par ces deux là. D’ailleurs, la présence de U2 dans la playlist est parcimonieuse, mais occupe pleinement son rôle narratif sur la gestion du deuil de Calloway. Dans la lignée du précédent, Garth Jennings montre son amour pour la pop musique avec des morceaux de Taylor Swift, Coldplay, The Struts et même Cardi B. La pertinence de l’utilisation de « Look what you make me do » de Taylor Swift pour approfondir l’arc de Rosita fonctionne terriblement bien, tant le personnage se retrouve coincé entre son ambition personnelle et les attentes imposées par Buster. On retrouve aussi cette envie perverse de voir le producteur échouer pour mieux rebondir et on garde l’attachement pour Johnny, Meena et Rosita. On découvre la face cachée mais à mourir de rire de Mrs Crawly, toujours pimpante malgré la pression de la préparation du spectacle. Tous en scène 2 réussit à préserver la sincérité de sa troupe tout en poussant les murs autour de la création d’un grand spectacle. En tant que suite, le pari est réussi et fortement recommandé pour se libérer l’esprit en cette fin d’année. Ce film vous donnera la motivation nécessaire pour affronter 2022, et ce n’est pas rien de le dire. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=uKJTyEA4myw[/embedyt]


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