Critique – Léo et les extra-terrestres


L’animation 3D allemande, vous la connaissez forcément un peu : quelques représentants peuvent vite vous venir à l’esprit comme le Voyage de Ricky, sorti le mois dernier, Maya l’abeille (qui l’air de rien, fait partie du club du millions de spectateurs lors de son exploitation cinématographique) ou encore Oups ! J’ai raté l’arche. Co-production Germano-dano-luxembourgeoise, Léo et les extra-terrestres a fait sa grande première durant le Luxembourg City Film Festival et y a décroché le « Coup de cœur des enfants » et c’est parmi eux que nous avons découvert ce long-métrage, animé par La Fabrique d’images, déjà derrière le dernier long-métrage cité dans cette introduction.

Léo a 12 ans. Lorsque trois extra-terrestres débarquent près de chez lui, cet enfant solitaire se retrouve embarqué dans de folles aventures…

Scénarisé et réalisé par Christoph Lauenstein, Wolfgang Lauenstein et Sean McCormack, Léo et les extra-terrestres tombe dans le même genre que Oups ! J’ai raté l’arche et de nombreux représentants du médium animé, à savoir la comédie familiale animée en 3D, une valeur vue comme sûre mais qui commence à vaciller depuis 2015, même lorsqu’elles sont issues de gros studios, tels DreamWorks Animation, surtout avec un nombre de plus en plus nombreux de prétendants à l’assaut de cette cible démographique.

De fait, une impression d’uniformisation règne, et ce ne sont pas les récent échecs que furent Rock Dog ou Deep qui me contrediront sur ce point, et ce ne sont pas les premières minutes de Léo et les extra-terrestres qui m’ont mis à l’aise, cherchant le moindre détail qui ferait la différence que l’on espère secrètement, ce déclic qui ferait que le film sorte de ces rails de clichés si confortables. Un déclic qui survient dès l’apparition des fameux extra-terrestres du titre : en effet, ce trio d’andouilles intergalactiques s’arrogent les meilleures séquences et font du métrage une succession de scènes plus ou moins performantes en terme de tentatives d’humour. De par leur présence et en tant que vecteurs d’une partie d’une intrigue qui finit par se rejoindre pour l’habituel climax, ces personnages cartoon et blobesques écrasent tout sur leur passage, arrivant même à se transformer en caricature de certains autres pour passer inapercu lorsqu’il doivent traverser la ville, résultant dans les plus belles tronches de cakes que j’ai pu voir depuis longtemps, La Fabrique d’Images rejoignant les espagnols de Ilion Animation (Agents Super Zéro) dans le jeu de rendre le visage le plus bête possible !

Côté technique, l’animation est très au niveau, les poses sont claires et les jeu de squatch & stretch avec les aliens sont convaincants, et c’est plutôt sur le rendu que le bas blesse, mais tous les films n’ont pas le budget du dernier Pixar, et  même si Oups ! J’ai raté l’arche était plus beau, il n’y avait pas tant d’humains à présenter, et les contraintes réalistes étaient moindres, un endroit où on sent que les équipes ont fait de leur mieux pour compenser cet état de fait, pour une image finale loin d’être honteuse.

Si dès les première secondes, certain hurleront en courant en cercle que le film est un rip-off de l’incontournable E.T. sachez que l’on est bien plus prêt du postulat de La montagne ensorcelée et de En Route !, mêlé à un fond dramatique à la fois un brin intime et social : Léo est évidemment le profil de la victime idéale, frêle avec les yeux un peu creusé mais son père ufologue, dont la maison part en ruines, est considéré comme un cinglé par toute la ville,. On a bien sûr un petit saupoudrage d’une logique à la Men in Black vers la fin du film pour alléger l’ensemble, certaines séquence se payant le luxe d’être bien plus aggravée que ce que les USA peuvent produire.

Assez efficacement rythmé par la musique composée par Martin Lingnau et Ingmar Süberkrüb, tout comme la réalisation très carrée des frères Lauenstein, soutenus par Shaun McCormack, on peut déplorer un léger ventre mou en début de second acte, mais dès que les quiproquos s’enchainent et que nos extra-terrestres sont obligés d’improviser à l’aide de leurs deux neurones, on ressent une joie assez primaire dans l’enchainement des gags et des situations qui prennent toujours une tournure assez amusante. 

Au final, j’ai passé un assez bon moment lors de la vision de Léo et les extra-terrestres, certainement plus à ce que j’en pouvait attendre, et il est assez naturel que le long-métrage ait reçu le Coup de Cœur des Enfants au LuxFilmFest vu son efficacité et une certaine honnêteté : à aucun moment le film n’essaient de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, et c’est déjà une belle preuve de réalisme. Léo et les extra-terrestres sort le 9 mai dans les salles françaises, avec un doublage français des trois extra-terrestres par Michael Grégorio. ayant vu le film en Luxembourgeois, je ne peux pas vous donner mon avis sur sa prestation sur ce film mais étant donné son travail sur Mune, le gardien de la lune et ses habilités naturelles à la comédie et à l’imitation, je ne me fait pas trop de souci… https://www.youtube.com/watch?v=-bH8KXR9ipU


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