Critique – Ma Maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill


Adaptation d’un roman de Jean Regnaud et dessiné par Emile Bravo, le long-métrage de Thibaut Chatel et Marc Boreal, en sélection cette année 2013, possède un sujet fort. Mais est-ce que le sujet suffit pour un bon film d’animation ?

Jean est un petit garçon de 6 ans. Cette année, il entre au Cours Préparatoire, la grande école ! Il va enfin apprendre à lire. Mais sa maîtresse a l’air très sévère. Le premier jour, il doit lui indiquer la profession de sa mère. Il ne connaît pas la réponse… Mais il veut être comme tout le monde. Sa maman n’est pas là. Où, quand, pourquoi, comment, il a oublié. C’était il y a longtemps. Alors, il invente. Pourtant, elle lui envoie des cartes postales. L’Amérique, la Suisse, l’Espagne, l’Afrique… que lui lit en secret Michèle, sa voisine.

Adapté du livre éponyme et reprenant courageusement son titre démesurément long, le film de Marc Boreal et Thibaut Chatel en reprend la trame principale, à savoir la résilience de l’enfant face au deuil. Le choix du cadre et de l’époque choisie est aussi très judicieux et permet d’éclairer ces rapport père/enfants et cette absence de la mère, sur la multiplication des non-dits et la délicatesse des attitudes des enfants comme celle des adultes.

Et c’est sur ce point que Ma Maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill vise très juste, en évoquant non pas des propos surlignés mais en faisant appel sur « ce qui ne se dit pas ». Au-delà des âges des protagonistes, c’est le monde intérieur de Jean qui se bâtit sur ces absences, le père se rabattant sur le travail pour combler son deuil.

D’un côté purement technique, Pascal Valdès reprend la charte graphique du livre et adapte avec simplicité mais de manière très efficace le character design et compense la raideur de certaines de des animations par de petits éléments d’acting qui touchent aussi souvent au but que les répliques des personnages.

La présence d’un peu de 3D sur les véhicules reste toutefois très discrète et permet au film de garder cette tonalité très « livre jeunesse » dont les formes et les traits de crayons apparents font partie de la licence esthétique. En termes de narration, le fil rouge reste très accessible et slalome tranquillement entre l’évocation d’une époque et l’univers du petit Jean, traversé par ses connaissances et des enjeux à la portée plus grande qu’ils n’y paraissent.

On peut toutefois noter quelques imprécisions d’interaction de la lumière entre le décor et les personnages, certainement dû à la rigueur de la production, mais rien de bien grave pour un film qui reprend la charte graphique originale (qui ne possède toutefois pas un tel défaut). Je ne peux donc que conseiller ce joli film d’animation, riche en émotions et en évocations, qui vaut le détour pour son histoire simple mais habilement amenée, sans sensiblerie.



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