Critique – Transformers : Le Commencement


L’ubiquité de la franchise Transformers est indiscutable : un raz de marée de jouets depuis 1984 généré par Hasbro et renforcé par de nombreuses séries animées à la télévision, sept longs métrages en prise de vues réelles au cinéma depuis 2007 et pourtant, jusqu’ici, un seul film d’animation sorti au cinéma ?

C’était il y a trente ans, avec comme titre en première exploitation La guerre des robots, une péloche qui traumatisa bon nombre de gamins grâce à la mort d’un des personnages principaux ! Mais revenons au présent pour parler de cette nouvelle itération, nommée chez nous Transformers : Le Commencement.

Découvrez comment il y a des milliers d’années, deux mineurs d’Energon, Orion Pax et D-16, vont trouver une piste quant à la disparition de la légendaire Matrice du Commandement. Leur quête de l’artéfact va les mener à la surface de leur planète, Cybertron, accompagnés de B-127 et d’Elita-1. Ce qu’ils ignorent, c’est que cette aventure les amènera à devenir respectivement Optimus Prime et Mégatron, et à former les factions des Autobots et des Decepticons.

Paramount et Hasbro reviennent donc à la source avec ce film et prend le risque, en 1h44, de poser de nombreux morceaux de la mythologie Transformers. Un défi majoritairement relevé par Josh Cooley, vétéran de Pixar (Vice Versa, Toy Story 4) qui amplifie les qualités du scénario d’Eric Pearson (Thor : Ragnarok) et du duo Andrew Barrer/Gabriel Ferrari (Ant-Man et la Guêpe) pour aboutir à un métrage à la première partie assez inattendue avant de plonger dans le cahier des charges de la préquelle.

Cooley, dont la génération est celle même qui a vu et apprécié ces personnages depuis leurs débuts télévisés, prend grand soin à mettre en scène cette relation privilégiée entre Orion Pax et D-16, à la dynamique inspirée par les buddy comedies, ce qui est reflété par le jeu d’acteur plein de vitalité de Chris Hemsworth et Brian Tyree Henry. Nos deux outsiders évoluent dans une société loin d’être amicale, et font partie des forçats : sans rouage leur permettant de se transformer, ils sont destinés à miner Cybertron pour la survie du système gouvernant leur citée, Iacon.

Car la société de Transformers : Le Commencement est en crise depuis la disparition des Prime et de la Matrice du commandement lors d’un conflit les ayant opposé au Quintessons. Depuis, nos robots vivent repliés sur eux-mêmes, axés sur leur survie sous l’égide du dernier Prime survivant, Sentinel (John Hamm, plus mielleux que jamais). Sur son chemin vers une tentative de s’élever socialement , Pax entraine malgré lui D-16, Elita-1 (Scarlett Johansson) et le futur taiseux B-127 (Keegan Michael Key) dans la spirale d’événements qui vont révéler le mensonge derrière Sentinel et la pénurie d’Energon, scellant dans certains personnages une inextinguible rancœur.

Tout ceci explose dans la deuxième partie du film : notre quatuor se voit accordé leur rouage de transformation et Transformers : Le Commencement se dirige avec trépidation vers le destin connu de ses personnages. Si l’on savait qu’Optimus et Megatron étaient d’anciens amis, nous pouvons désormais ressentir le poids du regret et des actions aussi violentes qu’irréversibles qui les ont amené à devenir ceux que l’on connait.

Sous la direction de Cooley, le métrage ne se détourne pas d’une certaine violence frontale et d’une cruauté avec les personnages, renforçant l’impact même de certains éléments mis en place dès le début de l’histoire. L’arrivée plus tardive de B-127 dans la narration permet de garder une certaine légèreté bienvenue dans les événements qui s’ensuivent, pour peux que vous aimiez ce type de sidekicks, fort heureusement contrebalancé par Elita-1, dont les séquences d’actions en mettent plein la vue, cette dernière étant la plus capable du groupe sur tous les plans.

Visuellement, Transformers : Le Commencement envoie du très lourd : c’est ILM (Rango, Ultraman : Rising) qui est aux commandes du rendu et de l’animation sur un production design signé Jason Scheier : un festin pour les yeux au découpage la plupart du temps aux petits oignons, permettant d’apprécier l’esthétique techno-naturelle des étendues de Cybertron, les ensembles urbains art déco de Iacon et sa place centrale accueillant un monument aux inspirations soviétiques surprenantes.

Les personnages en eux-mêmes subissent des évolutions esthétiques majeures durant le métrage et l’on passe de robots usés, brossés et patinés à des textures de plus en plus fines et iridescentes associées à des effets de lumières pour un climax certes un peu rapide mais délicieux à regarder.

Certaines séquences de poursuite et de confrontation vous feront dresser les poils sur les bras tant la communion entre le montage, l’image et le son se fait en toute harmonie, sans jamais tirer la couverture à de l’un ou vers l’autre. A ce titre, la musique de Brian Tyler (Super Mario Bros. – Le Film) accompagne chaque moment pivot avec gravité et puissance.

On peut parfois regretter le rythme tambour battant de ce commencement qui, passé les cinquante premières minutes, redevient plus formulaïque tout en ne reniant pas les structures de pouvoir et les préjudices précédemment infligés à ses personnages. C’est donc un très grand pas pour un film de franchise comme Transformers.

Pour ma part, j’ai trouvé le film astucieux quant à son développement car pour la première fois depuis longtemps, j’étais bien incapable de deviner vers qui ou quoi celui-ci m’emmenait sur ses trente premières minutes, avant de définitivement me convaincre lors d’une séquence de souvenir à base de particules dont l’impact esthétique est au moins aussi important que celui sur la narration.

Transformers : Le Commencement est donc une belle réussite à mettre au crédit de ses artistes pour un film spectacle à destination d’un grand public que l’on espère pas trop refroidi par les films en prise de vue réelle.

Transformers : Le Commencement, en salles depuis ce 23 octobre.


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