Trente ans après la catastrophe industrielle que fut le film live Super Mario Bros, le plombier moustachu de Nintendo est de retour sur les écrans de cinéma. Cette fois-ci, la firme de Kyoto a gardé un contrôle plus serré sur la production et s’est attaché les services du studio Illumination, dont les compétences pour concevoir de la comédie d’aventure efficace n’est plus à prouver.
Alors qu’ils tentent de réparer une canalisation souterraine, Mario et son frère Luigi, tous deux plombiers, se retrouvent plongés dans un nouvel univers féerique à travers un mystérieux conduit. Mais lorsque les deux frères sont séparés, Mario s’engage dans une aventure trépidante pour retrouver Luigi. Dans sa quête, il peut compter sur l’aide du champignon Toad, habitant du Royaume Champignon, et les conseils avisés, en matière de techniques de combat, de la Princesse Peach, guerrière déterminée faisant face à la menace grandissante de Bowser…
Parlons tout d’abord des attentes : est-il possible de condenser dans un film de 90 minutes presque quarante ans d’un univers vidéoludique de manière intelligible ? Pas sans s’astreindre à un certain nombre de concessions, comme une trame narrative très classique et un rythme tambour battant qui font passer le visionnage de ce Super Mario Bros. – Le film à la vitesse de l’éclair.
Illumination, Nintendo et les réalisateurs Aaron Horvath et Michael Jelenic (Teen Titans Go !) se concentrent donc sur une mise en scène fidèle de l’imagerie Nintendo, certes scolaire mais pleine d’une révérence et d’un amour qui transperce chaque séquence du film, depuis les clins d’œil au détour d’une rue jusqu’aux citations musicales directes à certains épisodes du jeu, il est impossible de ne pas être enchanté par ce déluge relativement cohérent issu de l’univers du plombier.
On peut regretter que Super Mario Bros. – Le film ne possède de réel arc significatif pour ses personnages en dehors de Mario lui-même, affublé d’un manque de soutien de la part de sa famille, le reste étant soit passé en arrière-plan, soit gardé en réserve pour la suite, comme les origines de Princesse Peach ou encore la présence de Luigi, ici cantonné à l’archétype du peureux.
Le personnage de Bowser bénéficie quant à lui des efforts de Jack Black (en VO) et Jérémie Covillault (en VF) pour habiter un personnage ayant gagné en épaisseur sur les derniers jeux sortis (notamment Super Mario Odyssey) et l’on peut voir ici à quel point l’ubiquité de l’univers vidéoludique sert la démarche du film en lui-même, de nombreux moments étant finalement une forme de fan service plus ou moins appuyé quant à ce que le public des jeux pouvaient percevoir et injecter dans les héros et méchant de cette saga quadragénaire.
Un effet de manche répété à plusieurs reprise pour habiller des séquences souvent superbes et dynamiques, mais qui démontre à le fin que Super Mario Bros. – Le film aurait bénéficié d’un peu plus de cœur et d’un peu moins de power up. Le fantôme d’un film complètement équilibré existe quelque part, mais il est écrasé entre les pages d’un double cahier des charges d’un divertissement destiné aux masses qui doit respecter de plus un univers bien spécifique.
En cela, les équipes d’Illumination méritent une immense respect pour avoir débouché sur un spectacle cohérent et malgré une certaine légèreté de narration, tout à fait éduqué dans sa mise en scène. Est-ce que j’en attendais autant au départ ? Non, mais je serai plus attentif à ça sur le prochain long métrage. D’ici la sortie du prochain film, je ne boude pas mon plaisir sur le divertissement facile qu’est Super Mario Bros. – Le film car souvenez-vous : ça aurait pu être bien pire.
Super Mario Bros. – Le film est disponible actuellement en vidéo physique et en dématérialisé.