If anything happens i love you

Quoi qu’il arrive, je vous aime – William McCormack et Michael Govier


Cet article abordant le sujet du court-métrage en détail, nous vous conseillons de le regarder avant d’entamer la lecture. Ce confinement aura permis plusieurs choses : du temps à consacrer au visionnage, et la possibilité pour Netflix de devenir un support de choix qualifiant pour les métrages en mal de salle de cinéma… C’est ainsi que j’ai fait la rencontre bouleversante avec Quoi qu’il arrive, je vous aime (en VO If anything happens, i love you) court-métrage de seulement 12 (mais très intenses) minutes disponible donc sur la plateforme de streaming. Réalisé par William McCormack & Michael Govier, fondateurs de Oh Good Productions, le film est porté par une bande sonore alliant ludique et moderne de Lindsay Marcus, qui fait à la fois honneur à toute enfance heureuse et complice, et évite avec pudeur une trop grande quête du pathos. C’est un court-métrage sur le deuil parental, son angoisse et sa quête de sens. Voilà ce que nous propose Quoi qu’il arrive, je vous aime, mis en scène dans une esthétique crayonnée aussi pertinente qu’efficace (signée Youngran Nho). On assiste, impuissant et empathique à ce désespoir quotidien d’un couple parental en proie à sa douleur silencieuse qui résonne des ombres des conflits, des colères, de cette soif de comprendre. De blâmer l’autre, se blâmer soi et revivre encore et encore, en fantôme cauchemardesque, la joie de la vie qui mène à l’horreur de la mort.

If anything happens i love you

C’est aussi un court-métrage politique car ce deuil, dont on nous narre le souvenir tragique, c’est celui causé par une fusillade dans une école américaine. Et il est navrant aujourd’hui de pouvoir utiliser des pronoms indéfinis pour décrire ce drame moderne où plusieurs exemples hantent les esprits. Pour les réalisateurs, il est question de ce besoin vital de combattre une culture de l’armement civil, d’éduquer au port d’arme, de toucher en plein cœur sur une actualité bien plus réelle que la fiction. Vous ne pouvez déjà plus respirer tandis que les ombres du remord tente de retenir l’inévitable, que soudain le titre s’affiche sur votre écran, sur l’écran d’un smartphone en oreille de lapin. Le message s’écrit à la vitesse d’un enfant qui veut rassurer ses parents, mais qui sait que tout est déjà sur le point de se rompre. Et la petite bulle d’une autre parole qui ne parvient jamais à son interlocuteur clignote tandis que le vide vous creuse. Que reste-t-il à part ses derniers maux d’amour ? C’est la question à laquelle le film vous propose une réponse : des souvenirs qui ne sont pas que des ombres, des instants de joie réels qu’on peut aussi invoquer pour respirer et qui ne font pas qu’hanter les émotions. Qui les rappellent, qui les sacralisent et vous soutiennent. Quoi qu’il arrive, je vous aime vous anéantira, vous êtes prévenu.es. Mais il vous donnera aussi envie que cela n’arrive plus jamais, à quiconque.  


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