Sorti sur la plate-forme prime vidéo en décembre 2024 pour une quinzaine d’épisodes, Secret Level propose une anthologie de court-métrages animés, basés sur les univers de jeux vidéo qui ont marqué leur génération que ce soit en terme de narration ou de gameplay.
Après le succès des formats ou des thèmes présents dans des œuvres comme Love, Death and Robots (créé également par Tim Miller et Dave Wilson notamment) Arcane, Black Mirror et les cinématiques de plus en plus savoureuses des trailers de jeu vidéo (Blizzard ou Riot Games) il y a une volonté plus affirmée de s’atteler à produire de la quantité dans des univers gaming dont le public est vu comme plus fidèle et amical. Cette proposition de plus en plus diversifiée, à l’image de l’industrie du jeu vidéo se fait-elle également au prix de la qualité ?
A l’animation, Plusieurs studios se partagent l’affiche ; le studio français Unit Image (une séquence du long-métrage KingsGlaive), le studio hongrois DIGIC pictures, Illusorium, studio espagnol, mais aussi Platige Image de Pologne dont la réputation n’est plus à faire, les suédois Good Bye Kansas City (trailer de Alan Wake 2), autour d’une production supervisée par Blur Studio. Pour la motion capture c’est Quantic Dream et Rouge Mocap qui portent les principaux services.
Episode 1 – Donjons & Dragons : Le Berceau de la reine
L’histoire est basée sur les œuvres de Wizards of the Coasts Dungeons & Dragons et D&D, écrite par Brooke Bolander, une autrice de fiction dite « spéculative » (rassemblant plusieurs genres de la SF à la Fantasy, souvent sous la casquette du « Et si »), celle-ci partage l’écriture avec KD Davila, autrice passionnée de DnD et Levin Menekse, producteur de films. Animation par Unit Image.
Avis de la rédaction > France : « Un joli rythme, j’ai particulièrement apprécié les ratés de jets de dés incarnés par la gobeline mage Tally » | Nicolas : « Un très beau court handicapé par sa durée, qui le rapproche plus d’une bande annonce cinématique que d’une œuvre contenue. Dommage. »
Episode 2 – Sifu : Le prix d’une vie
Adapté du jeu éponyme, le scénario est le fruit de Rich Larson, auteur à succès de science-fiction. Le style graphique picturale de l’épisode est digne du travail d’Alexey Andreev et a déjà été vu sur Love Death and Robots et aussi sur Valorant. Animation par DIGIC.
Avis de la rédaction > France : « Quel plaisir de voir l’adaptation du gameplay mystérieux de Sifu, créer du lore sur le level up du personnage à chaque fois qu’il vieillit, parfait ! » | Nicolas : « Très bel épisode avec de belles idées de mise en scène, comme le tunnel de verre, et une morale amère. Un court qui donne envie d’essayer le jeu ! »
Épisode 3 – New World : Un roi en devenir
L’épisode avait fait grand bruit car au doublage, on a le plaisir de retrouver Arnold Schwarzenegger ! Rempli d’auto-dérision et de panache dans ce rôle reprenant à la fois les codes de ses anciens succès (Conan le Barbare bien sûr, mais pas que) et l’esprit d’aventure du MMORPG sorti en 2021. Au doublage français, c’est Julien Dutel (Rôle’n’play, Kaamelott, Accel World) qui figure le roi ambitieux et plein de ressources, tel un joueur avide de succès ne renonçant même pas devant la mort répétitive jusqu’à enfin trouver le vrai sens du monde : l’amitié (et la montée en niveau du métier !). On trouve également Laurent Pasquier dans le rôle humble et sensible de Scaevola. Animation par Unit Image (qui semble s’être donné comme mission de faire le personnage principal plus Schwarzie que lui-même !).
Avis de la rédaction > France : « Complètement étrangère au jeu et à son univers, j’ai pour autant bien ri devant le jeu des orgueils et la lassitude du roi, qui sait bien que ce jeu est une multitude de répétition… » | Nicolas : « Comme France, aucune connaissance du jeu, mais la présence de Schwarzenegger dans cette pochade de fantasy en boucle éternelle m’a bien fait rire. Pas au point de m’intéresser au jeu, mais c’est déjà ça. »
Épisode 4 – Unreal Tournament : Xan
Adaptation du jeu de tir en mode arène, l’univers de l’épisode crée un background aux robots qui frôlent la révolution. L’épisode enchaîne les clins d’œils aux armes et aux arènes qui faisaient la joie et la frustration des joueurs ! Animation par Blur Studio.
Avis de la rédaction > France « L’adaptation prend clairement des libertés de scénario face au jeu original, mais qui peut résister à l’empathie qu’on trouve dans les robots rêvant de liberté ? Ma corde sensible héritée de Chappie a bien vibré sur cet épisode. » | Nicolas : « Un peu déçu par la décision de laisser le côté révolutionnaire ouvert dans la narration car c’était l’atout majeur du court, ici un peu sacrifié par la focalisation sur le combat en arène, sympathique mais n’évoquant pas plus que ça les sensation du jeu d’origine. Là encore, dommage. »
Épisode 5 – Warhammer 40K : ils ne connaîtront pas la peur
Une mise en scène du personnage de Titus, protagoniste de cet univers, tandis que le sergent Metaurus est traditionnellement un personnage secondaire. L’épisode use d’une clé de lecture habile pour nous créer une empathie sincère autour de ses soldats sans repos et sans émotions du monde de Warhammer. Animation par Blur Studio
Avis de la rédaction > France : « Un univers qui retranscrit bien l’ambiance Sparte de l’espace, avec un élégant effet de silence sur les impacts et les coups, rendant compte de l’indifférence des soldats » | Nicolas : « Ayant une connaissance assez liminaire de Warhammer, le court fut un bel aperçu de l’univers et de ses personnages, et fait l’effort d’être suffisamment contenu dans sa narration. »
Épisode 6 – Pac-Man : Cycle
Adaptation originale mettant en scène la volonté même d’un « die and retry », plongé dans l’absurdité tragique d’un univers sans fin (avec faim). Emily Swallow (Castlevania) incarne à la perfection cette entité aussi rassurante qu’inquiétante qu’est l’IA… Animation par Illusorium.
Le projet de l’épisode est une coopération montée en lien avec le lancement de Shadow Labyrinth dernier jeu type metroidvania de Bandai NamCo. Le jeu est en production depuis 4 ans et l’épisode a été créé de manière conjointe (source IGN). La sortie de la série du 10 décembre 2024 devient dès lors un super outil de marketing puisque l’annonce du jeu était prévu durant les Game Awards deux jours plus tard, le 12 décembre 2024.
Avis de la rédaction > France « La question que je me pose c’est, est-ce que le coup marketing fonctionnera ? » | Nicolas : « Excellent contrepied de l’univers de Pac Man pour nous proposer quelque chose de bizzaro avec en bonus une direction artistique de Pascal Blanche. Je veux jouer au jeu ! »
Épisode 7 – Crossfire : Les Bons et les Méchants
Une animation aux textures du plus grand effet de réalisme raconte les manœuvres de deux équipes dans une ville déserte devant mener à bien leur mission, autour du rapatriement d’un colis et de son messager. Animation par Platige Image.
Avis de la rédaction > France : « Peu adepte de l’univers, j’ai pour autant apprécié la mise en scène tragique d’un monde en guerre qui n’a pas d’autre enjeu que de récupérer une valise » | Nicolas : « Clairement pas mon type d’univers de prédilection mais le travail de Platige Image (Another Day of Life mais aussi quelques beaux épisodes de Love, Death and Robots) rend l’objet captivant, entre les ambiances de tempête et le réalisme de la lumière) force le respect. »
Épisode 8 – Armored Core : L’homme et la machine
Grand habitué des figurations de jeux vidéos, Keanu Reeves incarne la personnalité malmenée et arrogante d’un ancien A.C. augmenté, qui n’attend que la prochaine mission pour son shoot d’adrénaline. Animation par DIGIC.
Avis de la rédaction > France « Keanu Reeves a officiellement décidé de bosser dans la matrice *rires* ! Et on appréciera la mise en scène délicate qui rappelle que la chair et le métal ne font qu’un » | Nicolas : « Keanu qui dit pleins de gros mots et qui ressemble à un opiomane aux commandes d’un robot géant, qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? L’épisode, comme certains autres, s’achève dès lors ce que ça devient intéressant et c’est bien dommage. »
Épisode 9 – The Outer Worlds : Loin des yeux près du cœur
Dans un univers steampunk délabré, digne de l’imaginaire victorien dystopique, se joue l’histoire d’amour crédule d’un jeune homme prêt à tout, vraiment tout donner pour revoir l’ambitieuse femme de sa vie. Ecrit par Siobhan Carroll, spécialiste de la littérature britannique du XVIIIe et XIXe siècle. A l’interprétation en motion capture : Brencok O’connor (connu pour ses apparitions dans Game of Thrones) et Raffey Cassidy (Dark Shadows, A la poursuite de demain, etc.) interprétant à tout deux une tragédie qui nous laisse de l’aigreur au cœur. Animation et Motion Capture par Goodbye Kansas Studio.
Avis de la rédaction > France « J’apprécie l’ambiance ultra malsaine d’un univers où les maltraitances et les abus des droits humains ne sont qu’une paperasse à gérer car tout corps se répare et s’adapte. La fin de l’épisode a achevé en moi la moindre parcelle d’espoir de l’intégrité du personnage. Réussite ! » | Nicolas « On tient ici l’un des meilleurs épisodes de cette saison. La thématique est bien grinçante, les personnages irrécupérables, le tout baigné dans une atmosphère vielle prenante. C’est ça qu’on veut ! »
Épisode 10 – Mega-Man : Naissance d’un héros
Au sein du labo du Dr. Light, Rock assiste impuissant au piratage des armes de défenses de son créateur. Vaillant et déterminé, il trouvera en lui les ressources d’un vrai héros. Écrit par Jeff Juhasz. Animation par Illusorium.
Avis de la rédaction > France « L’animation est cool, la montée en tension pour faire apparaître la tenue iconique est chouette, mais qu’est-ce que c’est court ! L’invitation à jouer au jeu est trop frustrante ! » | Nicolas « Ce Mega-Man est exactement ce que la série peut être de pire dans l’exploitation d’un univers : personne ne veut d’une origine au personnage, on voulait le voir dans l’action ! Une banale bande annonce cinématique, d’autant plus décevant que la mise en scène et le visuel sont qualitatifs. »
Épisode 11 – Exodus : Odyssée
Mari, jeune femme rêvant d’aventures, quitte son père et le giron familial pour des expéditions mercenaires à travers la galaxie. Inquiet pour sa sécurité, Nik, son père la poursuit à travers l’espace et les temps qui les sépare de plus en plus vite. Un voyage de 11 ans pour lui et de 53 ans pour elle. Entre batailles spatiales et quêtes infructueuses, Exodus nous permet de revivre l’aventure d’un « traveler » et des subtilités scénaristiques. Michael Beach (The Rookie) campe un père jusqu’au-boutiste, qui émeut. L’épisode est écrit par Tim Miller, l’un des créateurs de l’anthologie. Animation par Blur Studio.
Avis de la rédaction > France « Depuis Interstellar, je me retrouve accro aux histoires père-fille, baladés à travers le temps et l’espace. L’animation est un cran au-dessus des autres épisodes en terme de subtilités des émotions dans les mouvements des personnages. » | Nicolas « Un beau moment un brin gâché par la surexplication de principe de dilatation du temps lorsqu’on approche la vitesse de la lumière. La durection artistique de l’univers était aussi un peu trop générique pour les celestials. Les goûts et les couleurs… »
Épisode 12 – Spelunky : Tally
Phénomène du « die and retry » et du « roguelike », Spelunky est un jeu qui avait fait parler de lui en 2008. Le personnage d’Ana date quant à lui de la deuxième édition de 2020. La mise en scène de la performance comme aboutissement ultime du joueur est un hommage à tous les joueurs et joueuses qui se sont vus transformés leurs frustrations en apothéose de la réussite. A l’interprétation de Liz Mutton se trouve une voix légendaire d’ Half-Life 2 ou The Last of us 2 : Merle Dandrige. Et c’est Ariana Greenblatt (Barbie, Ahsoka) qui prête sa voix à Ana Spelunki. Le scénario de l’épisode est issu de l’esprit de Tamsyn Muir, autrice de Nouvelle-Zélande. Animation par Illusorium.
Avis de la rédaction > France « amatrice des compteurs de morts et des piques mortels, je me suis reconnue dans la perte de patience et dans la hargne qui peut gagner nos mains fébriles sur un clavier ou une console » | Nicolas « Cet épisode démontre fort bien le potentiel du rogue like et me laisser songeur quant à ce qu’aurait pu être une série Dead Cells qui respecte cette dynamique. Et en plus ça donne envie de découvrir le jeu malgré la difficulté induite par le métrage, qui abandonné pour une fois l’esthétique gritty pour l’échanger avec un peu de cartoon. »
Épisode 13 – Concord : La Saga de l’Implacable
Concord, quelle drôle d’idée d’adapter un jeu qui n’aura connu que deux semaines d’existence. Le jeu service est connu malheureusement pour être l’un des plus gros flop du jeu vidéo. L’épisode crée un background légendaire au trailer du jeu vidéo. L’épisode prend quelques libertés (changement de genre, déplacement des alliances entre personnages), la plus grande étant de passer d’un jeu service (le FPS en arène) à une aventure spatiale, tel que le trailer l’avait promis. Écrit par Rachael K. Jones, Animation par Axis Studio (un studio écossais, qui aura lui aussi connu la fin d’une aventure…)
Avis de la rédaction > France « L’histoire est réellement divertissante, mais laisse un goût amer au regard de l’histoire de la licence » | Nicolas « Les dernières années de l’industrie de l’animation et du jeu vidéo condensées en un seul épisode : l’histoire au sein d’un univers de jeu prématurément stoppé réalisé par un studio d’animation qui a mis la clé sous la porte. Tant de gâchis pour un jeu service de plus, qui aurait eu du mérite à être un jeu d’aventure spatial à la Star Wars : Outlaws. »
Épisode 14 – Honor of Kings : Ainsi vont les choses
Après la mort de ses parents dans l’effondrement de sa ville, animée par l’esprit d’un dieu mécanique le « TianGonG », Yi Xing confronte l’entité dans un duel de jeu de Go. Au fur et à mesure de l’avancée de ses pions, le héros comprend que tel l’esprit mécanique qui anime la ville, les choix et sa volonté font partie d’un rouage difficile à déplacer. Son destin pourra-t-il se défaire de la fatalité, et des ressorts inéluctables de ses pensées ? Écrit par S. L. Huang. Animation par DIGIC.
Avis de la rédaction > France « Certainement l’un de mes épisodes préférés, que je trouve très réussi esthétiquement parlant, hormis le visage du personnage principal. Tout est très habile et élégant. Surtout pour une adaptation d’un énième jeu mobile chinois. Mais après Arcane, les narratives designers des MOBA n’ont plus à prouver que l’imagination ne s’arrête pas au seul format d’un jeu vidéo » | Nicolas « Un concept d’épisode intéressant gâché par un bavardage quasi incessant entre ses personnages, qui montre les limites entre la durée accordée et une faible exécution qui se contente d’illustrer des dialogues assez poussifs. Dommage. »
Épisode 15 – Playtime : Accomplissement
Alors qu’elle effectue des livraisons sous forme de course contre la montre, O, joueuse déterminée, se retrouve poursuivie par une horde de personnages de jeu-vidéo du monde de Sony. Malgré les conseils de Buddibot, interprété par Kevin Hart, O comprend rapidement que le colis qu’elle transporte est un allié à son imagination, et que ce nouveau partenaire est bien plus émancipateur et créateur que son ancien acolyte… Écrit par Rich Larson. Animation par DIGIC.
Avis de la rédaction > France « Un épisode que j’ai le moins aimé. A trop vouloir surfer sur le fan-service, on se ramasse dans les vagues. Sony essaye de se présenter comme une alternative à l’esprit mercantile du jeu vidéo, mais nous a prouvé par ses actions et ses choix qu’il n’en est pas exempt. Bien tenté, mais ça ne prend pas. » | Nicolas « C’était fort long pour une publicité. Et tenter d’émuler une narration un peu daubée à la Ready Player One est certainement un choix. »