Wendell & Wild, c’est le prochain film en stop-motion d’Henry Selick, produit chez Netflix et mis en musique par Bruno Coulais : leur conversation vue sur le site online du Festival international du film d’animation d’Annecy 2020 était forcément l’occasion de glaner des informations sur cette histoire de démons !
Wendell et Wild deux frères démons s’échappent du monde souterrain et se retrouvent dans une ville où ils doivent échapper à la religieuse Sœur Hellie et à ses deux acolytes , les adolescents gothiques Kat et Raoul, tout en ayant le projet de monter un parc d’attraction.
Burno Coulais a rencontré Henry Selick pour la musique de Coraline. Le musicien a ensuite collaboré avec lui sur The Shadow King, avorté en pleine production par Disney, avant de retrouver le réalisateur américain sur ce nouveau film.
Wendell & Wild, la musique comme fil conducteur
■ Bruno Coulais conçoit la musique en même temps que Selick écrit le scénario avec Keegan-Michael Key, Clay McLeod Chapman et Jordan Peele et il a été ravi que ce dernier soit plus qu’investi au-delà de donner sa voix à un personnage, au point de co-écrire le scénario et de produire le film (via sa structure Monkeypaw). Selick est heureux de collaborer avec le réalisateur de Get Out et Us car le métrage aura une aura politique, bien que celle-ci sera un brin atténuée vu la volonté de toucher un public familial.
■ Bruno Coulais joue durant la conversation un certain nombre de démo musicales des thèmes des personnages : celui des démons, celui de Kat, dont les intonations seront afropunk.. et on apprend que Selick aimerait des choeurs pour un autre personnage, inconnu jusqu’ici et nommé Manberg, un géant, qui rejoint les démons Wendell, Wild, Soeur Ellie, Raoul et Kat.
■ Si Coulais semble extrêmement affligé par l’arrêt de Shadow King, estimé trop effrayant par Disney, Selick semble avoir fait son deuil et imagine la matière déjà existante refaire surface dans un projet futur. On apprend au passage que cinq minutes de Shadow King ont été montrées à Bruno Coulais, et on ne désarme pas de les voir un jour…
■ A propos de la production, deux aspects ont été largement discuté par les deux artistes : le fléau du temp track, qui a le grand désavantage d’appauvrir le style de musique voulu sur un film tout en influençant les demandes du réalisateur et des producteurs, mais aussi le fait que les films d’animation de ces dernières années ne laissent pas assez de temps à des scènes qui leur permettent de respirer. Selon Selick, cette obsession du rythme envers et contre tout amoindrit la portée du film, et on ne peut pas le blâmer de penser une telle chose. Il évoque par ailleurs la série Dead to me pour ce qui est des pauses et du coté naturel des dialogues entre Christina Applegate et Linda Cardellini, un élément qui est pour lui prépondérant dans le rythme et la respiration qu’il désire dans Wendell & Wild.
■ Selick combat le premier aspect en incluant Coulais dès le début de la production, et peut donc monter les animatiques et storyboards avec les musiques du compositeur français, qui les adaptera par la suite aux séquences terminées, avec les nombreuses modifications et suggestions de Selick, qui est lui aussi musicien. Les deux se suggèrent l’un l’autre des instruments de musique, comme par exemple l’emploi du Hang pour trouver de nouvelles sonorités.
■ Du côté de Netflix, Selick est heureux de confirmer ce que l’on a déjà entendu dans la bouches de nombreux artistes, à savoir qu’il lui est laissé beaucoup de liberté pour concevoir Wendell & Wild, et qu’il lui tarde de retourner en studios car la stop-motion, comme on pu le voir dans le work in progress de Interdit aux chiens et aux italiens, et un processus collaboratif qui requiert un présentiel.
En l’état, et vu que Selick continue de réécrire certains morceaux du film, il est difficile d’estimer que Wendell & Wild sera terminé d’ici la fin de l’année, mais celui-ci s’annonce très prometteur !