Annecy 2023 – Ce que l’on a appris sur « Le Seigneur des Anneaux : La guerre des Rohirrim »


La grande salle de Bonlieu était pleine à craquer pour le panel Le Seigneur des Anneaux : La guerre des Rohirrim où Jason DeMarco (Vice président Action & Anime chez Warner Discovery), Philippa Boyens (co-scénariste de la trilogie originale, et ici productrice), Kenji Kamiyama (Ghost in the Shell : Stand Alone Complex) et Joseph Chou ont échangé sur la genèse de ce film aux ambitions colossales : prendre place dans un univers très connu du public grâce à deux trilogies mais aussi être un authentique anime de qualité.

Pas d’anneau unique ou de Sauron ici, mais des enjeux plus contenus autour du royaume du Rohan, dont l’histoire a été évoquée par J.R.R. Tolkien dans l’appendice A du Seigneur des anneaux. L’intrigue se déroule sous le règne de Helm Main-Marteau (interprété par Brian Cox, qui a été choisi pour son interprétation dans la pièce Titus Andronicus), le roi du Rohan qui a construit la forteresse du célèbre Gouffre de Helm, vue dans le climax du Seigneur des Anneaux : Les Deux Tours.

Les retombées de la guerre

L’équipe n’a pas hésité à donner des détails sur l’intrigue et à évoquer le registre de la tragédie : tout est dans les textes, après tout. Boyens a qualifié la Guerre des Rohirrim d’histoire sur « le naufrage de la guerre ». Elle a également évoqué la structure très inhabituelle du film, dans lequelle « l’une des plus grandes batailles se déroule à la fin du premier acte… et ensuite, où va-t-on ? ». La réponse a été apportée par Kenji Kamiyama, puisqu’on passe à une histoire de deuil et de chagrin dans laquelle surviennent des fantômes.

Philippa Boyens a également expliqué pourquoi elle ne s’était pas attelé au scénario de La guerre des Rohirrim : « Je me suis trouvée trop vieille pour l’exercice, et j’ai préféré que des voix plus jeunes s’occupent de ça. C’est pourquoi j’ai fait appel à Phoebe Gittins et Arty Papageorgiou pour s’occuper de cet animé, qui est un élément qui fait plus partie intégrante de leur vie que de la mienne. D’ailleurs, mon plus jeune enfant ne regarde que ça. »

Un personnage inconnu comme narratrice

La guerre des Rohirrim sera vue à travers les yeux d’un personnage en grande partie inconnu : Si Helm Main-Marteau, le créateur de la forteresse du Gouffre de Helm, est bien connu des aficionados du Seigneur des Anneaux, la protagoniste de ce film l’est bien moins puisqu’elle n’était jusqu’à présent qu’appelée « fille de Helm » dans les Appendices du livre.

L’une des raisons pour laquelle Héra a été choisie est simple : « Tous les autres personnages meurent… Mais ce n’est pas un spoiler ! » a annoncé Boyens en riant . Mais aussi parce qu’ils ont estimé qu’Héra (interprétée par Gaia Wise) était un personnage plus intéressant à suivre dans la culture guerrière féodale et patriarcale du Rohan, et que son existence vague dans le texte permettait de l’aménager pour en faire une représentation sortant du cliché de la princesse guerrière standard.

Elle est donc issue des propres influences de Tolkien pour le Rohan, évoquant le début de la période anglo-saxonne et Héra elle-même s’inspire d’Æthelflæd, dame des Merciens, figure issue de l’histoire de l’Angleterre d’avant l’an mil.

D’autres personnages, tels que Wulf, antagoniste principal dont le look de beau gosse tranche avec ses actes horribles, ce qui a fait préciser de la part de Joseph Chou : « Les membres féminines de l’équipe ont insisté. S’il est cruel et commet des atrocités, autant qu’il soit beau ! » Wulf, comme d’autres personnages, possède un character design qui rappelle surtout la récente série Castlevania, tandis que le naturalisme des décors évoques quant à lui ce qui a pu être fait sur Vinland Saga.

Faire le lien avec la trilogie

Le film reviendra sur plusieurs lieux familiers de la trilogie de Peter Jackson, comme L’Isengard et la fameuse tour d’Orthanc. L’action se déroulant environ 260 ans auparavant, l’équipe a dû trouver un moyen de créer une cohérence visuelle avec la série de films tout en réinterpretant l’aspect visuel de ces lieux.

Pour ce faire, ils ont consulté Wētā Workshop et Richard Taylor, en tirant de leurs archives tout ce qui pouvait être utile, et aussi en consultant le production designer David Falconer. John Howe et Alan Lee, illustrateurs incontournables de cet univers, travaillent également sur le design conceptuel du film.

Le cheval, c’est pas leur dada

Les chevaux ont été l’un des plus grands défis de l’équipe en matière d’animation : Les Rohirrim sont les seigneurs des chevaux, ce qui implique de nombreux, très nombreux chevaux que l’équipe d’animation doit dessiner. « Et le simple fait d’en dessiner déjà un seul est… » Joseph Chou ne finira pas sa phrase, chacun sachant la difficulté d’animer un tel animal.

Pour remédier à cela, l’équipe d’animation a été envoyée dans une écurie pour « filmer, vivre avec et avoir peur des chevaux » avant d’utiliser l’animation en images de synthèse comme relais pour les références, ainsi que l’usage du Unreal Engine pour simuler des séquences et expérimenter différents angles de caméra, avant de finalement passer à l’animation dessinée à la main pour le résultat final.

Des méthodes similaires ont été utilisées pour les personnages humains, en combinant des modèles en images de synthèse, des références en prise de vue réelle et des simulations en temps réel pour que les animateurs puissent les interpréter, sans toutefois faire du rotoscope, un aspect lourdement souligné, sans doute pour se démarquer de l’adaptation de Ralph Bakshi.

Deux extraits sinon rien

Deux brefs clips nous ont été montré, mélangeant de l’animation à différents stades, depuis le plan terminé jusqu’à l’animatique constituée d’images de synthèse, montrant bien le mélange de technologies oeuvrant de concert. Le premier extrait semble être la première séquence du film et débute en émulant l’introduction de La Comuneauté de l’Anneau : un survol de la carte de la Terre du milieu accompagné d’une voix off puis une successions de travelling sur les paysages du Rohan, avant de descendre au niveau de Hera chevauchant à vive allure avant de s’arrêter pour nourrir des aigles géants.

La deuxième séquence était plus brève, et mettait en scène Hera avec un jeune sujet qui se posait la question d’un sceau qui ne lui était pas familier dans le hall du palais d’Edoras : celui des damoiselles protectrices du Rohan. On retrouve ici aussi le mélange des techniques pour soutenir le travail d’animation des personnages.

Enfin, nous avons eu droit à un clip de trente secondes d’images très rapides de combats violents, de blessures, de démembrements et d’action… et de chevaux !

Le Seigneur des Anneaux : La guerre des Rohirrim est actuellement en cours de production et devrait sortir au cinéma le 12 avril 2024 aux USA. Aucune date n’est encore confirmée en France.


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