Après avoir été pitché l’an dernier en concept au Cartoon Movie, l’adaptation animée de Séraphine a trouvé sa voix créative par le choix d’une animation en stop motion et une mise en scène confiée à Sarah Van Den Boom (Raymonde et l’évasion verticale).
Paris, Montmartre, 1883. Séraphine, 12 ans, quitte une vie monotone avec Jeanne, la couturière grincheuse qui l’a élevée. Elle est obsédée par la recherche de l’identité de ses parents. Flanquée de Mistigri, un enfant des rues qu’elle prend sous son aile, Séraphine remonte le secret de ses origines et le trouve dans les combats menés par les habitants de Montmartre.
L’autrice Marie Desplechin est familière avec l’autoadaptation de ses œuvres jeunesses sous différents formats, avec entre autres Verte, projet de série en développement chez Folimage. Il sera intéressant d’observer comment l’écriture de base du roman Séraphine, très portée sur ses personnages hauts en couleur va pouvoir évoluer vers le dynamisme et les enjeux qui sont ceux d’un long-métrage.
Séraphine, jeune adolescente, va partir en quête de son identité grâce aux différentes personnalité de la Butte : sa tante prostituée Lolotte, les cafetiers Marthe et Eugène, le garçon des rue Mistigri et l’artiste Raoul. La recherche de son père va l’amener à revenir sur les douloureuses heures de la Commune (ayant eu lieu de mars à mai 1871) et ses conséquences sur la population de la Butte.
Le roman jeunesse de Marie Desplechin dépeint une héroïne en proie avec ses complexes physiques et sociaux mais également armée d’une franchise et d’une détermination à toute épreuve. L’univers de la Butte est bercé de croyances populaires personnifiées par la présence de Sainte Rita qui, avec son arbre à souhaits agrémenté de morceaux de tissus apporte une poésie fêlée à la narration. Cet entourage va grandir autour de Séraphine, la guidant vers une émancipation légitime.
La technique de stop motion développée pour ce projet se tourne vers une hybridation des techniques, et la mise en place de modélisations numériques pour étendre les décors et représenter la construction en cours du Sacré Cœur. Ce choix va permettre d’utiliser des mouvements de caméras plus amples dans la découverte et la spatialisation de la Butte. Cette incursion de la 3D servira aussi le sens du détail d’éléments difficiles à animer, notamment dans la création du rat que l’on voit dans la bande annonce. Cette ambition porte les studios de production français vers une envergure visuelle semblables aux internationaux que sont Aardman et Laika, déjà familiers de l’utilisation de la 3D dans leurs différents longs métrages depuis plus d’une décennie.
Ce mélange permet de garder la sensibilité et la texture de la stop motion tout en ouvrant les possibilités d’une mise en scène plus libre pour Sarah Van Den Boom dont ce sera le premier long-métrage, une perspective enthousiasmante après son dernier excellent court-métrage.
Ce projet ambitieux de long métrage en cours de développement, porté actuellement par Valérie Montmartin (Little Big Story), Jean François Bigot (JPL Films) et Marc Rius (Tu Nous Za Pas Vus) est budgété dans les 6 millions d’euros et est en recherche de partenariats de production.