Critique – Bamse au Pays des Voleurs


Après Ferda la fourmi, Malavida sort en salles Bamse au Pays des voleurs. L’ours le plus puissant du monde, né sous la plume de Rune Andréasson en 1966 est ici adapté en long-métrage par Christian Reytinius.

Bamse est l’ours le plus fort du monde grâce au « miel du tonnerre » concocté par sa grand-mère. Il lui procure une force incroyable ! Il est aussi très gentil : il protège et aide tous ceux qui sont en danger ou malheureux, et tout le monde l’aime dans son village. Mais quelqu’un de mystérieux lui en veut et kidnappe sa grand-mère. Bamse va devoir braver les dangers de la forêt des Trolls pour la délivrer des griffes des méchants… Heureusement qu’il est accompagné par la petite Marianne qui n’a pas froid aux yeux !

Bamse, créé dans les années 60, est un personnage populaire suédois qui a connu de nombreuses itérations, depuis la bande dessinée à la série télévisée et possède même un parc à thème à son effigie, on peut donc le rapprocher de notre Astérix local de par son développement sur de multiples supports. Cette adaptation en long métrage va permettre d’explorer l’ourson avec un regard différent ou de le découvrir pour les plus néophytes dont je fais partie.

Arrête ou ma grand-mère va tirer !

Le lien fort entre Bamse et sa grand-mère n’échappe à personne, et surtout pas à Reinard Fox qui monte de toute pièces son kidnapping en vue d’acquérir un plus grand pouvoir sans les responsabilités, bien sûr. Déjà que le plan de Reinard comporte beaucoup d’aller-retour inutiles entre la planque des voleurs et le village, il se trouve que Carapace a en sa possession un télescope magique qui permet de retrouver n’importe qui en suffisant de lui indiquer. Cet élément se révèle être un tueur de suspens et d’aventures pour Bamse et ses amis, ce qui est dommageable sur la narration à long terme. Et par dessus le marché, le sens du mot planque en prend un sacré coup. Cette mauvaise tournure narrative dessert aussi bien Bamse que sa Grand-Mère. On sait que Grand Mère sait faire un bon miel (à consommer avec modération) et qu’elle ne se laisse pas marcher sur les pieds par les voleurs, c’est peu mais c’est à l’image des différentes relations entre les personnages tout au long du film.

La loi c’est lui

Lors de la mise en place de ce décor champêtre, on apprend que les anciens voleurs Pillard et Filou se sont reconverti en moniteurs d’auto-école et les pirates ont trouvé leur voie dans le jardinage. On nous vante le village parfait où règne le pouvoir de l’amitié, seulement à chaque évocation du passé des voleurs on voit surtout comment Bamse et son miel du tonnerre les ont battu et sermonné à chaque flagrant délit. Il manque clairement du lien social entre Bamse et les voleurs repentis pour croire à une possible chaleur humaine dans ce petit village. On note que l’ensemble de l’empathie est concentrée sur le personnage de loup noir, ce qui reste léger… On a parlé de sa relation avec les voleurs, mais même avec ses amis Bamse est problématique. Il agit telle « la police des anniversaires » en insistant pour fêter celui de Carapace,  son vieil ami tortue qui s’en bat royalement les écailles. Avec un ami comme Bamse, vous n’avez plus besoin d’ennemi.

Bamse : L’héritage

Cette construction un peu trop linéaire du personnage de Bamse est heureusement contrebalancée par l’introduction de sa fille Marianne qui va tout mettre en œuvre pour aider son père dans l’extraction de sa grand-mère des mains des voleurs. Passé la surprise du fait que Bamse soit papa de quatre enfant (avec sa bouille d’ourson, ce n’était pas flagrant de prime abord), on la découvre ingénieuse et volontaire tout le long de son aventure dans la très redoutée forêt des trolls. Elle se sort admirablement bien de ses péripéties et n’est jamais ramené à sa condition de fille, même par les voleurs. La présentation du personnage de Marianne dans ce film semble être un moyen pour faire vivre l’héritage de Bamse avec un regard plus moderne et actuel. On ne peut que souhaiter de belles aventures animées et en bande dessinées à Marianne !

Ours suédois animé en Asie du Sud Est

L’univers de Bamse évoque à la fois les nombreux films Astérix et aussi les Schtroumpfs dans son approche de l’animation traditionnelle avec ses personnages aux couleurs vives et au graphisme tendant vers la ligne claire, eux-mêmes accompagnés de décors naturels riches en détails. Cette saveur old-school nous est fournie par le BV Animation Studio, situé à Taipei et qui s’est entre autres occupé de Charlie mon héros de Don Bluth. Cette délocalisation de l’animation de la Suède vers Taïwan est d’autant plus importante qu’elle est sur le déclin, comme l’avait souligné Nicolas au moment de la sortie d’Happiness Road. Bamse au Pays des voleurs souffre de vouloir surcharger sa narration et ses personnages, quelque part entre une synthèse des aventures de cet ours emblématique et une approche plus moderne portée par sa fille Marianne. On passe à côté de la substance du héros et de son univers qui pourtant semble vaste mais il se peut toutefois que la saveur des cartoons d’antan, désormais rares sur les écrans de cinéma, vous fasse le même effet que le fameux miel du tonnerre. https://vimeo.com/267220376



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