Critique – Chats par-ci, chats par-là


On peut toujours compter sur Les films du Nord, société d’Arnaud Demuynck, pour assembler des anthologies de courts métrages qui valent le détour. Après plusieurs programmes de La Chouette du cinéma et plus récemment Loups tendres et loufoques, c’est avec la complicité de Fabrice Luang-Vija (récompensé en 2017 aux Césars pour le court-métrage Celui qui a deux âmes) que nous est proposé Chats par-ci, chats par-là, distribué en salles à partir de ce mercredi par Gebeka.

Le Tigre et son maître, de Fabrice Luang-Vija – 9 min 14

Dans une jungle luxuriante d’Extrême-Orient, un tigre est fort embarrassé : pataud et maladroit, il est incapable de chasser et d’attraper ses proies. jusqu’à ce qu’il rencontre un chat, habile prédateur, qui va lui enseigner l’art de la chasse…

Jolie fable à la morale inattendue et au graphisme naïf, Le Tigre et son maître remet en perspective le principe de l’apprentissage, ici lourdement motivé par la malice féline et ce tigre pataud qui se retrouve dindon de la farce. La patte graphique de Flora Taverner fait merveille sur le récit, et le découpage est impeccable : un vrai livre d’images animées qui se déploie sous nos yeux , bien appuyé par le doublage des deux félins.

La Pêche miraculeuse, de Fabrice Luang-Vija – 7 min

Sur une mer calme, un homme est dans sa barque, avec son chat. Il pêche tranquillement, une canne à la main. Il attrape un premier poisson… q’il donne à son chat implorant et affamé. Très vite, les touches et les prises vont se succéder, de plus en plus farfelues. Elles échapperont aussitôt au pauvre homme, selon une logique surréaliste et implacable…

Si le court précédent donnait cette impression d’un livre d’image animé, c’est ici le strip avec un chara design évoquant l’iconique Fido Dido qui est plus évoqué dans cette pèche miraculeuse avec son graphisme réduit aux traits les plus simples et son absence de dialogues. Animé par Émilie Pigeard et Fabrice Luang-Vija, le récit accumule les opportunité pour aboutir à une morale que je ne vous révélerai pas car elle fait tout le sel de ces 7 minutes agréablement passées.

La Poule, le chat et autres bestioles, de Fabrice Luang-Vija – 27 min 40

Du côté de la ferme, le Chat, la Poule et ses poussins font plutôt bon ménage. Mais une nuit, le Loup surgit et kidnappe la Poule. Commence alors une aventure épique et délirante pour le Chat et les poussins qui partent à son secours…

Véritable saga qui ne semble jamais prendre fin, La Poule, le chat et autres bestioles est un objet en soi, une histoire à raconter le soir aux enfants qui doivent aller se coucher, mais qui rencontrerait toujours une paire d’yeux tout à fait éveillée réclamant la suite. Ulrich Totier (Us) s’occupe ici du character design et le storyboard est évidemment partagé entre ce dernier, Fabrice Luang-Vija et Vincent Bierrewaerts. Flora Taverner fait à nouveau merveille sur les décors de ce court sans fin qui rappelle que la notion même de péripéties doit être utilisée de manière parcimonieuse.

Bamboule, d’Emilie Pigeard – 7 min

À la suite d’une opération chez le vétérinaire, une jeune chatte commence à prendre du poids… beaucoup de poids… Elle que l’on appelait « Bambou », devenait de plus en plus « Bouboule ». Puis un jour, on l’a surnommée « Bamboule » !

Emilie Pigeard termine cette anthologie féline avec fracas grâce à Bamboule, récit autobiographique et forcément subjectif d’une chatte trop grosse pour son propre bien. Le trait de l’artiste et le rythme effréné du métrage, accompagné de son trait vif et faussement enfantin font merveille pour accompagné le récit échevelé du personnage titre. Assisté par la musique de Jean-Marc Fort, Bamboule mérite toutes les sélections qu’il a reçu. Ajoutez à ces courts-métrages des interstitiels semblant sorti d’un kaléidoscope et d’un générique de James Bond et vous obtenez l’intégralité de l’anthologie Chats par-ci, chats par-là, sorti ce mercredi et vivement conseillée pour les familles aux jeunes enfants.



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