Critique – Goodbye


Premier long-métrage écrit et réalisé par Atsuko Ishizuka, routarde de l’industrie s’étant récemment distinguée avec la mise en scène de la série A Place Further than the Universe, Goodbye (ou en version originale Goodbye, DonGlees !) est un récit initiatique qui s’avère touchant et assez moderne.

Roma est un jeune garçon qui vit à la campagne. Avec son ami d’enfance Toto ils se font appeler les « Donglees » et ils organisent un petit spectacle de feu d’artifice tous les étés. A l’issue de sa première année de lycée, Toto revient de Tokyo où il étudie. Un nouveau venu, Drop, se joint aux DonGlees pour filmer avec son drone le spectacle vu du ciel. Mais cette fois-ci, rien ne va, les feux d’artifices ne fonctionnent pas et le drone est emporté par le vent. Au même moment, un feu de forêt se déclenche pour une cause indéterminée. La toile s’affole et blâme les DonGlees. Doma, Toto et Drop partent à la recherche du drone pour prouver leur innocence.

La première impression qui émerge lors de la vison de Goodbye, ce sont les références transversales à un genre de cinéma déjà très arpenté par le cinéma en live action occidental. On pense à Stand by Me, à Into the Wild mais aussi (et pour rester dans le domaine de l’animation) au plus récent 7 Jours de Yuta Murano, adaptation de Seven Days War, notamment dans sa capacité à rester près de ses personnages et à développer une approche très sensible du comportement de ces trois jeunes hommes.

Ishizuka ne cache pas le tragique de la situation finale et sème tranquillement les indices au fur et à mesure de l’intrigue, et ce sont les deux protagonistes que sont Toto et Roma qui feront les frais de cette ironie dramatique de plus en plus pressante, dont le final circulaire dit miraculeux étonne par sa logique : point d’éléments surnaturels pour justifier cette rencontre entre Toto, Roma et Drop, seulement la bêtise de l’adolescence et une envie de vivre du mieux possible le temps qui reste.

Rythmé par des séquences musicales tantôt hilarantes, tantôt touchantes, Goodbye profite de l’expérience du studio Madhouse avec des décors époustouflants : la majesté de la nature japonaise, puis islandaise est ici rendue dans un scope tout à fait appréciable, plein de verticalité, qui rappelle en filigrane l’importance pour notre trio du médium photographique. Un effet rendant les personnages, dont le character design simple mais pas simpliste signé Yoshimatsu Takahiro provoque d’autant plus de décalage avec ces espaces qui parfois les écrasent, parfois les propulsent vers le but de leur aventure.

Pour un premier long-métrage, la réalisatrice ne se ménage pas en facilité car Goodbye est un film aux nombreux micro-enjeux qui s’accumulent et trouvent leur résolution en cours de route sans jamais perdre ses protagonistes adolescents de vue, privilégiant leurs réactions tantôt brillantes, tantôt stupides quant aux situations rencontrées.

En tant que spectateur, il y a forcément cette distance qui existe dès le début avec ce trio qui prend des risques inconsidérés mais Ishizuka sait quelle ficelle tirer pour les rapprocher de nous et partager cette énergie juvénile qui traverse le film. La réalisatrice rejoint ses pairs dans sa manière de mettre en scène certains tropes vus dans l’animation japonaise cette dernière décennie, depuis l’action dans une petite ville reculée mais pousse plus loin via une ouverture vers un monde plus grand qui, pour une fois, dépasse le Japon même pour aller vers une substance plus internationale.

Goodbye partage également avec 7 jours ce goût pour une animation au service de la mise en scène : il y a certes de beaux moments d’animation par studio Madhouse mais celle-ci reste un moyen et non un but pour raconter l’histoire mise en scène, un élément non négligeable de plus en plus exploité et très adapté à ce type d’histoires.

C’est donc avec entrain que je vous convie à aller voir Goodbye, qui sort le 18 janvier via Eurozoom.


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