Critique – Gudetama : une aventure œuforique


Depuis le 13 décembre, Gudetama : une aventure œuforique, showrunnée par Motonori Sakakibara, est disponible sur Netflix :

L’œuf paresseux Gudetama se lance malgré lui dans une aventure incroyable au côté de Shakipiyo, un jeune poussin bien décidé à retrouver leur mère.

Il s’agit de la seconde fois que Netflix s’implique dans l’adaptation de mascottes Sanrio : preuve en est la longévité d’Aggretsuko, tandis que d’autres adaptations comme celle de la firme San-X ont su nous régaler avec les deux saisons de Rilakkuma et Kaoru, qui faisaient preuve d’une grande maturité en raison de leur public cible jeunesse.

La mascotte Gudetama a été créée en 2013 par la designeuse Emi Nagashima, dite AMY, au sein de l’entreprise emblématique Sanrio (Hello Kitty). Le concept de Gudetama s’incarne dans la forme d’un œuf au plat ayant la jauge minimum de motivation et d’entrain dans sa vie. Lors de l’annonce de la série en partenariat avec Netflix, on pouvait s’interroger sur la difficulté d’amener de l’enjeu avec ce personnage certes charismatique mais en substance si passif. En terme d’une équivalence occidentale, on peut rapprocher Gudetama de Garfield dans son peu d’entrain face au monde, une référence pouvant vous encourager à vous y intéresser, si ce n’est pas déjà le cas. 

Qui de l’œuf ou de la poule ?

Pour palier à la mollesse protéinée de notre œuf, la série l’a accompagné de Shakipiyo, un poussin volontaire généreux en « Piou » lancés en rafale. Les deux se retrouvent lancés dans une quête maternelle des plus épique. Cette aventure est le véritable moteur de la série, propulsé par une dynamique simple et efficace qui pousse Gudetama à sortir de sa coquille. Avec un format d’une dizaine de minutes par épisode, aucune blague gustative n’est épargnée à Gudetama qui doit face à des considérations existentielles, de la pourriture à la mort incarnée par l’inévitable ingestion par un humain.

Motivé par son unique quête de sauce soja, l’œuf lascif se confronte à des versions de lui-même plus ou moins dures, mollets ou omelettes. Ces échanges agitent un compte rebours face à la pourriture, déchéance fatale sur le chemin d’un possible dégustation finale. Dans cette série mix-media, le binôme croise le chemin de différents protagonistes humains qui, de manière inconsciente ou pas, ont besoin d’une mise au point sur leurs existences. Gudetama apparaît chez des personnalités de différentes classes sociales : depuis un premier ministre, en passant par une assistante de production télévisuelle, un restaurateur, et même un enfant.

L’incursion de Gudetama se fait avec un humour à la fois absurde et juste, touchant aux conditions parfois difficiles dans lesquelles on peut se mettre volontairement, par ambition ou simplement par pression sociale. La réussite de cette mascotte répond à l’expression plus vocale et saine de mener une existence sereine en s’éloignant des diktats sociétaux, aussi bien au niveau japonais que mondial.

Revenons un moment sur le format, mélange de live action et d’animation 3D pour les œufs, le poussin et les poules de la ferme. Appuyés par une photographie naturaliste, les textures de la nourriture s’intègrent efficacement dans des décors quotidiens classiques de la sitcom, tandis que la volaille possède une allure rondouillarde et comique rappelant la vibe Aardman, en lien avec une version plus idéalisée de la campagne japonaise.

Si la fin d’année dernière vous a épuisé, si ce début d’année vous tape déjà sur le système, Gudetama : une aventure œuforique vous déculpabilisera sur vos résolutions et vous permettra d’apprécier les choses simples à portée de mains. Je vous invite donc à laisser une chance à Gudetama de rentrer de votre vie.



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