Vous vous souvenez de la chanson de Macklemore où il se comparait au cousin moche de Brad Pitt ? Et bien, on peut faire la même remarque avec Pokémon Détective Pikachu et Qui veut la peau de Roger Rabbit, sauf que ce bon Pikachu n’est pas le cousin moche de Roger, mais c’est son cousin quand même. Ça va, vous avez suivi la généalogie du mix média ? Alors, c’est parti !
Après la disparition mystérieuse de Harry Goodman, un détective privé, son fils Tim va tenter de découvrir ce qui s’est passé. Le détective Pikachu, ancien partenaire de Harry, participe alors à l’enquête : un super-détective adorable à la sagacité hilarante, qui en laisse plus d’un perplexe, dont lui-même. Constatant qu’ils sont particulièrement bien assortis, Tim et Pikachu unissent leurs forces dans une aventure palpitante pour résoudre cet insondable mystère. À la recherche d’indices dans les rues peuplées de néons de la ville de Ryme – métropole moderne et tentaculaire où humains et Pokémon vivent côte à côte dans un monde en live-action très réaliste –, ils rencontrent plusieurs personnages Pokémon et découvrent alors un complot choquant qui pourrait bien détruire cette coexistence pacifique et menacer l’ensemble de leur univers.
Contrairement au jeu dont il est lointainement adapté, l’univers du film Détective Pikachu se développe dans une ambiance Néon pour le côté eighties et Noir pour ses lieux (les bars, les docks, les mimes, oui on est dans un film tout public), ses personnages comme le commissaire Yoshida (Ken Watanabe) accompagné de son pokémon grincheux Snubbull. La relation amour-haine de partenaire d’enquête entre Détective Pikachu et Tim n’est pas sans rappeler celle tumultueuse entre Eddie Valiant et son lapin cinglé. Ces différents tropes constituent le principal lien de parenté avec Qui veut le peau de Roger Rabbit, tandis que celui de la femme fatale évolue vers celui de Lucy (Kathryn Newton), la journaliste stagiaire à fond dans sa recherche de scoop, ce qui est agréablement plus moderne et bienvenu. L’enquête et la quête de paternité de Tim, justement interprété par Justice Smith, sont bien tenues tout au long de l’intrigue, permettant ainsi de s’impliquer dans l’histoire personnelle du héros. Son parcours émotionnel n’est jamais exploré avec cynisme mais se trouve développé avec sincérité, naviguant ainsi entre ses doutes et ses certitudes sur ce qu’il connaissait de son père, tout en limitant les flash-backs à la portion congrue, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Le film arrive à donner de la consistance à ses personnages et à son univers en s’appuyant sur cette recette classique néon noir et on arrive à croire dans cette coexistence entre humains et Pokémon. Cependant le principal antagoniste perd en substance dans le dernier tiers de l’intrigue car il s’appuie sur un désir machiavélique finalement plus égocentrique que sociétal, ce qu’avait Le Juge de Mort dans son envie de transformer le Los Angeles de 1947 dans une course au progrès frénétique, là ou Pokémon Détective Pikachu suit un chemin inverse avec sa ville utopique. L’intégration de l’imposant univers Pokémon dans le cadre de Ryme City créée par le mécène Howard Clifford (Bill Nighy) est au moins aussi soufflante que les toons à Los Angeles car la photographie prend en compte les différents aspects des créatures dans le cadre d’ambiances nocturnes et même de ciel couvert typique des environnements urbains. Basé sur le travail de design de RJ Palmer, il a fallu pas moins de six studios d’effets spéciaux pour réussir à intégrer les pokémon animés et texturés de façon réaliste. On retrouve ILM au concept design et développement, Framestore et MPC, Lidar Guys au scanning 3D, Rodeo FX aux effets visuels et Proof à la prévisualisation. Ce nombre impressionnant d’équipes explique l’on croit aussi aisément à cet univers, rien n’a été laissé au hasard. Suspension de crédulité atteinte !
La musique composée par Henry Jackman aussi connu pour son travail sur Les Mondes de Ralph et Ralph 2.0 arrive à trouver un équilibre très agréable entre mélodies synthétiques et orchestre symphonique ce qui infuse ce qu’il faut d’ambiance eighties. Par ailleurs, elle ne se fait pas dévorer par le mixage sonore très au niveau. Les tests ADN le prouvent (met ses lunettes de soleil sur de la musique stylée) : Détective Pikachu se révèle bien être le cousin fun et plutôt beau gosse de Roger Rabbit, même si le principal antagoniste est malgré tout un peu faible par rapport au reste du film. On ressort de la séance avec un sentiment de satisfaction et l’envie d’y retourner, pour cette fois le voir cette fois en version originale. Avec son classicisme néon noir, Pokémon Détective Pikachu peut toucher le plus grand nombre, et possède suffisamment de passages vulgarisés pour que même les néophytes de la franchise puissent y trouver leur compte.