Après deux longs métrages plus centrés sur l’aventure fantastique, Laika infléchit sa course avec Monsieur Link, la nouvelle réalisation de Chris Butler, déjà derrière l’excellent Étrange pouvoir de Norman. Egalement au rayon des changements, les distributeurs américain et français du film, puisqu’Annapurna remplace Focus Features aux USA, tandis qu’ici Universal France cède sa place à Metropolitan FilmExport, à notre plus grande joie lorsqu’on se souvient de l’épouvantable promotion dont avait pâti Kubo et l’armure magique.
Monsieur Link est une créature surprenante, étonnamment intelligente et surtout incroyablement attachante. Dernier vestige de l’évolution humaine et unique représentant de son espèce, Monsieur Link se sent seul… Pour l’aider à retrouver ses parents éloignés, il approche l’explorateur Sir Lionel Frost, le plus grand spécialiste des mystères et des mythes. Accompagnés par l’aventurière Adelina Fortnight qui possède l’unique carte qui leur permettra d’atteindre leur destination secrète, ils se lancent dans une odyssée à travers le monde.
C’est donc sur les terres de la comédie d’action que Laika s’aventure avec ce nouveau film, un genre plutôt occupé ces dernières années par leurs confrères d’Aardman. Les méthodes de fabrication du studio de Portland sont donc allées de pair avec l’extension du studio à Portland, dans l’Oregon, pour satisfaire les besoins de production grandissant de la firme de Travis Knight. On retrouve ici le principe de l’impression 3D pour les visages des personnages, une poursuite de la technique des poils sous formes de plumes sur le corps de Suzanne, déjà initiée sur le personnage de Singe dans Kubo et l’armure magique, mais également plus de CGI qu’avant pour ouvrir les plateaux et diversifier les décors que traversent les personnages, d’autant plus dans le cas de ce Monsieur Link, qui raconte un tour du monde. Chris Butler abonde dans ce sens :
« Dans certains domaines, Monsieur Link est le film le plus commercial que nous ayons fait, ce qui a commencé avec une phrase que j’ai prononcé « je veux un Indiana Jones stop-motion. Je voulais aussi une époque victorienne, je suis obsédé par cette époque, en particulier Sherlock Holmes. Vous pouvez facilement résumer mon enfance avec les deux films que j’ai réalisé : L’étrange pouvoir de Norman et Monsieur Link. On avait des zombies dans L’étrange pouvoir de Norman et le reste de mes obsessions sont dans ce nouveau film : des monstres, Sherlock Holmes, Indiana Jones, l’ère victorienne… le tout contenu dans un seul film.”
Butler voudrait écarter la stop-motion des thématiques plus sombres à laquelle elle est généralement associée par le grand public.
“Les gens voient ça comme quelque chose d’un peu effrayant, et j’ai voulu faire sortir la technique de l’ombre avec ce film. je ne voulais pas encore d’un film qui se passe durant Halloween ou une histoire de fantômes. Il y a plus dans la stop motion que Ladislas Darevich, Jan Svankmajer et Tim Burton, alors que je les adore. Travis Knight a toujours dit que nous devions être capable de raconter n’importe quelle histoire en stop-motion. C’est pourquoi j’ai voulu faire cette histoire, complètement à l’opposé de nos précédents films.”
Du coté du doublage français, c’est toujours un peu la loterie pour les films Laika, l’adaptation française des Boxtrolls fut brillante, celle de Kubo bien moins, et c’est ici une bonne idée de casting d’avoir pris pour le duo de personnages principaux Thierry Lhermitte et Eric Judor en lieu et place de Hugh jackman et Zach Galifianakis, dont l’alchimie dans la bande annonce en version originale n’est pas aussi évidente qu’avec ces deux comédiens sur les dernières vidéos de Metropolitan FilmExport. Monsieur Link sort dans les salles françaises le 17 avril.