Les ambitions et enjeux de « Spider-man : Across the Spider-Verse »


Ce n’était pas un mystère : au bout des deux heures vingt minutes de Spider-man : Across the Spider-Verse s’est affiché un « To be continued » bien frustrant, pourtant contrebalancé par le fait que nous sachions, au moins pour une partie des gens présents dans la salle, que le film de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson était coupé en deux, et que Across the Spider-Verse Partie 2 était devenu depuis Beyond the Spider-Verse, à sortir en salle en Mars 2024. D’où la question : est-il vraiment nécessaire de faire la critique d’une moitié de film ?

Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d’en protéger l’existence. Mais lorsque les héros s’opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, Miles se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu’il aime le plus.

Tout comme Retour vers le futur 2 ou Matrix Reloaded avant lui, Spider-man : Across the Spider-Verse est difficile à juger comme un objet solitaire. Entre une réintroduction à l’univers du Spider-verse bien différente du tambour battant de New Generation, ce nouveau film se propulse sur un timing bien différent, qui se cristallise au fur et à mesure du visionnage : de nombreux spectateurices vous opposeront cette dolence ressentie et l’étirement de certaines séquences intimes comme un défaut, surtout en regard du rythme du premier film. Cette réclamation est toutefois difficilement recevable si on considère que l’on a entamé la vision d’un métrage de plus de 4 heures, dont nous n’auront la suite et fin que dans un an !

Il est donc compliqué de juger les nombreux choix narratifs qu’on fait notre trio de réalisateurs car il est difficile d’imaginer comment ceux-ci paieront en 2024, mais ce qui nous est donné à voir est tout à fait réjouissant. Les thématiques de déterminisme dans l’univers de spider-man, la déconstruction narrative opérée par les différentes péripéties enrobe et interroge de manière intéressante la formule même du comic-book movie tel qu’il est débattu à l’heure actuelle.

L’accent mis sur l’émotion entre les personnages de Miles et de Gwen est palpable, la relation entre Miles et ses parents continue d’être creusée, l’expansion du Spider-Verse est naturelle, les nouveaux venus laissent une excellente impression et enfin le méchant qui se profile avec The Spot pour Beyond the Spider-Verse parvient à être aussi hilarant que dangereux.

Ayant vu le film en VOST, la brillance du choix de casting comme de sa direction est indiscutable : Shameik Moore, Hailee Steinfeld, Jake Johnson, Luna Lauren Velez et Brian Tyree Henry sont rejoint par entre autres Issa Rae, Daniel Kaluuya, Jason Schwartzman et Oscar Isaac, avec une mention spéciale pour ce dernier, qui trouve le ton juste entre la détermination morbide et la stupidité inhérente à chaque incarnation de l’Araignée.

Esthétiquement, l’impact de Across the Spider-Verse est météorique : la mise en scène, les décors, les personnages et une miriade d’idées visuelles fusent à la vitesse de l’éclair et continue cette tendance tout à fait appréciable de ressentir les concept arts directement sur l’écran, dans une poursuite des possibilités offertes par le fait de tordre enfin l’outil comme désiré, ce qui ne s’est certainement pas fait sans sueur et larmes pour les plus de mille personnes ayant travaillé sur le film.

Pour terminer, impossible de ne pas évoquer le travail de Daniel Pemberton, qui comme tous les autres artistes a tout donné pour poursuivre dans la voie ouverte par New Generation avec des morceaux insensés et des collaborations encore une fois pertinentes pour renforcer l’histoire de Miles Morales, décidément l’incarnation de Spider-Man la plus enthousiasmante à l’heure actuelle, et ce malgré la submersion du personnage via sa représentation en prise de vues réelles.

Et c’est bien ce qui rend la fin de Across the Spider-Verse si frustrante : vu le rythme induit, on en aurait bien pris pour deux heures de plus pour voir là où tous ces artistes veulent nous mener. Mais pour ça, il faudra encore patienter jusqu’en mars 2024 (si le film est estimé terminé) pour finalement statuer sur la pertinence des choix vus ici et maintenant, bien que pour l’instant tous les feux soient au vert pour ma part.

Spider-man : Across the Spider-Verse, actuellement en salles.


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