Après la série Rilakkuma et Kaoru du studio Dwarf Inc et actuellement diffusée sur Netflix, le festival d’Annecy m’a donné l’opportunité de m’intéresser à une autre facette de l’animation en stop motion japonaise avec le projet ambitieux de Tecarat : Le petit renard Gon. Après avoir longuement discuté avec l’équipe de Tecarat présente au Mifa, j’ai eu la grande chance de voir en avant première le court métrage tout juste terminé.
Le studio Tecarat
Le studio d’animation japonais de stop motion Tecarat s’est illustré dans la création de courts métrages portés par le réalisateur Takeshi Yashiro (Dear november boy) Leur univers dégage une combinaison d’onirisme et d’une forme naturaliste, ce que l’on retrouve dans l’utilisation de couleurs boisées et de de textures rugueuses pour l’aspect végétal des différents environnements. Le court métrage Moon of the sleepless night, qui n’a pas eu de diffusion française, nous parle de la quête de la Lune, qui a disparue, afin de rétablir l’équilibre entre jour et nuit. Le court Arthur et les Aurores boréales a lui bénéficié d’une distribution française grâce à Little Kmbo, et l’on y suit l’aventure d’Arthur et de son bonhomme de neige en voyage vers le grand Nord. Ces différents films nous montrent un sens de la poésie partagée au sein des œuvres de ce studio et le potentiel de la technique de stop motion japonaise.
A propos du petit renard Gon
Ce projet de court métrage est adaptée de l’œuvre de Nankichi Nimii (1913-1943), auteur précoce et prolifique de la littérature merveilleuse japonaise. Le petit renard Gon est disponible en français aux éditions Grandir.
Quand Gon, un renard orphelin et joueur, tombe sur le jeune Hyoju qui a perdu sa mère, il essaye de le réconforter et fait amende honorable de ses erreurs passés en lui apportant chaque jour des petits cadeaux. Mais Hyoju ne se rend pas compte de qui se cache derrière ses cadeaux anonymes et les deux vont se retrouver acteurs d’un climax à couper le souffle.
Le petit renard Gon, écrit par son auteur lors de son adolescence, est considéré comme une métaphore de sa vie et de sa mort prématurée. L’adaptation du studio Tecarat, via son approche naturaliste permet d’entrevoir grâce à cette bande annonce la tension dramatique qui grandit peu à peu entre le pécheur et le le renard. On peut espérer que ce projet doté d’une finition technique remarquable et d’éléments narratifs venus du conte trouvera un distributeur en France.
Les premières diffusions du court métrage auront lieu au Nuart Theater de Santa Monica à Los Angeles du 20 au 26 septembre prochain. Le réalisateur Takeshi Yashiro et le producteur Satoshi Akustsu seront présent au Kotatsu Festival du 4 au 6 octobre prochain à Cardiff où vous pourrez aussi découvrir le court métrage.
Le petit renard Gon : un court-métrage précieux, poignant et sensible
On entre dans le film au travers d’une scène de chasse illustrant la tension présente entre le jeune Hyoju et son père alors que la mère est alitée. Le père reproche continuellement à son fils son manque de dureté dans l’acte même de chasser et ne le considère pas comme un homme qui peut assumer ses propres décisions. On apprend aussi à connaître les réelles aspirations de Hyoju qui le place plus dans l’héritage maternel, plus proche de la nature et plus enclin à se tourner vers la pêche.
Les trajectoires du jeune renard Gon et de Hyoju sont liées par le statut d’orphelin et par le poids de la culpabilité de leurs actions les menant à une ultime rencontre, aussi ironique que dramatique.
L’histoire se déroule dans une nature baignée de lumière crépusculaire qui respecte les formes et la profusion végétale de la forêt. La délicatesse des lycoris rouges ponctuent le court métrage comme un symbole des sentiments de nos protagonistes. Du côté ébouriffé du renardeau aux buissons feuillus, la technique de stop motion employée relève d’une précision impressionnante et d’un naturalisme qui impose le respect. On peut d’ailleurs espérer que cette maîtrise technique touche le public lors de la diffusion du court en festivals.
Le petit renard Gon réussit à toucher par les trames narratives de ses protagonistes menées avec rythme et intensité jusqu’aux scènes finales. On sort de cette vision du court métrage le cœur serré et impressionné par son esthétique fine et travaillée. Le dernier né du studio Tecarat peut facilement être ouvert à une diffusion européenne car il possède la sobriété narrative qui constitue les contes de notre enfance, de plus porté par la figure emblématique du renard, totem très présent dans les œuvres pour le jeune public.