Moutons, loup et tasse de thé, réalisé par Marion Lacourt et co-produit par Ikki Films et Alpaga Films a remporté le 25 octobre dernier le prix Emile Reynaud qui clôture la fête du cinéma d’animation.
La nuit, tandis que les membres d’une famille s’adonnent à de curieux rituels avant de s’endormir, un enfant invoque un loup au fond d’une boîte cachée sous son lit. D’inquiétants moutons assiègent alors la porte de sa chambre…
Après « Page d’écriture » issu de l’anthologie En sortant de l’école en 2014, Marion Lacourt prolonge ses inspirations esthétique commencées avec la gravure dans son court Moutons, loup et tasse de thé. Cette technique illustrative se dévoile par couche au fur et à mesure que l’on avance dans les rêves avec l’utilisation de lignes abstraites jusqu’à l’élaboration d’un univers naturel, dense et naïf gardant ainsi un pied dans l’enfance de son protagoniste. Le court métrage s’ouvre sur la mise en place des habitudes de chacun avant de s’endormir, de l’enfant à la mère et enfin à la grand-mère. Ces différents rituels œuvrent telles des portes vers un univers onirique où se déploie une nature naïve habitée par de nombreux personnages, dont un cheval masqué. Le basculement vers le monde des rêves se fait par le biais de symboles tels les moutons et le loup que l’on retrouve chez la mère et l’enfant et que l’on peut associer à une figure paternelle absente. Ces différents totems s’extraient de la réalité pour rentrer dans la bulle colorée, abstraite et vivante de l’imaginaire de l’héroïne. L’animation traditionnelle de Moutons, loup et tasse de thé se révèle être très organique dans sa représentation du monde du sommeil, par la superposition de tâches aux couleurs intenses. Cette utilisation de la peinture apporte de la matière à la notion abstraite que sont les rêves. Avec Moutons, loup et tasse de thé, La psychanalyse des rêves prend une nouvelle forme où il suffit de se laisser porter et d’apprécier le voyage.