Dernière incursion animée en date de la part de Genndy Tartakovsky, créateur de Samurai Jack et Le laboratoire de Dexter, auréolé du succès cinéma de la saga Hotel Transylvanie et toujours d’un élan communicatif lorsqu’il s’agit de parler d’animation au festival international du film d’animation d’Annecy, Primal est désormais en cours de diffusion sur Adult Swim France en +24 !
Cette nouvelle histoire de Genndy Tartakovsky suit un homme des cavernes à l’aube de l’évolution, alors qu’il forme une amitié inattendue avec une espèce quasiment éteinte : un dinosaure. Cette belle série épique, ressemblant à une peinture animée, ne se repose que sur la musique et son imagerie pour raconter les aventures de ces deux alliés naviguant dans un monde dangereux…
Attention aux spoilers ! Retrouvez les reviews par épisode ci-dessous :
Primal saison 1 – Partie 1
Le premier épisode de Primal donne de suite le ton et le rythme de la série : Naturaliste, brutale, au rythme expert et à la mise en scène béton. En moins de cinq minutes, Genndy Tartakosvky pose les bases de l’un de ses personnages principaux, un homme des cavernes, qui perd toute sa famille dans une attaque de dinosaures. Dépression, haine, acceptation, ce sont toute les étapes du deuil qui traversent notre anti-héros avant une confrontation finale avec les meurtriers, qui s’en prennent à une autre espèce de dinosaures.
Une petite victoire pour cette alliance de fortune car la mère allosaure et l’homme des cavernes devront faire face à plus grand et plus cruels que les assassins, avant une issue fatale pour la famille de dinosaures. C’est toute la dualité du concept qui s’exprime à travers les dernières images et son hommage à Frazetta. Un mot sur l’animation et les ambiances de ce premier épisode : c’est superbe et le studio La Cachette a fait un gros travail pour renforcer le côté naturel des animaux et les couleurs employées pour les décors sont parfaites. J’avais peur d’une simple démarque de Samurai Jack mais Primal possède une identité propre, moins volontairement simpliste et plus travaillée, donnant une seule envie : voir la suite !
Et la rivière des serpents ! Si les dinosaures pouvaient laisser l’impression d’être l’ultime signe de cette nature qui tue, la submersion de nos personnages par une eau remplie de serpents affamés leur rappellent à quel point seuls, ils ne font guère le poids, et c’est grâce à l’ingéniosité de l’humain qu’ils s’en sortent. A noter en core ici un excellent mixage sonore et une musique tribale signée Tyler Bates ainsi que la colorimétrie tantôt terreuse, tantôt flamboyante magnifie l’animation des animaux. Nos héros semblent avoir trouvé un terrain d’entente. Cela va-t-il durer ?
Formellement, A Cold Death fait la part belle aux environnements. Toujours sous la supervision de Scott Wills, les étendues neigeuses de l’épisode, les textures et les nuances peintes par Victoria Orolfo n’ont jamais été aussi belles que mortelles. L’animation du Stio La Cachette fait merveille sur les mammouths, magnifiée par les cadrages et le sens de l’action chère à Tartakovsky.
Une première toutefois. Si le dinosaure pouvait jusqu’ici s’en sortir sans trop de dommages, sa confrontation avec le troupeau de laineux fut quasi mortelle.. une entrevue d’un pire à venir ?
La violence est forcément au rendez-vous et le côté cyclopéen des environnements et de ce cercle de monolithes rappelant vaguement 2001 n’est surpassé que par la forme d’aller-retour de nos héros, qui tombent de Charybde en Scylla tout en sachant exploiter la nature à leur avantage, notamment cette meute de vélociraptor ramenant des souvenirs du meilleur du Monde Perdu de Steven Spielberg, le tout magnifiquement animé et baigné de teintes de rouge toutes plus anxiogènes les uns que les autres.
Cette fois, notre dinosaure montre sa loyauté envers l’homme des caverne mais se retrouve là encore dans une situation plus que périlleuse faisant écho à l’épisode précédent : sans lui, le saurien serait déjà enterré depuis quelques temps…
Spear sauve la mise de peu en se transformant en surhomme des cavernes grâce à un liquide noir qui semble doper ses capacités. Après une véritable boucherie, il se tourne vers le dinosaure qui a subi de lourdes blessures… Mais je ne vais vous poiler cette fin de partie 1, revenons sur la mise en scène de Rage of the Ape-Men, complètement cinglée, et encore une fois le testament de l’efficacité de l’alliance entre Tartakovsky et le studio La Cachette : la première partie de l’épisode et son illusoire sens de la sécurité, son cadrage fait à grande échelle donnant l’impression persistante d’être observé, la musique plus calme de Tyler Bates… pour enchainer sur l’un des décors les plus impressionnants vu dans la série étant donné le côté humain de sa conception.
De même, le look et les mouvements de ces hommes-singes ont un impact maximum, et même après toutes les épreuves traversées par nos deux compagnons, rien n’a jamais paru aussi impressionnant, une situation renforcée par le déséquilibre des forces en présences durant une grande partie de l’épisode.
N’y a-t-il que des sauvages dans cette série ? Peut-être une réponse dans la partie de la saison 1, disponible dès le 5 octobre 2020 sur Adult Swim France en US+24.
Primal saison 1 – Partie 2
Suivi par des charognards, c’est finalement une meute de hyènes qui vont le suivre jusqu’à une grotte où il a établi son patient, et commence un siège discret entre le duo et cette meute instante qui grandit à mesure que passe le temps. A peine l’opportunité de se faire un repas à base d’insectes nocturnes occasionnant un petit souffle avant que l’homme des cavernes ne s’absente chercher de l’eau, barricadant son amie encore trop faible derrière un mur de rochers.
L’épisode se focalise ensuite et momentanément sur le point de vue du dinosaure pour faire monter l’anticipation de la séquence finale, en jouant sur la claustration et le suspense, cachant le nombre d’ennemis puis en montrant Spear s’armant de carapaces d’insectes à la manière de poings américains, prêt à donner sa vie.
L’épisode se termine sur cette réaffirmation du premier épisode : en semble, le duo est invincible, et il faudra bien plus que ça pour les séparer, ce qui n’augure rien de bon pour la suite de leurs aventures. ce retour en grande forme des personnages est accompagné par un découpage parfait et une mise en scène qui rappelle la traque que vit jack dans la saison 5 de Samourai Jack, qui était elle aussi accompagné d’une musique de Tyler Bates. Le studio La Cachette fait encore merveille à l’animation de l’épisode, et malgré cette perfection, ce sont réellement les « petits moments » qui font la différence ici, et ce sont les plus révélateurs de la relation entre Spear et Fang.
Couleurs violentes et dissonantes, succédant aux cadres naturels plein de calme, cette épisode plus que nul autre est conçu comme un train fantôme dégoutant dont le rythme n’a rien à envie à Mad Max Fury Road, cauchemar vécu par Spear en sus. Vu les courses poursuites entre le duo et leur chasseur grand format (ce n’est pas tous les jours que l’on est traqué par un brachiosaure zombie !), on peut annoncer sans peur que Fang va beaucoup mieux parès le coup d’éclat qui clôturait l’épisode précédent.
La combinaison La Cachette/Tartakovsky/Scott Wills fait encore des merveilles, entre les différents lieux par lesquels passent les personnages, le détail horrible des ravages de la maladie qui zombifie les animaux jusqu’aux changements d’échelles entre traqueur et traqués. La séquence finale , situé dans un volcan ne manque pas d’évoquer la pitié pour ce géant corrompu dont l’existence même reste encore à éxpliquer. Vu que les épisodes commencent à se répondre entre eux, peut être que l’on entendra à nouveau parler de cette maladie ? Qui sait.
Deuxième épisode de suite qui voit nos personnages plus chassés que chasseurs, Primal rappelle au téléspectateur que bien des forces peuvent détruire nos héros, et bien plus grand et fort qu’eux, tout en évoquant les problèmes de conscience de Spear, qui n’a jamais autant été attaché à la vie depuis le sauvetage de son amie.