Rencontre avec Damon Ross et JP Sans pour « les Bad Guys 2 »


Trois ans après Les Bad Guys, nos méchant préférés sont de retour, coréalisé par Pierre Perifel et JP Sans, dans nos salles à partir du 30 juillet.

Les Bad Guys 2 est le nouveau chapitre du blockbuster signé DreamWorks qui mettait en scène les aventures de drôles d’animaux braqueurs de banques. Nos Bad Guys, désormais amendés en dépit de leurs efforts acharnés pour faire le bien, vont se retrouver entraînés dans un braquage international de haut vol, finement orchestré par une équipe aussi redoutable qu’insoupçonnée : les Bad Girls.

Lors de la séance événement ayant eu lieu au festival International du Film d’animation d’Annecy, on a pu découvrir une courses poursuite effrénée en Égypte, un plan de conquête de spatial lancé par M. Moon qui n’est pas sans rappeler la mégalomanie d’Elon Musk et le retour de Professeur Marmelade en mode hyper protéiné. Cet évènement était surtout l’occasion de nous présenter les très attendues Bad Girls.

Le producteur Damon Ross, le coréalisateur JP Sans, le réalisateur Pierre Perifel et le compositeur Daniel Pemberton s’expriment sur scène lors de la séance événement Les Bad Guys 2 au Festival International du film d’animation d’Annecy, le 11 juin 2025 (Photo par Marc Piasecki/Getty Images pour DreamWorks)

Le casting vocal original de cette nouvelle équipe est assuré par des actrices de talent : Natasha Lyonne (Poupée russe) aka Susan/Apocalypse, Danielle Brooks (Minecraft le film) aka Mistigri et Maria Bakalova (The Apprentice) aka Pigtail. Avec les images révélées, on se rend compte qu’elles ont très bien cerné les personnalités et l’organisation interne de nos Bad Guys.

A l’occasion du festival, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec le producteur Damon Ross et le coréalisateur JP Sans à propos des thématiques de ce nouveau film.

J’ai vu la présentation, bien sûr, et je l’ai trouvée très drôle et divertissante. J’ai bien aimé la poursuite en Égypte. 

Merci. 

Je suis une grande fan des films indiens et cela m’a rappelé le cinéma indien, comme la saga The Spy Universe avec, entre autres, Shah Rukh Khan. Je ne sais pas si vous avez travaillé avec ce type de référence en tête.

JP Sans : Vous savez, Pierre, Damon et moi-même aimons tous les trois l’action et l’aspect anime, c’est quelque chose que Pierre a commencé à évoquer dès le début et que nous avons voulu pousser et améliorer. Mais pour répondre à votre question, Baby Driver avait été une source d’inspiration pour le premier film. 

Damon Ross : Oh, oui. La course-poursuite en voiture au début. Et la foule de policiers. Eh bien, Lupin III est une grande source d’inspiration pour nous. 

JP Sans : Oui, Lupin III quand il court et se fait poursuivre. Il y a une touche comique dans sa fuite. Mélangé à l’action dont nous voulions nous inspirer pour… J’essaie de me souvenir. Quelle était notre inspiration pour les policiers qui s’empilent sur la moto ? Eh bien, l’une d’entre elles était… Ernest et Célestine. Nous adorons le visuel de ce film, mais les policiers, les rats qui s’empilent tous et deviennent une seule et même entité.

Nous voulions faire ça dans le premier film. Nous avons essayé avec les policiers, mais cette fois-ci, nous nous sommes dit : « Faisons simplement une grande montagne de policiers. » C’était tellement énorme, tellement ridicule. Donc définitivement une grande source d’inspiration pour nous.

Pour vous, JP, c’était votre première expérience en tant que co-réalisateur d’un long métrage d’animation. Qu’avez-vous pensé de cette expérience ?

JP Sans : C’était fantastique. Vous savez, Pierre et moi avions déjà travaillé ensemble lorsque nous avions réalisé Bilby avec Liron Topaz, et Pierre et moi sommes amis depuis longtemps. Ce fut donc une bonne occasion de tester notre collaboration, puis j’ai été très impliqué dans le premier film en tant que responsable de l’animation avec Pierre et Damon. 

Je pense que le courant est bien passé dès le début. Je pense donc que cela a été très facile pour moi d’endosser ce rôle, car nous sommes très amis, nous passons du temps ensemble en dehors du travail.

Damon Ross : Oui. C’était naturel. C’était très naturel. Très spontané. Ce n’était pas forcé. Parfois, les réalisateurs, les coréalisateurs et les producteurs sont en quelque sorte obligés de travailler ensemble. Euh, parce que le studio vous impose de travailler avec telle ou telle personne, et c’est en quelque sorte un mariage arrangé.

JP Sans : Mais c’était une collaboration très naturelle entre personnes partageant les mêmes idées, et je ne pense pas que cela venait du studio. Cela venait simplement de notre envie de collaborer et de continuer tous ensemble. Pour moi, c’était encore plus facile parce que j’avais travaillé très étroitement sur le premier film et que j’avais aidé à créer ces personnages à partir de l’animation.

Il faut savoir qui ils sont, ce qui les motive, comment ils bougent. Je connaissais si bien ces personnages que j’avais presque l’impression de tricher en obtenant ce rôle, car j’avais l’impression de pouvoir me glisser directement dans la peau du personnage. Mais j’apprends aussi constamment de Damon et Pierre. Ce sont eux qui ont créé cette franchise.

Damon Ross : Et je veux dire, je te fais un clin d’œil, parce que c’est parfois le cas, et je pense que le studio estime parfois que les animateurs, en particulier, ne travaillent que sur des plans individuels, alors qu’il est nécessaire de bien comprendre l’ensemble du film. 

Cette vision d’ensemble, ce récit global, JP possède ce don naturel et cet instinct pour eux, pour les arcs narratifs, les arcs des personnages, les thèmes. Ces éléments sont vraiment importants pour raconter l’histoire dans son ensemble. Et je veux dire qu’il est doué. Il lui a fallu quatre ans pour le dire.

Vous l’avez évoqué et  j’y ai pensé moi aussi quand j’ai vu la relation entre la cheffe de la police et M. Loup. J’ai pensé à Lupin III et l’inspecteur Zenigata et oui, ils se poursuivent et finissent par devenir amis. 

JP Sans : Oui. C’est très inspiré de ça. Je pense que ce que nous avons aimé dès le premier film chez la commissaire, c’est que nous voulions qu’elle soit un personnage unidimensionnel. Nous voulions qu’elle soit toujours à 100 % et qu’elle ne vive que pour attraper les méchants. C’était son rôle, juste attraper les méchants. Elle est comme Terminator. 

Commissioner Luggins (Alex Borstein) in DreamWorks Animation’s The Bad Guys 2, directed by Pierre Perifel.

Elle revient toujours.

JP Sans : Et elle fera tout pour les attraper, quoi qu’il arrive. Et nous aimons cette comédie et cette énergie. Mais je pense que nous sommes tombés amoureux d’elle parce qu’elle avait plus à offrir. Dans le premier Bad Guys, nous avions toujours imaginé que son super-héros préféré était Batman et qu’elle portait toujours une cape sous sa chemise parce qu’elle se sentait comme une super-héroïne. Et ce que nous avons trouvé vraiment intéressant, c’est que si elle vit pour attraper les méchants, que se passe-t-il quand les méchants sont attrapés ? Aura-t-elle encore raison d’exister ? 

Et puis, comme dans Lupin III, comme vous le dites, c’est cette relation formidable où M. Loup est très charismatique. Il est difficile de ne pas aimer M. Loup. Nous aimions l’humour avec la cheffe qui ne veut pas l’apprécier, qui ne veut pas lui faire confiance, mais qui ne peut s’empêcher de l’aimer parce qu’il a beaucoup de charisme et qu’il est plutôt sympathique. De plus, il s’est livré à elle.

Damon Ross : Il y a un lien entre eux qu’elle refuse d’admettre, mais il existe bel et bien.

À propos des Bad Girls. Comment avez-vous travaillé sur ce nouveau groupe sans tomber dans les clichés féminin ?

Damon Ross : C’est une excellente question. 

J’aime bien le personnage de Mistigri, tout en muscles.

JP Sans : Au départ, elle était plutôt un personnage de type militaire. Un peu comme Sarah Connor, très inspirée de Terminator. Pour répondre à la question sur les clichés, en tant qu’animateurs, on nous apprend à ne pas tomber dans les clichés. Et il y a différentes façons de le faire. 

Damon Ross : Pour nous, une façon d’éviter les clichés était de ne pas la montrer en train de fléchir ses muscles. Mistigri est un personnage qui n’a pas besoin de montrer à quel point elle est forte. Son physique parle pour elle. Il y a ce cliché classique où vous rencontrez le méchant et, pour prouver qu’il est redoutable et fort, il va, par exemple, casser une table ou écraser l’un de ses acolytes, pour communiquer ce message au public : « Oh, c’est un personnage dangereux. » 

JP Sans : Nous ne voulions pas faire cela. C’est exact. Nous ne voulions pas faire cela parce que cela semblait trop superficiel. Ce qui nous plaisait dans cette dynamique, c’est qu’elle semble déjà très compétente physiquement. Et le fait qu’elle souriante et qu’elle mette les pieds sur la table en toute décontraction.

Il y a quelque chose de déconcertant chez un méchant qui est simplement détendu. Le fait qu’un méchant puisse tourner le dos à quelqu’un et qu’il n’ait pas besoin de regarder par-dessus son épaule. Il y a quelque chose de très inquiétant là-dedans. Cela donne l’impression qu’elle a très confiance en elle mais dans le bon sens du terme, et qu’elle n’a rien à cacher.

Damon Ross : Pour le personnage de Susan/Apocalypse. Elle est en quelque sorte une femme fatale, mais pas au sens classique du film noir. Mais elle a aussi, vous savez, ce côté bohème quand elle est Susan. Et comme JP l’a dit tout à l’heure, nous sommes tous allergiques aux clichés. 

Et notre boussole pour éviter ces clichés, c’était Katherine De Vries, notre head of story. Elle était toujours avec nous lors de ces réunions. Et elle était très réactive à s’exprimer : « Whoa, whoa, whoa. C’est un cliché féminin. » ou alors « Ne prenons pas cette direction. » C’était donc une bonne chose qu’elle soit là.

Au cours de la présentation, nous avons vu différents endroits comme l’arène de catch, la fusée spatiale, l’univers tout entier s’étend. Comment avez-vous décidé d’élargir l’univers des Bad Guys et dans quelle direction ?

JP Sans : C’est une excellente question. Je pense que ce que nous voulions faire pour ce nouveau film, c’était évidemment aller plus loin, élever le niveau et l’amener ailleurs. Le premier Bad Guys était vraiment très axé sur Los Angeles, ce qui était génial. Il a été bien reçu, mais nous voulions passer du braquage à la Ocean’s Eleven à une comédie d’action plus riche en rebondissements, à la Mission Impossible.

Pour ce faire, nous savions que nous devions créer des décors différents qui comportaient beaucoup d’enjeux. Nous aimions aussi tellement les personnages que nous voulions les emmener dans des endroits différents. L’un d’entre eux était de faire un flashback. Alors commençons par ça et faisons-le au Caire ! Ainsi, ils ont davantage l’impression de ne pas être seulement célèbres ou plutôt tristement célèbres à Los Angeles, ils le sont dans le monde entier.

Tout le monde sait qui sont les Bad Guys. C’était donc une excellente excuse pour les emmener dans différents endroits, et les différents lieux vous offrent beaucoup de saveurs différentes. Pierre et moi pourrions vous en parler des heures, Steven Spielberg est doué pour ça : vous avez un film emblématique, et il vous emmène dans différents endroits, avec différentes scènes, différentes couleurs et différentes musiques, qui sont tellement emblématiques du film que le public peut être davantage attiré par l’un ou l’autre, simplement en fonction de ses préférences.

Damon Ross : À la fin de ce film, on avait vraiment l’impression d’avoir vécu une grande aventure. On commence au Caire, puis on passe un peu de temps à Los Angeles, dans un monde fantastique inspiré de la lucha libre. On assiste à un mariage exotique. On monte à bord d’une fusée. On va dans l’espace. Il se passe tellement de choses qu’on a vraiment l’impression que le film est plus ambitieux. La toile est tellement plus grande et plus diversifiée que dans le premier film.

JP Sans : Cela rend Les Bad Guys 2 beaucoup plus divertissant, non seulement pour nous qui l’avons conçu, mais aussi pour les personnages, car ils sont tous très différents les uns des autres. Nous avons aimé les mettre au défi et nous voulions les placer dans des situations différentes pour voir comment ils agissent et réagissent, afin de tester leur caractère et leur moralité.

C’était vraiment amusant à faire et c’était un défi. Comment les envoyer dans l’espace ? Nous savions que nous voulions les envoyer là-haut, mais comment les y amener ? Et quand on regarde le parcours qu’ils suivent, même à mi-chemin du film, on se demande encore comment ils vont y arriver. Comment cela se passe-t-il ? Et même moi, quand je regarde le film, il y a toujours ce moment où nous sommes dans l’espace. Je me dis : « Comment en est-on arrivé là ? » 

C’est comme si nous avions accompli tellement de choses. On a l’impression que c’est un très long film, car c’est une aventure, une très grande aventure.

Hier, vous avez plaisanté au sujet de Vin Diesel et Fast and Furious.

Oui.

Cela sera peut-être un espoir pour vous, pour Les Bad Guys, de faire plusieurs films, plus de suites pour l’avenir, peut-être espérez-vous qu’ils deviennent une nouvelle franchise à la Fast and Furious.

Damon Ross : Oui. Il y a tellement d’histoires que nous voulons raconter avec ces personnages. Donc, vous savez, si ce deuxième film marche aussi bien que nous l’espérons, et que le public se familiarise davantage avec nos personnages et s’attache à eux, alors il voudra voir plus de leurs aventures.

Et bien sûr, nous aimerions raconter d’autres histoires. Elles sont basées sur la série de livres d’Aaron Babley et il en a écrit une vingtaine. Cela ne veut pas dire que nous suivrons exactement chaque livre, mais il y a beaucoup d’ingrédients et d’éléments que nous aimons et que nous pourrions utiliser pour raconter d’autres histoires. Nous espérons donc avoir cette chance.

JP Sans : Je pense que si les fans sont là, nous serons là, car nous connaissons très bien ces personnages et nous voulons les emmener dans différents dans bien d‘autres endroits. Nous avons beaucoup d’idées et nous sommes impatients de saisir cette opportunité. Comme Damon vient de le dire, nous verrons comment cela se passe, mais c’est fortement possible.

Tous mes remerciements à l’équipe Universal France pour l’opportunité et l’organisation de l’entretien.


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