Tout le monde l’attendait, on ne parlait plus que de ça : Sony Pictures Animations a présenté un work in progress de Spider-Man : New Generation ou Spider-Man : Into the Spider-Verse en VO à Annecy. Le film verra Miles Morales, Peter Parker, Gwen Stacy et d’autres évoluer dans un univers graphique très proche des comics du milieu du vingtième siècle.
Dans un style visuel révolutionnaire, Phil Lord et Chris Miller, les créateurs de « La Grande Aventure Lego », unissent leurs exceptionnels talents pour nous offrir une vision inédite d’un nouvel univers Spider-Man. Ce film présente Miles Morales, un adolescent vivant à Brooklyn, et révèle les possibilités illimitées du Spider-Verse, un univers où plus d’un personnage peut porter le masque.
Spider-Man : encore un film !
Peter Ramsey, l’un des trois réalisateurs de Spider-Man : New Generation , Danny Dimian, superviseur des effets spéciaux et Justin Thompson, production designer, ont commencé par répondre à une question que tous les journalistes du monde continueront à leur poser malgré tout : pourquoi réaliser un nouveau film Spider-Man ?
Argument n°1 : Spider-Man n’a jamais été adapté en long-métrage d’animation pour le cinéma. Certes. Mais même si les super-héros ont la cote, surtout avec le Marvel Cinematic Universe, l’homme-araignée a déjà bénéficié de trois grosses franchises cinématographiques ces 20 dernières années ! Sans compter les nombreuses séries animées.
Argument n°2 : Spider-Man : New Generation est notamment co-produit par Phil Lord & Christopher Miller qui “reprennent des licences à leur sauce et en font des succès” d’après Peter Ramsey. Le duo de réalisateurs est effectivement connu pour avoir porté sur grand écran 21 Jump Street et les The Lego Movie. Mais les avoir dans l’équipe de production ne signifie pas forcément que le film sera particulièrement original… Surtout quand on sait qu’ils ont aussi produit Solo : A Star Wars Movie.
Argument n°3 : Miles Morales. Voilà un argument que j’entends. Il était temps d’amener la nouvelle génération de super-héros, plus diversifiée et proche du monde d’aujourd’hui, au cinéma (où sont Miss Thor, le Green Lantern homosexuel ou la Miss Marvel musulmane ??). Miles est métis, afro-latino-américain, c’est un vrai ado new-yorkais des années 2010 et, le plus surprenant, il a encore ses deux parents !
New Generation : l’héritage des comics
Spider-Man : New Generation nous a été vendu comme un hommage graphique aux vieux comics américains, paradoxe amusant quand il met en scène Miles Morales et non l’éternel Peter Parker. D’ailleurs, le film est ancré dans le New-York de 2018-2019, les réalisateurs souhaitant que les jeunes new-yorkais reconnaissent “leur” ville : un ensemble de décors, couleurs et architectures variées, qui seront plus fidèles à la grosse pomme que les traditionnels deux plans et demi de sa skyline enchaînés avec des rues universelles.
Ainsi, Danny Dimian nous explique que pour “faire venir à la vie les comics” ils ont utilisé beaucoup de jeux de lumières, qui reprennent les couleurs fortes du plan, et d’ombre. Les graphistes se sont inspirés du côté flou des vieux comics, qui étaient souvent mal imprimés, avec la couleur décalée par rapport au trait ou une des couleurs de base de l’impression (jaune, cyan) qui “coule” derrière les personnages.
Un retour aux sources qui se traduit aussi par l’utilisation d’éléments très comics books et notamment dans les scènes d’action : on retrouve les bulles en étoile marquées d’un “BOUM” au cœur d’une explosion, un tramage et des lignes franches pour marquer la réaction d’un personnage… Ce style est tout autant un hommage à la BD américaine qu’une volonté de l’équipe de ne pas ressembler à quelque chose qui aurait déjà été fait.
Le résultat, que vous pouvez admirer en détail dans la bande-annonce, me plait beaucoup. Peter Ramsey voulait que chaque image soit “comme une illustration que quelqu’un aurait dessinée” et c’est réussi : tentez donc de faire pause dans la vidéo, chaque image pourrait se retrouver encadrée dans votre salon. Ce choix démarque Spider-Man : New Generation de la concurrence, une bonne chose compte tenu de son thème trop familier, mais représente un risque également. Le style photo-réaliste reste à la mode…
Into the Spider-Verse : les personnages
Après « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », l’homme-araignée pourrait inspirer un nouveau proverbe pour tout le cinéma : “un nouveau super-héros implique un nouveau super-vilain”. Exit le Bouffon Vert, Venom, le Vautour et autres démons animaliers. Bonjour Prowler (aussi connu comme le Rôdeur en français – non ce n’est pas Aragorn), un vilain qui a fait quelques apparitions depuis sa création en 1969, sans connaître le même succès que ses confrères, et qui a pris de l’ampleur depuis que Miles Morales est Spider-Man… Il serait même possible que le personnage soit au casting de la suite d’Homecoming (attention spoilers).
Prowler n’a a priori aucun pouvoir, mais une armée de gadgets. D’où le look un peu Batman du personnage, mais en violet, parce que “le violet fonctionne toujours”, conseil de pro signé Justin Thompson. Nous avons vu une petite scène où Miles se cache de Prowler, recroquevillé derrière le canapé, pendant que le vilain violet (oui je pense que ça restera, Prowler aka le vilain violet, copyright moi) avance doucement dans la pièce… Ambiance tendue et frissons garantie !
On nous a promis de nombreux personnages du Spider-Verse, sans entrer dans les détails : qui ? En clin d’oeil ou avec un vrai rôle ? Peter Parker, adulte, aura une certaine présence dans le film mais rien n’est moins sûr pour Spider-Gwen / Gwen Stacy : pertinente ou argument pub ? Les lecteurs de comics le savent sans doute déjà, le peu dévoilé de l’histoire semblant reprendre différents éléments des derniers arcs de la bande-dessinée.
Ce nouveau film de l’homme-araignée donne vraiment envie de se faire une toile (oui j’ai osé). Si le projet ne te tente pas, c’est que t’as vraiment une araignée au plafond (oui j’ai osé bis).
Rendez-vous le 12 décembre 2018 ! https://youtu.be/tg52up16eq0