Interview – Stop motion, nature et fromage avec Rasmus A. Sivertsen


A l’occasion de la sortie en salles de La grande course au fromage, j’ai eu l’occasion d’échanger par Skype avec son réalisateur : Rasmus A. Sivertsen. Nous avons parlé de l’inspiration de ses personnages, de nature et de stop motion, bien sûr.

Le réalisateur a assuré l’entrevue depuis son studio d’animation Qvisten où j’ai pu apercevoir ses collègues en train de travailler sur son futur projet. Mais, pas de spoilers aussi tôt, vous découvrirez cela dans l’échange qui suit.

Rasmus A. Sivertsen
Rasmus A. Sivertsen

J’ai vu que vous aviez travaillé sur des films (Police Patrol) en CGI à Qvisten Animation, comment êtes-vous allé vers la stop motion ?

Rasmus A. Sivertsen : Oui, effectivement. Cela dépend des projets et de ce qu’il convient le mieux. Pour Police Patrol, il s’agissait d’un film d’action avec de nombreux personnages et c’était plus joli de travailler en CGI.

Pour nos derniers films, la stop motion nous donnait une approche plus terre à terre et quelque chose de plus réel. Cette technique s’accordait mieux avec les personnages et les humeurs de Kjell Aukrust, l’auteur des romans originaux.

Vos personnages de Solan le canard, de Ludwig le hérisson et des curieux petits monstres m’ont rappelé les contes de mon enfance. Quelle a été leur source principale d’inspiration ?

R A. S : En fait, ces personnages étaient très connus en Norvège dans les années 50 et cela est toujours bizarre pour moi qu’ils fonctionnent autant dans d’autres pays. Kjell Aukrust a beaucoup écrit sur eux dans les décennies 50, 60 et 70 et on a basé les films sur ses différents romans.

Comment avez-vous travaillé l’adaptation ? Plutôt depuis un script ou un storyboard, peut-être les deux ?

R A. S : Eh bien, nous avons d’abord travaillé durant un an avec juste un script, que l’on a ensuite retravaillé durant l’enregistrement des voix des personnages pendant quasiment deux ans. Le résultat ressemblait à une sorte de pièce radiophonique, pour vérifier si l’histoire fonctionnait vraiment.

Dans La grande course au fromage, on découvre des paysages aussi chaotiques que beaux. Quel décor vous a mis le plus au défi dans sa conception ?

R A. S : En général, c’est très difficile de construire de grands décors en stop motion, surtout avec un cadre naturel. Il est difficile de faire bouger les marionnettes rapidement à l’intérieur d’une forêt. Les séquences d’action sont d’office plus complexes, même pour une action simple où les personnages doivent courir dans les bois.

Pour préciser ma pensée, construire une nature sauvage et réaliste demande du travail et y faire vivre des personnages dedans, encore plus.

Dans de grands studios comme Laïka, on remarque de plus en plus un mélange entre numérique et stop motion, plus traditionnelle. Comment appréhendez-vous ce mélange ?

R A. S : En fait je pense que le public voit de moins en moins qu’il s’agit de stop motion, mais que pour leur type de projet c’est une volonté, et ça fonctionne. Pour moi, travailler en stop motion traditionnelle est ce que j’aime car je veux que le spectateur puisse voir les imperfections et les textures, cela fait partie de cette technique d’animation. (Le réalisateur attrape une des marionnettes d’un des villageois et me montre les détails d’une veste sur le personnage) Vous voyez ? La texture et les coutures font partie intégrante du personnage.

J’ai appris que vous étiez actuellement en tournage. Pouvez-vous nous parler de votre futur projet ?

R A. S : Oui, nous sommes actuellement en pré-production d’un dernier film avec les mêmes personnages de Solan le canard et Ludwig le hérisson. Nous pensons que ce troisième film, Le voyage dans la lune, sera prêt pour fin 2018.

A propos de Qvisten Animation

Qvisten Animation a été créé il y a une vingtaine d’années par Rasmus A. Sivertsen. A l’image du britannique Aardman, le studio s’illustre dans différents registres et techniques, on peut ainsi découvrir sur le site internet des publicités et des films aussi bien en animation traditionnelle qu’en numérique. Le savoir-faire norvégien s’est fait connaître par la stop motion mais on peut espérer en découvrir plus dans les années à venir.

Un grand merci à Florence Debarbat de Little Kmbo pour l’organisation de cette entrevue.


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