WIP – Maya and the Three


Jorge Gutiérrez et Sandra Equihua ont présenté à distance leur nouveau projet de série animée 3D, Maya and the Three, lors d’un Work in Progress particulièrement riche. Avec un format de 9 épisodes de 30 minutes chacun, la série promet une belle épopée à travers la culture sud-américaine avec des influences provenant du Mexique, des Caraïbes, ou encore des anciennes civilisations Mayas, Incas et Aztèques. Le réalisateur, déjà habitué à mettre en scène la culture sud-américaine (on pense à El Tigre ou encore La Légende de Manolo), confie que cette série a toujours été un rêve pour lui, rendu possible grâce au format qui propose pas moins de 4h30 de contenu. L’occasion unique d’explorer davantage les personnages mais aussi les différents lieux qui composent la série, mélangeant à la fois aventure, fantasy et comédie.

“Dans un monde fantastique plein de magie, une princesse guerrière mésoaméricaine se lance dans une quête épique pour accomplir une ancienne prophétie et sauver l’humanité des dieux vengeurs du monde souterrain.”

Jorge Gutiérrez et Sandra Equihua nous proposent d’abord de revenir sur l’importance du patrimoine et de l’héritage culturel de toutes ces civilisations sur le développement du projet. Le réalisateur revient notamment sur ses visites au Musée national d’anthropologie de Mexico lorsqu’il était jeune, l’un des musées les plus importants du pays et qui se concentre sur l’architecture, l’art et l’histoire des civilisations préhispaniques. On se rend vite compte de la richesse et des nombreuses possibilités de transposition des œuvres dans un univers animé. Les nombreuses fresques murales mésoaméricaines semblent presque faites pour être intégrées à une œuvre animée. On retrouve aussi beaucoup de guerriers, sorcières et autres dragons. C’est donc tout naturellement que les créateurs de Maya and the Three ont décidé d’incorporer des couleurs froides et chaudes qui rappellent la terre ou encore le rouge, le vert et le blanc qui rappellent le drapeau mexicain. Vous pouvez d’ailleurs retrouver les inspirations de la série sur le compte twitter de Jorge Gutiérrez où il partage régulièrement les influences architecturales et artistiques de Maya and the Three.

Côté personnages, Jorge Gutiérrez nous explique notamment que les guerriers aigles sont souvent représentés sous les traits d’hommes forts et virils, et qu’il a justement choisi de faire de Maya une guerrière aigle pour trancher avec cette représentation traditionnelle. Partagée entre son rôle de princesse et celui de guerrière, Maya est rebelle et n’hésite pas à manier les armes. Elle rêve de liberté et veut découvrir le monde. Au cours de son aventure, elle chevauchera son fidèle compagnon Chiapa le jaguar, un animal géant inspiré d’une sculpture mexicaine mais aussi des personnages du Magicien d’Oz. Le spectateur aura notamment l’occasion d’explorer son passé. Le père de Maya en revanche, le roi Teca, est le stéréotype du guerrier aigle. Avec une carrure gigantesque, toujours vêtu de son armure, il est obsédé par la gloire et les combats. Mais ne vous fiez pas aux apparences, car vous découvrirez sous cette armoire à glace un cœur tendre et un guerrier un peu loufoque. La reine Teca quant à elle est plus diplomate. Elle remet souvent son mari à sa place. Sandra Equihua insiste sur les couleurs naturelles utilisées pour le personnage de la reine, avec des éléments naturels qui composent notamment sa coiffure en forme de scorpion. On y retrouve des formes géométriques et une silhouette générale assez linéaire, comme une pièce d’échecs. Les créateurs de Maya and the Three nous présentent une myriade d’autres personnages, comme les frères Jaguar, des guerriers hérités de la culture aztèque munis de dagues, de boucliers et de lances. Pensés comme une unité, les trois frères ont des mouvements semblables et pensent d’une façon similaire, ce qui permet d’accentuer leur connexion fraternelle. 

Après cette présentation des personnages humains, les dieux sont ensuite mis à l’honneur, tous plus intéressants les uns que les autres. Le dieu de la guerre, Lord Miclan, avec sa tête formée de deux crânes, est inspiré du dieu de la mort chez les Aztèques, Mictlantecuhtli. Ce personnage puise donc son inspiration dans le culte des morts aztèque, où les soldats étaient sacrifiés et leur sang donné au dieu. Son épouse, Lady Micte, la déesse de la mort, est inspirée de Mictecacihuatl, la déesse de la mort dans la mythologie aztèque. Pleine d’espoir en l’humanité, Lady Micte est, paradoxalement, représentée par des couleurs vives et des fleurs qui composent une véritable vie au sommet de sa tête, avec la présence de serpents comme la déesse originelle. Chez les dieux, on retrouve aussi Acat, la déesse des tatouages, qui prennent d’ailleurs vie sur son corps. Déesse adolescente et impertinente, elle sait jouer de ses charmes et de son esprit. Elle est inspirée de la culture Chicano, qui renvoie à une identité culturelle adoptée par certains Mexicano-Américains, mais aussi au mouvement culturel qui a suivi, notamment dans les années 1960 aux Etats-Unis. Enfin, Zatz, le prince des chauve-souris est un adolescent inspiré de Camazotz, le dieu chauve-souris dans la mythologie Maya. Zatz est le stéréotype du mauvais garçon, avec des cheveux blancs et un seul œil. Il chevauche un squelette de puma avec des yeux enflammés. Zatz est notamment capable de se transformer en divers éléments, comme une chauve-souris par exemple.

L’autre temps fort de ce Work in Progress était sans aucun doute la présentation des différents lieux (et ils sont nombreux!) où prendront place les aventures de Maya. Dans un monde gigantesque où la nature est reine, le royaume de Teca est un lieu magique où l’on cherche au contraire à maîtriser la nature et la contrôler, avec des formes géométriques, régulières et colorées. On découvre également l’île de Luna, inspirée de la culture caribéenne, une terre de magie avec plusieurs académies en son sein. Cette île est particulièrement originale, avec sa forme en croissant de Lune, flottant au-dessus du sol. Tous ces lieux sont donc des hommages à différentes cultures. Ainsi, la jungle est inspirée du Yucatan et des Mayas, avec de nombreuses pyramides sur ces terres. Les montagnes dorées sont également un hommage au Machu Picchu des Incas. Enfin, un autre lieu mène vers la porte du monde souterrain, gardée par un golem, avec un environnement effrayant, des arbres rouges, des sacrifices et du sang, cette fois-ci inspiré de la culture olmèque, l’une des plus anciennes civilisations d’Amérique du Sud. Le monde souterrain obéit également à des lois physiques particulières, avec la présence de pyramides inversées qui font référence aux films d’horreurs et à leurs symboles comme les croix à l’envers pour représenter le diable. Les dieux et gardiens des lieux portent des armures en acier et manient des armes bien plus résistantes que celles des humains. Une véritable épreuve donc, pour la jeune Maya.

Maya and the Three promet d’être une belle épopée. Avec un format sériel particulièrement intéressant, j’espère que tous ces personnages et ces lieux auront l’occasion d’être bien développés afin de mieux entrer dans cet univers magique et coloré. Plus encore, les différentes recherches graphiques et historiques promettent de réimaginer les grands monuments et les grandes légendes qui ont fait l’histoire de ces civilisations mésoaméricaines. L’attente ne devrait toutefois plus être bien longue, puisque la série est prévue pour cet automne sur Netflix avec un gros casting encore tenu secret.


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