La société Ankama fait son grand retour à Annecy avec la présentation du long-métrage Princesse Dragon en Work In Progress, après un passage au Cartoon Movie en 2017. Ce projet, lancé il y a cinq ans, est réalisé par Anthony Roux et Jean-Jacques Denis pour une sortie prévue le 15 décembre 2021. Très différente dans son esthétique des autres productions d’Ankama (on pense notamment à Mutafukaz et aux multiples séries Dofus), Princesse Dragon se veut prendre une direction différente, aussi bien dans le sujet que dans la forme. Lors de ce WIP, les réalisateurs sont revenus sur les raisons qui ont motivé ce choix particulier pour Ankama. Anthony Roux, réalisateur, scénariste et producteur a notamment évoqué l’échec du premier film Dofus en salles, une situation particulièrement difficile psychologiquement, additionnée à des problèmes familiaux personnels. De là a émergé une volonté de retour à une forme narrative plus traditionnelle, celle du conte, dans lequel il a pu incorporer sa situation personnelle et l’incapacité à avoir un enfant. Le film se centre donc sur la rencontre entre Poil, la fille du dragon, et Princesse, la fille du roi, tout en mettant l’accent sur la place de l’enfant dans la cellule familiale et le rapport des enfants à leurs parents.
Poil est une petite fille élevée par les dragons. Mais lorsque son père doit payer la Sorcenouille de son deuxième bien le plus précieux, c’est Poil qu’il offre, plongeant sa fille dans une infinie tristesse et l’obligeant à fuir la grotte familiale. Poil se lance alors dans un voyage à la découverte du monde des hommes. À leur contact, elle apprendra l’amitié, la solidarité, mais aussi la cupidité qui semble ronger le cœur des hommes.
Princesse Dragon suit ainsi une trame linéaire, sans action de toutes parts, en choisissant un point de départ précis et en avançant de manière fluide et douce avec ses personnages. L’histoire est avant tout basée sur les personnages, Poil et Princesse, afin que le spectateur se laisse entraîner dans leurs aventures et qu’il se plonge dans cette confrontation entre deux mondes bien distincts, celui du dragon et celui des humains. La relation entre les deux pères, mais aussi leur cupidité, seront également explorées. Les personnages seront aussi amenés à parler dans leur tête, notamment Poil qui possède un pouvoir de télépathie avec les animaux. Cette volonté de mettre l’accent sur les voix off est aussi le témoin d’un certain réalisme dans le ton et la forme, puisque l’équipe s’est refusée à utiliser une quelconque synchronisation labiale sur les animaux ou sur le dragon.
Si le film reprend la structure narrative linéaire du conte, avec la présence forte d’une narratrice, son esthétique est également inspirée par le conte, et notamment par les travaux de Gustave Doré ou encore Arthur Rackham, illustrateurs du XIXème siècle, tout en laissant transparaître une certaine modernité. L’équipe a ainsi opté pour un rendu à l’ancienne mais entièrement digital, avec un mélange de 2D et de 3D pour le dragon. Le style aquarellé des décors est ainsi particulièrement réussi et beau, avec un nombre de couleurs limités par scène, favorisant une ambiance homogène avec de beaux contrastes et évitant des couleurs trop explosives. On retrouve également un joli trait crayonné utilisé dans un but naturaliste. Le dragon, bien qu’en 3D, s’intègre particulièrement bien dans l’ambiance visuelle aquarellée, grâce à un jeu de textures à plat. L’architecture des bâtiments et notamment du château a été particulièrement bien pensée et étudiée, puisque nous avons pu voir les modélisations du château réalisées sur Sketchup, montrant les différents niveaux et les différentes pièces.
Sonia Demichelis, la créatrice des personnages, est également intervenue pour nous présenter les caractéristiques de Poil, la petite fille élevée par le dragon. Son design reprend l’aspect végétal de la forêt, avec une apparence qui évolue en fonction de son environnement et de son évolution au fil de l’histoire. Elle a ainsi l’apparence d’une petite fille humaine, mais elle garde un côté animal avec une chevelure aux pouvoirs magiques qui réagit comme une fourrure. Sa chevelure et sa peau évoluent également, passant d’une peau teintée verte au début avec le dragon, à une teinte plus naturelle et humaine par la suite avec des cheveux plus apprivoisés suite à son contact avec les humains. Elle se meut ainsi comme un animal, sans sombrer dans une animation trop exubérante mais en gardant une certaine élasticité et souplesse, contrairement aux adultes qui sont beaucoup plus sobres et moins fantaisistes dans leurs mouvements.
C’est ensuite la productrice exécutive, Patricia Robert, qui est intervenue pour nous parler de l’avancement du projet. Princesse Dragon vient d’achever sa phase de compositing et entre désormais dans le travail de sound design, de bruitage et d’enregistrement de la musique avec l’orchestre symphonique de Budapest début juillet, avec un mixage prévu pour septembre et une livraison annoncée à fin septembre. Avec un budget de 5,7 millions d’euros, le film est principalement fabriqué en France, dans les studios d’Ankama à Roubaix et à Paris, mais aussi avec l’aide de Caribara Montréal et le studio japonais No Border. Cette petite présentation de Princesse Dragon a vraiment retenu mon attention. Même si le scénario reste encore assez flou, l’atmosphère visuelle et l’ambiance conte de fées qui s’en dégage est particulièrement réussie et enchanteresse. Le contraste entre les décors réalistes et traditionnels et les deux petites filles plus modernes est également assez intéressant, même si je dois dire que le design de la Sorcenouille n’est pas vraiment à mon goût. Quant au scénario, si l’on saisit bien les grandes lignes directrices de l’histoire, il s’agira de voir comment le film arrive à développer ces thèmes principaux. En attendant sa sortie le 15 décembre 2021, je vous propose d’aller jeter un œil aux concept art et autres wip mis en ligne par Anthony Roux sur son site web.