Critique – Planes


Réalisé par Klay Hall, le film nous raconte l’histoire de Dusty Crophopper, simple épandeur de cultures, qui rêve de faire la course autour du monde et des péripéties qu’il va vivre pour y parvenir.

Dusty est un petit avion de ville, qui pulvérise les champs et rêve de voler un jour en compétition au milieu des avions les plus rapides au monde. Sauf que le pauvre souffre de deux handicaps majeurs : il n’est pas construit pour la course, et il est terriblement sujet au vertige ! Comme il n’est pas du genre à renoncer à ses rêves même les plus fous, Dusty fait appel à Skipper, un as de l’aéronavale qui l’aide à bien se classer face au redoutable tenant du titre Ripslinger.

Planes s’inscrit dans l’univers de Cars et l’annonce d’emblée à l’ouverture du film par « Au-dessus du Monde de Cars ». Le film assume entièrement ses références au merchandising, tournées en dérision par le personnage de Chug, camion ami de Dusty qui vend des objets à son effigie durant l’intrigue.

L’histoire somme toute classique de l’outsider Dusty est parsemée de moments graves, parfois durs qui surprennent dans cet univers coloré. La mort est frontalement évoquée lorsque le héros se retrouve en mauvaise posture. Celui-ci est malmené par les épreuves et par les autres, véritable incarnation du mythe américain du self-made-man. Dusty est méprisé par la plupart des coureurs et subit même une noyade forcée par les sbires du méchant Ripslinger.

L’inattendu vient du fait que le film évoque des sentiments plus nuancés comme la vénalité amenée par le personnage d’Ishani, championne panasiatique, qui se voit offrir une hélice par Rispslinger, le champion en titre, pour faire tomber Dusty. Le mensonge est supporté par le personnage de Skipper, avion de chasse et coach du héros, qui n’est pas très clair sur son passé de vétéran militaire.

L’humour est lui aussi bien présent, à la fois par des références pop culturelles pour les grands et des gags pour les petits, ce qui fait de lui un bon divertissement familial. El Chupacabra, avion charmeur mexicain prend avec aisance la place du sidekick par l’expression de l’amitié sans limites qu’il voue à Dusty et de sa passion malheureuse envers Rochelle, avion français.

L’univers sert en tout point la thématique de l’évasion par la diversité des décors, en extension de l’illustration du monde dans Cars 2. On y découvre l’Inde de façon à la fois poétique et rayonnante par une arrivée entourée par de multiples planeurs blancs sur le Taj Mahal. On peut seulement regretter le manque de détails de certains paysages, une conséquence due au choix de la licence artistique de ce spin-off. On a un aperçu restreint de New York, limité à l’aéroport et à la lointaine vision côtière de Manhattan.

Avec cette galerie de nombreux personnages, chacun représentant à la fois un cliché et un enjeu narratif, certains d’entre eux souffrent de ne pas être suffisamment exploités. C’est le cas de Risplinger, grand rival de Dusty, qui reste malheureusement dans sa posture de méchant, sans autres enjeux que celui de gagner une fois de plus la course, il est alors difficile d’avoir de l’empathie pour lui.

Malgré tout, quelques idées curieuses surnagent dans cette narration bien huilée, comme la notion de guerre, amenée par Skipper, l’avion-vétéran. On devine alors qu’il y a bien eu un conflit dans l’univers de Cars, ce qui laisse entrevoir une certaine violence assez crue. On ne sait cependant pas quel était l’ennemi et où elle s’est déroulé, ni son objet. Tout n’est pas rose dans le monde de Cars !

Pour finir sur une note légère, la thématique de l’outsider a permis de développer la création de personnages bizarres et légèrement barrés. Tout d’abord, le vieux collègue d’épandage de Dusty, Leadbottom, a le cerveau complètement rongé par le Vitaminax, l’engrais pour le maïs. Puis Franz, petite voiture allemande capable de voler et qui souffre de bipolarité. Ce dernier est touchant par sa volonté et sa persévérance de ce qu’il est, voyant en Dusty un symbole de reconnaissance.

Ce film a réussi à m’emporter dans son univers et m’a surpris sur certains aspects, mais gardez à l’esprit qu’il est avant tout destiné à un jeune public.

Sortie en salles le 9 Octobre 2013.



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