« Wish, Asha et la bonne étoile » : Disney nous vend du rêve ?


En salle dès la fin novembre 2023, Wish ou Asha et la bonne étoile pour les français était la sortie des fêtes de fin d’année : la « nouvelle » princesse Disney attendue depuis Vaïana.

Asha vit à Rosas, un royaume où tous les souhaits peuvent littéralement être exaucés par leur roi. Dans un moment de désespoir, elle adresse un vœu aux étoiles auquel va répondre une force cosmique: une petite boule d’énergie infinie prénommée Star.

Avec ses airs de déjà-vu et une intrigue sans prétention, on se demande ce que réellement nous raconter Wish. Et au fond, le film le sait-il vraiment ?

Très rapidement, on comprend qu’après l’annonce du postulat de départ (expliciter d’abord puis répéter une seconde fois en chanson), le métrage est un hommage permanent au passé, mêlé à une volonté de modernité. C’est un melting-pot de la culture Disney :

Asha, l’héroïne, possède les mêmes attitudes que Raiponce (sa robe est par ailleurs de la même couleur), elle est accompagnée d’une chèvre qui nous rappelle l’amie Djali d’Esmeralda du Bossu de Notre Dame, ses ami.es sont la copie conforme des 7 nains de Blanche-Neige, l’apparition de Peter Pan et des allusions à Zootopie finissent de vous convaincre que vous ne bercez pas dans la paranoïa… Bref n’hésitez pas à vous munir d’un bingo Disney lorsque vous le regardez !

Pour autant, il y a des plus : le design est moderne avec une dualité de 3D et de crayonné traditionnel qui veut synthétiser ce compromis passé/présent, les personnages sont diversifiés ce qui nous rappelle les démarches inclusives de l’industrie dans les représentations depuis quelques temps maintenant (En Avant, Alerte Rouge…). La multiplicité des références sont toujours des invitations à valoriser une culture commune, même si on reste dans le coup de coude parfois malaisant.

L’héroïne est ingénieuse et ne cherche pas l’évolution personnelle. Elle veut faire passer les autres avant elle, bien que celle-ci se produise à son détriment, Asha restant très unidimensionnelle. La reine elle-même est émancipée mais son passage du côté des gentils va à l’encontre de la thématique finale. Et l’humour du personnage aphasique de Star est efficace tout du long, contrairement aux bavardages incessant des animaux magiques. 

Au doublage, on retrouve une qualité à la hauteur des références : Lambert Wilson, Isabelle Adjani, Gérard Darmon, Sophie Delmas… et en version originale Ariana DeBose, Chris Pine, et toujours Alan Tudyk.

Malgré tout, le film ne transcende pas. Les musiques servent peu les émotions et racontent trop de choses, et parfois plusieurs fois sans changer d’angle. On court après la mélodie car les paroles et leurs idées nous laissent en plan. Le personnage de Valentino est anecdotique, et le character design des personnages en fond de trame est régulièrement recyclé et visibles ce qui est très décevant lorsqu’on connait le talent et les moyens du studio.

Le méchant reste méchant sans réels enjeux alors que son origine aurait pu l’amener à des chemins intéressants : la moitié de la trame du film ne semble être présente que pour le pousser plus loin sur cette voie sans retour. L’histoire devient légèrement frustrante de ce côté là, en comparaison à un Alerte Rouge ou une Reine des Neiges 2 qui nous avait amené des nuances, des dilemmes et des émotions matures crédibles.

La conclusion de cette critique est en demi-teinte. Mais, si on reprend le contexte de grève qu’ont soutenu les scénaristes et acteurs lors de cette dernière année : La thématique de la rébellion, du retour à une simplicité du rêve prend un sens moins superficiel qu’il n’y parait, bien que les grèves dans le secteur de l’animation soient attendues pour cette année-ci.

Les français resteront peut-être un peu sur leur faim avec un chant révolutionnaire comme « Ce n’est plus mon roi » mais l’idée est bel et bien là, même si c’est pour finalement remplacer un souverain par une autre. On garde à l’esprit un studio rappelant qu’il a su et peut créer des vœux qui ont du sens, et pas seulement une production d’une multiplicité marketing qu’oblige l’oppression et la prolifération des plateformes… Néanmoins, cela reste toujours trop peu pour fêter les 100 ans du studio. Où est l’avenir là-dedans ?

Attention à ce que vous souhaitez semble nous déclarer Disney !


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