Critique – La Grande Cavale


Après Léo et les extra-terrestres qui avait dépassé les 100.000 entrées sur le territoire, les frères Christoph et Wolfgang Lauenstein continuent sur la lancée du film d’animation 3D au budget moyen avec cette Grande cavale très, très librement adaptée du conte Les Musiciens de Brême des frères Grimm. Ici, c’est une histoire de voleurs en pleine campagne qui rythme une action pleine de quiproquo.

Marnie, une petite chatte d’intérieure passionnée d’enquêtes policières, apprend que des cambriolages ont lieu dans son petit village de campagne. Ravie de quitter son confort, elle part en mission secrète pour arrêter les malfaiteurs ! Marnie trouve de l’aide auprès de trois animaux farfelus : un coq fan de yoga, un drôle de zèbre et un chien de garde froussard. Accusés à tort d’être les voleurs, ils sont entraînés dans une aventure poilante pour prouver leur innocence.

Présenté hors-compétition lors du Festival International de l’animation d’Annecy 2018, La Grande Cavale reprend peu ou prou un certain nombre d’ingrédients narratifs de Léo et les extra-terrestres : une aventure contenue sur peu de temps (à peine trois jours) et de terrain (c’est le patelin de Drabville, ses quelques rues et ses champs à perte de vue qui servent de cadre à l’action). Une contrainte qui sert également la technique du film, puisque cette Grande cavale n’est certainement pas à placer dans le même bateau que les superproductions hollywoodiennes, et ça se sent malgré un character design globuleux cherchant à renforcer un aspect cartoon et une animation des personnages très rigide sur certaines séquences. Pourtant, le métrage sait parfois faire preuve de très beaux plans et le soin apporté aux décors et aux différentes étapes de la journée est à noter.

Si Les Musiciens de Brême sont finalement très loin (malgré une scène hommage au conte), La Grande Cavale parvient a garder un fort capital sympathie avec ses personnages non conformes, depuis Marnie l’idéaliste à Elvis le chien battu en passant par le Eugene le coq recherchant le zen. Seul l’âne est moins intégré à la narration et fait office de sidekick plus ou moins malheureux selon les séquences. On retrouve également un lot de blagues inimaginables en dehors de l’Europe, comme ces paysans armés qui tirent sur leurs animaux, un tournant inattendu critiquant l’économie de l’art, un éleveur de poules décidant d’arrêter de les manger pour passer au quinoa et des flics de campagne que la série des Gendarmes avec Louis de Funes n’aurait pas reniée. Au bout de ses 83 minutes, cette Grande cavale, tout comme l’était Léo et les extra-terrestres, est un spectacle respectable et fort recommandable malgré son budget estimé à moins de 10 millions d’euros ayant nécessité une co-production entre la Belgique, l’Allemagne et l’Inde. La petite Marnie et ses compagnons de fortune constituent une alternative à la vague d’animation plus normée venue des USA qui va arriver d’ici quelques semaines ! La Grande cavale sort le 9 octobre via Septième Factory.


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