Critique – Les Mitchell contre les Machines


Après l’oscarisé Spider-Man : New Generation, Sony Pictures Animation devait assurer en salles la suite de sa filmographie avec Les Mitchell contre les Machines, une ambition stoppée net par la pandémie, forçant le studio à revendre les droits de ce film et de leur sortie suivante (Wish Dragon) à Netflix, qui a un peu plus enrichi son line-up animation.

Leur road trip a été freiné par une apocalypse de robots. Le sort de l’humanité repose désormais sur eux : les Mitchell, la famille la plus excentrique du monde.

Produit par Phil Lord, Chris Miller et Kurt Albrecht, Les Mitchell contre les Machines est issu de l’esprit de Michael Rianda et Jeff Rowe, deux vétérans de la télévision, passés notamment par Souvenirs de Gravity Falls et ici propulsés vers le grand écran avec en plus les responsabilités de réalisateurs, un cas qui n’est pas sans rappeler comment Lord et Miller s’étaient retrouvés aux commandes de Tempête de Boulettes Géantes il y a douze ans de ça.

Les Mitchell contre les Machines

La réitération de cette prise de risque s’avère payante tant le métrage qui en résulte fait merveille dans le genre de la comédie d’aventure familiale, tout en n’oubliant pas d’y injecter une certaine émotion. les Mitchell sont donc une famille bien déglinguée mais aussi en tension depuis plusieurs années en raison des intérêts artistiques de leur fille, Katie, dont le départ du nid pour l’université – et retrouver des personnes qui la comprennent – tout le contraire de Rick, son père, qui ne comprends que peu de chose de ce qu’elle fabrique dans sa chambre et qu’elle met en ligne sur YouTube.

La solution du road trip pour tenter de resserrer les liens va mettre à jour les conflits intra-familiaux, car les relations entre chaque personnages pâtissent de cette distance père-fille, et cette insurrection robotique ayant lieu après le premier tiers de l’histoire ne va que tester les limites de leur confiance et mettre à jour les blessures des uns et des autres avec une formule de base qui n’est pas sans rappeler un certain Tempête de Boulettes Géantes (décidément).

Il y a toutefois bien plus dans Les Mitchell contre les Machines, qui profite des avancées stylistiques conçues sur Spider-Man : New Generation et confère à Katie un point de vue enrichi de dessins en 2D, d’effets ressemblant à des gommettes, des marionnettes et autres bricolages de vidéastes, tandis que l’esthétique liée aux humains est très dessinée et déséquilibrée, rappelant la bande dessinée franco-belge. De l’autre côté du spectre, tout ce qui touche aux robots rebelles de Pal présente une finition très lisse et une animation plus hachée parfaite pour jouer sur le contraste entre ceux deux univers.

Les Mitchell contre les Machines

Côté humour, Les Mitchell contre les Machines ne déçoit pas et c’est une avalanche de gags, visuels ou dans les dialogues, qui priment et l’on retrouve avec bonheur cet amour pour les têtes imbéciles qui rodait dans Souvenirs de Gravity Falls tout comme cette bizarrerie entourant le petit frère, Aaron, fan de dinosaures mais complètement inapte socialement, au point où il n’est pas capable d’échanger sur le sujet avec sa voisine.

Il y a encore plus dans ce style-là mais je vous laisse à la découverte du film, qui mérite plusieurs visionnages afin de saisir l’ampleur du travail fait par les équipes de Sony Pictures Animation. Rythmé de manière infernale par la musique de Mark Mothersbaugh auquel s’ajoute une sélection de chansons que l’on ne va pas vous spoiler, le métrage de Rianda et Rowe parvient tout de même à distribuer quelques coups de poings sur les tensions familiales qui, pour une fois, n’impliquent pas un être cher mort prématurément.

A l’image de Linda, la mère, il arrive un moment où le dialogue et la compréhension mutuelle est tout ce qu’il reste pour éviter l’explosion, un aspect très peu abordé dans ce type de films, ou alors très superficiellement, comme c’était le cas dans les deux Indestructibles de Brad Bird.

Vu en avant-première en version originale, le casting fait un excellent travail : Danny McBride et Maya Rudolph sont parfaits en père et mère, Abbi Jacobson apporte ce qu’il faut de punch à Katie sans la rendre antipathique, Olivia Colman (Fleabag, La Favorite) nous délivre une version de Skynet à l’accent anglais réjouissant et tout ce petit monde est secondé par une foule de voix plus ou moins reconnaissables, comme Charline Yi (We Bare Bears), Eric André, Fred Armisen (Big Mouth) et Conan O’Brien qui jouent un duo de robots que l’on croirait sorti d’une des meilleures chansons de Flight of the Conchords, Chrissy Teigen, Johnny Legend mais aussi Alex Hirsch dans un caméo hilarant qui nécessite de tendre l’oreille.

Le vrai grand regret pour Les Mitchell contre les Machines aura été de ne pas le voir sur grand écran tant il y a des milliers de choses qui se déroulent à l’écran, mais sa présence sur Netflix permettra de le voir et le revoir sans forcément subir une adaptation et un doublage français écrasant forcément des accents, des double sens et certaines blagues au passage. Les Mitchell contre les Machines est disponible sur Netflix à partir du 30 avril.


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