Alors que les premières images ont été dévoilées ce matin au Festival International du film d’animation d’Annecy, Le Robot Sauvage se dévoile un peu plus avec une nouvelle bande annonce. La sortie du film est prévue pour le 9 octobre prochain dans nos salles. Impatience !
Le Robot Sauvage suit l’incroyable épopée d’un robot – l’unité ROZZUM 7134 alias “Roz” – qui après avoir fait naufrage sur une île déserte doit apprendre à s’adapter à un environnement hostile en nouant petit à petit des relations avec les animaux de l’île. Il finit par adopter le petit d’une oie, un oison, qui se retrouve orphelin…
Cette nouvelle bande annonce met l’emphase sur l’opposition profonde entre l’univers technologique de Roz et la nature foisonnante qui va devenir le refuge du robot sauvage. On y découvre aussi la relation tendre qui se développe entre l’oison et Roz, ainsi que son amitié blagueuse avec le renard.
On y aperçoit deux esthétiques distinctes : celle de l’univers technologique plus froid et tranché où on on remarque des robots de service, et en opposition la nature aussi généreuse que sans pitié pour Roz et les animaux de la forêt. La texture peintes de ces grands espaces évoquent le courant paysagiste américain du début du XXème siècle, notamment illustré par Thomas Cole.
J’ai eu l’opportunité d’échanger avec le réalisateur Chris Sanders (Lilo et Stitch, Dragons) et le producteur Jeff Hermann (Baby Boss 2 : une affaire de famille), autour des thématiques telles que la parentalité, la recherche d’un foyer et le développement de cette esthétique particulière présente dans ce nouveau long métrage du studio DreamWorks Animation.
Tout d’abord, je dois vous dire que j’ai lu Le Robot Sauvage, regardez !
Chris Sanders : Oh mais c’est trop bien ! Vous avez lu le livre, et la couverture est la même qu’ici, trop cool.
Le côté immersif des nouvelles images de la bande annonce est impressionnant.
Chris Sanders : Je pense que ce fut un travail passionné pour nos animateurs et nos concepteurs. L’une des choses les plus importantes pour nous était que Roz ait vraiment l’impression d’être dans la nature et nous voulions aussi que le public ressente la même chose.
Nos artistes et ingénieurs chez DreamWorks Animation ont donc été invités à prendre le style illustré qui avait été bien établi sur Les Bad Guys et Le Chat Potté 2 : La dernière Quête et à le pousser encore plus loin pour trouver un aspect plus doux et plus immersif pour nos forêts et c’était évidemment un défi qu’ils ont vraiment accepté et Jeff et moi pensons qu’ils ont dépassé tous nos espoirs et toutes nos attentes les plus folles quant à ce à quoi les environnements pouvaient ressembler.
Chris, comment le projet vous a été amené ? Fût-ce via Jeff ?
Chris Sanders : Oui c’est vrai ça, Jeff, comment nous sommes-nous rencontrés ? Je ne me souviens pas, tu étais attaché au projet avant moi ?
Jeff Hermann : Oh oui, absolument, c’est amusant parce que Chris et moi nous sommes presque croisés plusieurs années auparavant, nous avons participé à des projets ensemble, mais nous n’avons pas travaillé directement tous les deux, car dans des domaines différents chez Disney à l’époque, mais pour ce projet, tu étais revenu chez DreamWorks et l’une des propriétés intellectuelles… Désolé Chris, je suis en train de raconter ta vie.
Chris Sanders : Non, j’aime bien quand tu racontes ma vie ! (rires)
Jeff Hermann : L’une des propriétés intellectuelles qu’ils ont révélées était Le robot sauvage, qui l’a immédiatement attiré parce que Chris s’est souvenu qu’il s’agissait d’un livre que sa fille avait lu à l’école.
Chris Sanders : Je savais aussi que c’était une propriété intellectuelle du studio et j’ai très vite lu le livre parce que son image de couverture, que vous teniez entre les mains tout à l’heure était si fascinante : un robot dans la nature. J’ai lu le livre, j’en suis immédiatement tombé amoureux et j’ai voulu m’impliquer dans le projet.
Jeff Hermann : J’ai eu la chance et l’opportunité que le studio vienne me voir et me demande si je voulais rejoindre Chris sur le projet et j’ai immédiatement dit oui parce que travailler avec lui est une énorme opportunité mais c’est comme ça que ça s’est mis en place pour nous, oui.
Quelle a été votre expérience avec le livre, quelle est votre relation avec celui-ci ?
Chris Sanders : Je ne l’avais pas lu avant de le voir en développement, je suis allé à une réunion et ils m’ont montré différents projets en développement et ils m’ont donné, je pense, une très brève description de ce dont il s’agissait pour chacun d’entre eux et quand ils ont dit que celui-ci parlait d’un robot perdu dans la nature, il y avait quelque chose que j’ai immédiatement trouvé doux et vulnérable et j’ai dit « c’est celui-là qui m’intéresse. »
Jeff Hermann : Je pense qu’à ce moment-là j’ai pris le livre, je l’ai lu et j’y ai vu ce que tout le monde a vu, c’est-à-dire une histoire profonde et émotionnelle avec de l’inattendu, et je me suis immédiatement dit que de tous les projets, c’était celui que j’aimerais vraiment faire.
Chris Sanders : J’ai dû discuter avec Tom McGrath, qui m’a dit : « J’aurais aimé que vous ne m’enleviez pas Jeff, mais je dois avouer qu’il est le meilleur choix, je comprends pourquoi vous le prenez sur ce projet. » Parce qu’ils venaient de travailler ensemble sur Baby Boss 2, qui a eu beaucoup de succès.
Jeff Hermann : Et pour moi, comme pour Chris, je veux dire que le livre est si spécial et si unique et qu’il est très différent de beaucoup de choses que nous faisons normalement, à cause de la profondeur de l’expérience émotionnelle qu’il contient et nous avons tous, Chris, moi et tous ceux qui ont été attachés au projet, ressenti une grande passion pour protéger cet aspect du livre et rester fidèle à son esprit. Il y avait évidemment des choses que nous devions changer, adapter et mélanger au fur et à mesure que nous portions le livre à l’écran, mais nous voulions vraiment rester fidèles à l’esprit de cette histoire et au voyage de Roz.
Oui, dans la bande-annonce, on peut voir un lien spécial entre Roz et le petit oison, on peut remarquer qu’il s’agit de la parentalité et de la difficulté d’être parent. Comment avez-vous abordé les thématiques de parentalité ?
Chris Sanders : Il y avait certains… oh mon Dieu, comment répondre à cette question. Nous voulions… Nous ne voulions rien manquer, alors nous avons dû être très sélectifs sur les moments que nous allions mettre en images.
Je pense que nous nous sommes assurés de ne rien rater, mais nous n’avons rien fait trop souvent, si ce n’est que, littéralement, d’un point de vue technique, nous avions besoin de moments de découverte et de joie entre eux, lorsque Joli-Bec éclot pour la première fois, nous sommes en mesure de vivre ce moment de connexion au tout début d’une relation, lorsque les choses sont simples et pures et que tout est prometteur.
Nous avons également pu prendre le moment où le robot clame « Je ne suis pas sûr de vouloir faire ça “ parce que Roz a d’abord déclaré ” Je n’ai pas la programmation pour faire ça », ce qui, je pense, est quelque chose de très similaire à tout nouveau parent qui sort de l’hôpital avec un bébé et qui n’a pas de manuel d’instruction pour s’en occuper.
Plus tard, nous avons pu aborder le moment où Joli-Bec est un adolescent et un être plus difficile et plus complexe et les choses ne seront pas toujours faciles entre eux deux, donc nous nous sommes assurés que nous ne manquions aucune des étapes majeures de cette relation et nous sommes restés honnêtes avec son évolution.
Le personnage de Roz est par essence un robot mais elle vit et éprouve beaucoup de choses au côté des animaux de la forêt. Il s’agit d’un personnage complexe. Comment Lupita Nyong’o a travaillé avec ces éléments pour la personnalité du robot ?
Chris Sanders : Jeff a donné une excellente réponse hier et je l’ai notée parce que je devais l’ajouter à mon répertoire de réponses, parce que dans le livre, vous pouvez développer ce point et c’est quelque chose que nous avons eu l’occasion de voir avec l’auteur. Il a beaucoup parlé du fait que l’un des thèmes du livre est que pour survivre, il faut dépasser sa programmation et être plus que ce que l’on a été programmé à être.
Roz arrive donc sur l’île, elle se réveille et elle est littéralement programmée par l’entreprise et elle apprend rapidement que les animaux qui l’entourent ont également leur propre programmation. Ils sont programmés pour survivre, leur instinct animal est une forme de programmation et c’est quelque chose que Peter Brown, l’auteur, a trouvé révélateur du fait que les êtres de la nature et de la technologie ont des constitutions similaires et qu’ils sont tous les deux dotés d’une certaine programmation préétablie.
Nous continuons à utiliser ce terme, mais il s’agit d’informations préétablies dont ils sont équipés pour faire face au monde. L’histoire raconte comment ils sont tous les deux forcés, Roz et les animaux, de dépasser cette programmation et, pour répondre à votre question, c’est l’une des choses dont nous avons parlé avec Lupita.
Personne n’a travaillé plus dur que Lupita parce qu’elle devait vraiment comprendre que lorsque nous quittions nos sessions d’enregistrement, nous partions avec seulement sa voix, donc chaque petit morceau de la personnalité de Roz et chaque petit morceau de son développement très subtil et de son voyage émotionnel devait être capturé dans sa performance, mais aussi dans la qualité de sa voix, donc vous pouvez imaginer que nous passions littéralement des heures à parler du personnage et de ce qu’il était et comment nous voulions trouver ce personnage. Nous parlions généralement pendant la première heure d’une session d’enregistrement de ce que nous faisions avant d’enregistrer quoi que ce soit dans un microphone.
La bande annonce dévoile de grands espaces naturels évoquant le courant paysagistes américain du début du XXème siècle. Comment avez-vous abordé cet aspect artistique pour le film ?
Chris Sanders : Oui, nous avons des artistes et des peintres incroyablement talentueux qu’il serait difficile de créditer suffisamment pour ce qu’ils ont apporté à ce film et l’un de nos peintres explorateurs était Daniel… il est français n’est-ce pas ? Daniel Cacouault.
Jeff Hermann : Daniel oui, peut produire des peintures d’une beauté extraordinaire et peut les faire en grande quantité en très peu de temps. On en vient donc à compter sur des peintres comme Daniel pour être, je dirais, la première personne à partir dans la forêt avec son pinceau et à en revenir avec toutes ces peintures de recherche. Je lui reconnais, ainsi qu’à Raymond Zibach, le mérite d’être deux des premiers artistes qui nous ont vraiment ouvert les yeux sur les vastes possibilités visuelles de ce film.
Merci Chris et Jeff pour vos réponses.
Tous mes remerciements à Florence Debarbat et Maellysse Ferreira pour cette interview.