Après un passage pop sucré au festival international du film d’animation d’Annecy, Les Trolls 3, coréalisé par Walt Dohrn et Tim Heitz et produit par DreamWorks Animation occupe les salles depuis le 18 octobre dernier.
Alors qu’ils sont en couple n’ont plus de secrets l’un pour l’autre, Poppy fait une découverte incroyable relative au passé de Branche. À l’époque, avec ses quatre frères, ils formaient le Boys Band le plus en vogue du moment, les BroZone. Le groupe s’est séparé alors qu’il n’était qu’un enfant et depuis Branche n’a jamais revu ses frères… Mais quand Floyd, l’ainé de la fratrie est enlevé par les pires crapules des stars de la Pop, Velvet et Veneer, qui en veulent à son talent musical, Branche et Poppy vont se lancer dans une aventure poignante et bouleversante afin de réunir les frères ennemis et sauver Floyd.
Avec sept ans d’existence au compteur, l’adaptation de la franchise de jouet a été travaillé depuis un postulat pour le moins classique vers une exploration de la créativité au sein de différents univers musicaux. Il est intéressant d’observer à nouveau comment les éléments mis en place rebondissent d’un film à l’autre et finissent par se répondre.
Les Trolls 3 arrive à faire un remix entre le premier opus basé sur le relationnel et le deuxième centré sur la musique, on en apprend plus sur l’histoire de Branche avec la révélation du boys band BroZone créé avec ses frères dans sa prime enfance. Le groupe va permettre d’étendre l’univers de la franchise au travers d’une quête similaire à Les Trolls 2 – Tournée mondiale, sous forme de road trip prétexte à de nouveaux tableaux. On découvre un univers de vacances avec une pointe de Muppets pour Spruce, le mini golf apocalyptique de Clay et l’ambiance vinyle des années 2000 des antagonistes Velvet et Veneer.
Le film utilise finement les codes du boys band et la quête de l’harmonie parfaite pour cristalliser les complexités les relations de la fratrie BroZone. Par le biais de Branche, l’intrigue touche à des thématiques matures telles que la difficulté de se soustraire à la pression familiale et d’exprimer ses vraies envies face à ses proches. On est surpris par l’honnêteté et la frontalité des échanges fraternels. Cette relation particulière se retrouve aussi chez les antagonistes et dans la découverte pour Poppy de sa sœur cachée Viva, tout en raccrochant les wagons avec le passé tragique qui lie Trolls et Bergens. On est loin du pardon facile et de l’oubli d’un Encanto par exemple.
Niveau créativité, on assiste à une opposition entre la candeur associée à l’image des boys band et l’ambition acérée de Velvet et Veneer. Les frères et sœurs diaboliques s’acharnent dans leur conquête d’une célébrité à maintenir au travers du vol de l’aura artistique des différents membres de BroZone. Même si la tension est s’avère efficace sur la durée du long métrage, on peut reprocher le manque de cruauté du binôme, à savoir qu’ils auraient pu s’attaquer à d’autres genres musicaux que la pop. On reste dans le cliché des artistes divas plus attachés à leur image qu’à leurs compositions. Heureusement, leur situation privilégiée est checkée et c’est jouissif !
Le casting vocal français s’avère à la hauteur, aussi la présence de Matt Pokora prend encore plus de sens avec ses débuts au sein du groupe Linkup et le parallèle avec Justin Timberlake (voix en version originale de Branche) et les N’Sync. L’alchimie entre Poppy/Vitaa et Viva/Amel Bent fonctionne et on ne peut nier que la franchise Les Trolls arrive à refléter ce qu’on a vécu à cette époque de la part de l’industrie musicale liée aux boys band.
Les Trolls 3 arrive donc à maintenir une certaine qualité d’écriture alors que la franchise a pris ces dernières années une importance considérable. Ce long métrage garde dans le viseur la remise en question créative et un regard pointu sur l’industrie musicale, tout en gardant le cœur émotionnel avec les relations familiales de Branche et Poppy. Je ne peux que vous recommander de le voir en salles, si ce n’est déjà fait, et de profiter d’un moment frais et coloré.