Le Cartoon Movie se tiendra du 5 au 7 mars au Palais des Congrès de Bordeaux. Cet évènement rassemble 55 projets européens de films d’animation qui seront pitchés dans le but de trouver financement et partenaires en vue d’une concrétisation de ces derniers.
Cette année, le spotlight est consacré aux éditeurs au vu de la quantité grandissante d’œuvres qui passent du livre à l’écran. Depuis 2019, Cartoon offre des possibilités de jeter des ponts entre les secteurs de l’animation et de l’édition. L’initiative tente de rapprocher la production d’édition et d’animation dès le début des projets en déclenchant des opportunités commerciales et en s’agrandissant entre les deux secteurs. Des films tels que Les hirondelles de kaboul, J’ai perdu mon corps ou Persépolis en sont l’illustration.
Voici pour cette édition, la sélection des projets qui ont retenu ma curiosité et je suis impatiente d’en découvrir plus une fois sur place :
Ogresse (Miyu Production/Umedia)
réalisé par Cecile McLorin Salvant et Lia Bertels
Une comédie musicale tragique sur une Ogresse qui vit seule dans les bois jusqu’à ce qu’un jeune homme déterminé à la tuer arrive et gagne fatalement son cœur.
Adapté de la pièce musicale Ogresse de l’artiste de jazz Cecile MacLorin Salvant, elle a notamment été jouée à la Philarmonie de Paris en 2022. Il sera intéressant de voir les mélodies et la voix envoutante McLorin Salvant se mêler à la direction artistique de Miyu production sous la direction de Lia Bertels (Nuit chérie, On n’est pas près d’être des super-héros !).
Pesta (Xilam/Knudsen Pictures)
réalisé par Hanne Berkaak
Pesta est un voyage glaçant à travers le folklore nordique sombre et tordu.
Situé en Norvège en 1349, il raconte une histoire d’amour tragique entre un couple improbable : Astrid (17 ans), une jeune fille noble profondément religieuse, et Eilev (17 ans), un garçon païen hors-la-loi. Leurs chemins se croisent alors que le monde tel qu’ils le connaissent touche à sa fin, créant ainsi la possibilité d’une relation qui défie les normes sociétales.
Mais plus Astrid succombe à son désir pour Eilev, plus ses visions du démon de la peste Pesta deviennent vivantes. Bientôt, la frontière entre la réalité et le fantasme s’estompe, et Astrid est finalement confrontée à un choix dévastateur : Perdre Eilev ou devenir le monstre qu’elle craint le plus – la peste elle-même : Pesta.
Les inspirations nordiques alliées à l’histoire d’amour impossible éveillent à eux seuls la curiosité sur ce projet. Hâte d’en découvrir plus lors du pitch !
Mon été à la cité (Silex Films/Douze Doigts Productions)
réalisé par Jean-Pascal Zadi et Louis Clichy
Kali, 13 ans, quitte pour la première fois sa Normandie pour passer les vacances d’été dans une cité HLM de la banlieue parisienne. À Bondy, la cité, il est comme un poisson hors de l’eau : nouvel argot, nouvelle musique, nouveaux styles, nouvelle attitude. Il devra se faire une place dans cette jungle urbaine, armé de son seul sens de l’humour.
L’histoire subvertit le principe du « retour à la terre » plus souvent évoqué dans les productions grand public comme ouverture à l’aventure et à l’imagination. A l’image de Juliàn (Cartoon Saloon) l’an dernier, il est rafraichissant et important que les récits retrouvent leur place en ville. La présence de Jean-Charles Mbotti Malolo (Make it Soul) à la direction artistique est un argument supplémentaire à ce projet.
La vie en gros (Barletta/Novinski/Novanima)
réalisé par Kristina Dufková
Ben, 12 ans, vient d’atteindre l’âge de la puberté et, soudain, son poids devient un problème pour lui et pour tout le monde. Les autres enfants le malmènent, ses parents divorcés ne savent pas quoi faire… Même l’infirmière de l’école s’inquiète pour lui. Alors, malgré son amour de la cuisine et son talent naissant de chef cuisinier, Ben décide de prendre des mesures radicales. Il se met au régime. C’est peut-être ce qui lui permettra d’inverser le cours des choses. Et même gagner le cœur de Klara, la fille de ses rêves… Finalement, Ben apprendra que ce qui compte vraiment, ce n’est pas l’apparence, mais ce que l’on ressent.
Adapté du roman de Mickaël Ollivier, le film sera présenté en sneak preview lors de ce Cartoon Movie. Il sera intéressant de découvrir sous quels angles sont abordés les troubles du comportement alimentaire et le rapport au corps lors de l’adolescence. La technique en stop motion présente un atout dans l’illustration de la chair et son ressenti vis à vis d’elle.
VilleVermine (Squarefish)
réalisé par Vincent Kesteloot
Dans un monde au bord de l’effondrement, Jacques, un géant taciturne, vit isolé, entouré d’objets abandonnés qu’il a réparés.
Jacques ne souffre pas de la solitude car, depuis son enfance, il possède une aptitude unique : il peut communiquer avec les objets ! Jacques découvre qu’un scientifique extrémiste méprise l’humanité et son matérialisme au point d’exterminer toute forme de vie en dehors des plantes et des insectes.
Contraint de prendre la défense des humains, Jacques s’allie à un orphelin farouche, un fugueur rebelle et une femme en quête d’indépendance. Dans cette odyssée urbaine, ils initient l’éveil d’une nouvelle société : Réutiliser les objets et respecter tous les êtres vivants.
Adapté de la bande dessinée de Julien Lambert, le passage à l’animation est prometteur pour ce monde post apocalyptique aux couleurs vibrantes. Curieuse de voir si l’essai sera transformé à la découverte du picth.
Kaja the Great (Storm Films/Beside Productions)
réalisé par Martin Lund
La petite cellule cancéreuse Kaja en a assez d’être la seule à ne pas pouvoir se diviser et faire des copies d’elle-même.
D’autant plus que le patron de la tumeur a proclamé qu’elle allait se propager et qu’elle avait besoin de toutes les divisions possibles. Lorsque même sa meilleure amie Moa parvient à se diviser, Kaja en a assez et entreprend un voyage pour trouver un moyen de muter.
Leur voyage à travers le corps est semé d’embûches, car il s’avère qu’être une cellule cancéreuse en liberté n’est pas très populaire.
Et à chaque épreuve, Kaja se demande si son plan de mutation est vraiment efficace. Après avoir découvert qu’elle fait partie du corps d’un jeune garçon, elle se lance dans la lutte pour sauver son monde de la fin.
Ce concept peut nous évoquer Il était une fois la vie pour son point de vue interne au corps humain. Il est toutefois pertinent dans son traitement de la maladie par ce biais. La présentation sera pour le moins curieuse et à suivre avec intérêt.
Pour cette édition du Cartoon Movie, on remarque le peu de projets à destination du public préschool, serait-ce une inversion des tendances au profit des publics adolescents et adultes ? En plus de cette sélection non-exhaustive, je suivrai le prochain projet d’Alain Ughetto Rose et les Marmots, ainsi que La Petite Cavale porté par Claire Paoletti et Julien Bisaro.