La fameuse invasion des ours en Sicile, une co-production franco-italienne, réalisé par Lorenzo Mattotti fait partie des projets les plus prisé de ce dernier Cartoon Movie. Il faut dire qu’il possède des attraits pour convaincre…
Tonio, le fils de Léonce, roi des ours, est enlevé par des chasseurs dans les montagnes de Sicile. Profitant de la rigueur d’un hiver qui menace son peuple de famine, Léonce décide alors d’envahir la plaine où vivent les hommes. Avec l’aide de son armée et d’un magicien, il sort vainqueur et retrouve Tonio. Mais il comprend vite que le peuple des ours n’est pas fait pour vivre au pays des hommes…
En début de présentation, Valérie Shermann, productrice chez Prima Linea, a tenu à souligner l’importance de l’aide du CNC dans la création de ce projet à la fois grâce à une aide au développement, une aide au développement franco-italien et une aide aux nouvelles technologies. L’appui du CNC s’est avéré important dans la mise en place d’un tel projet de film d’animation.
Ce projet est l’adaptation du livre « La Famosa invasione degli orsi in Sicilia » de Dino Buzzati par le réalisateur Lorenzo Mattotti. Seulement voilà, après sa mort en 1972, l’écrivain italien a spécifié qu’il ne souhaitait pas d’adaptation de son travail car il voyait le livre comme un jeu pour ses neveux quand ces derniers venaient manger chez lui. Cependant, Almérina Buzzati, sa veuve, séduite par la patte de Lorenzo Mattotti s’est laissée tenter par l’aventure du long-métrage.
Lorenzo Mattotti est un artiste multiple et s’est illustré dans la bande-dessinée, pour des couvertures pour le New York Time puis comme affichiste. Valérie Shermann a été son agent pendant vingt ans, ce qui l’a amené à travailler pour un segment de l’anthologie fantastique Peur(s) du noir. Son nom est donc arrivé naturellement sur cet ambitieux projet d’adaptation.
Le réalisateur est suivi à l’écriture par Thomas Bigedain, connu pour son travail sur Dheepan et La Famille Bélier, lui-même accompagné par Jean-Luc Fromental, scénariste pour Loulou, l’incroyable secret et aussi pour Pourquoi j’ai pas mangé mon père. Ces deux scénaristes possèdent un baguage varié poussant à la curiosité vers cette adaptation à l’important sous-texte politique et écologique.
La difficulté s’est trouvée dans la retranscription du ton plein d’humour de Dino Buzzati, donc devant l’impossibilité de mettre une voix-off en continu sur le film. Après l’autorisation d’Almérina Buzzati, les auteurs ont pu créer le personnage du ménestrel, Gédéon, qui est accompagné par une jeune fille.
Valérie Shermann revient alors sur l’absence de personnage féminin dans la galerie de personnages présents :
« Je me suis aperçue qu’il n’y avait pas de personnages féminins dans le roman, ni mère, ni fille, ni sœur, ni grand-mère. Enfin, pas un film de femmes quoi ! Avec l’autorisation d’Almérina, nous avons donc créé ce personnage de la jeune fille et Lorenzo a eu la bonne idée de lui donner son prénom, Almérina. »
Nous avons pu découvrir des décors de montagnes vertigineuses aux couleurs vibrantes, et pour aller plus loin dans les détails des clins d’œil à l’œuvre de Buzzati se sont glissés dans le film par le biais de peintures accrochées aux murs du palais des ours. L’animation est une émulation entre animation traditionnelle et numérique, ce qui permet de préserver l’aspect pictural du roman original.
Avec son budget de 11 millions d’euros, la fin de la production de l’animation est prévue pour mars 2019. La fameuse invasion des ours en Sicile possède, sans nul doute, les qualités narratives et esthétiques pour séduire les critiques de la presse, et on peut lui souhaiter de conquérir le grand public même s’il s’agit là du chemin le plus long, preuve en est le parcours pour le moins compliqué d’Avril et le monde truqué. Nous continuerons très bientôt de suivre l’aventure des ours pour vous tenir informé de l’avancement de cet ambitieux projet, qui sera présent en Work in Progress au prochain Festival international du film d’animation d’Annecy.