Lors du début du mois de mars, le Cartoon Movie 2020, organisé par Cartoon Media va permettre de nous donner une vue assez pointue sur un certain nombre de projets européens ou co-produits avec l’Europe. Habillée cette année avec talent par Cédric Babouche, cette édition est prometteuse. Voici un petit tour d’horizon des films et projets qui ont retenu mon attention !
Au menu des sneak previews
Certains projets tant plus avancés que d’autres, c’est l’occasion pour les porteurs de projets de revenir montrer où ils en sont et de séduire plus facilement de potentiels distributeurs, diffuseurs ou partenaires pour la suite de la production, et Cartoon Movie 2020 ne déroge pas à la règle avec les films de cette année.
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary : le nouveau long-métrage de Rémi Chayé après Tout en haut du monde et une grosse attente de cette année. Basé sur le personnage historique de Calamity Jane, ce film est, comme son précédent une co-production entre la France et le Danemark.
Les voisins de mes voisins sont mes voisins de Léo Marchand et Anne-Laure Daffis est une comédie loufoque produite par Lardux Films et Marmitafilms, qui avait déjà saisi mon attention lors du cartoon Movie 2018.
The Island, comédie musicale animée de la réalisatrice roumaine Anca Damian (L’extraordinaire voyage de Marona), mais aussi une variation sur le thème de la robinsonnade et possiblement à nouveau un film plus tout public, à l’image de son précédent.
The Walking Liberty : le troisième long métrage du réalisateur italien Alessandro Rak après les inégaux mais très dynamiques L’arte della felicita et Gatta cenerentola qui se déroulera dans un monde apocalyptique, encore une thématique chère au Studio MAD, les deux précédents s’inscrivant eux aussi dans cette mouvance.
Ma sélection de ce Cartoon Movie 2020 :
Hikari
réalisé par Santiago Lopez Jover, (Digital Light Factory Spezialeffekte/Aichholzer Filmproduktion) Autriche
Lorsque le Japon a ouvert ses frontières en 1854 après une période d’extrême isolation, il fut révélé que des milliers de Chrétiens japonais se cachaient dans la région de Nagasaki, ayant survécu secrètement durant 240 années, pratiquant en secret leur religion au sein de leurs foyers. Les nations occidentales accueillirent la nouvelle avec joie mais les lois interdisant le christianisme au Japon étaient encore en vigueur, causant une dernière vague de persécution, la plus sauvage de toutes. Cette histoire vraie relate l’expérience de l’un des survivants, Jinsaburo Moriyama, qui fut emprisonné dans le camps de Tsuwano de 1867 à 1873, lorsque les persécutions cessèrent à la suite de pressions internationales.
Le catholicisme au Japon est un sujet que l’on a déjà vu traité en toile de fond de Samuraï Champloo de Shinchiro Watanabe et plus précisément dans Silence de Martin Scorcese. Le thème abordé est politiquement intéressant mais on reste dans l’attente d’un approfondissement du point de vue qui sera tenu à l’intérieur du récit afin d’être fixé. Réponse dans le pitch !
Nordic Ghost Hunters
réalisé par Magnus Møller & Mette Tange (Tumblehead/Intrepid Films) Danemark/France
En des temps médiévaux, faites la rencontre de Hoakes, un vieil homme bourru et son jeune compagnon, Mont. Pour gagner leur vie, ils traversent la campagne en se faisant passer pour des exorcistes chassant les esprit, même s’ils ne croient pas à tout ça. Le duo rencontre une jeune fille, Vilja, une Nymphe leur révélant un monde rempli de créatures mystiques. Elle les avertit des nombreux dangers, ces terres étant le lieu de chasse des Âmes Perdues. de rencontres en rencontres, Mont va découvrir qui il est réellement, Vilja va apprendre la force du travail en équipe et Hoakes va réaliser que l’or n’est pas la chose la plus importante. Armés de leurs nouveaux savoirs, de leurs anciens tours et d’un peu de magie, il vont tenter de restaurer l’équilibre du monde mystique.
Le premier attrait s’est fait par l’esthétique inspiré de Tomi Ungerer qui se dégage des concept arts, mais cette histoire possède un potentiel d’attachement assez fort à ses personnages. On peut tout à fait attendre un regard neuf sur les personnages types et les tropes de la fantasy.
D20
réalisé par Jaime Maestro (La Tribu Animation) Espagne
Un groupe d’anciens amis se retrouvent après vingt ans de séparation. Lors que leurs enfants retrouvent leurs anciens livres de jeu de rôle, un sort capture leur parents à l’intérieur du jeu. Transformés en héros et contrôlés par leurs enfants sans expérience, les anciens amis vont devoir traverser un mode fantastique plein de dangers et trouver un moyen de rompre le mauvais sort et de revenir à bon port, testant leur propres relations avec leurs enfants.
Ce résumé laisse entendre que la question du jeu de rôle va être abordée de manière directe et franche par le biais transgénérationnel. L’occasion est propice pour casser les moule des aînés via l’exploration des enfants pour créer de nouvelles figures héroïques plus actuelles. Grosse attente sur ce pitch !
The Growcodile
réalisé par Joost van den Bosch & Erik Verkerk (Ka-ching Cartoons), Hollande
Ça a marché! Armée de sa seule volonté, Bridget a fait éclore de l’œuf un petit crocodile. Un animal bien plus cool que le stupide poisson rouge qu’elle a eu pour son anniversaire. Mais un bébé crocodile, ça grandit de plus en plus. Que faire quand vos parents n’aime pas les animaux de compagnie ? D’autant plus quand votre papa tient un magasin de chaussures et aime le cuir de crocodile ? Heureusement, il y a la grand-mère de Bridget…
Comme vous le savez, j’ai pour habitude de sélectionner un projet destiné au jeune public. Ce dernier m’a séduit par l’esthétique tout en rondeurs du crocodile et la curiosité de voir son héroïne évoluer avec un tel animal de compagnie. On peut se demander s’il y aura une volonté éducative qui accompagnera le projet ou s’il s’agira d’une aventure initiatique pour la jeune fille, qui peut être moins classique que prévu vu le dernier film de l’un des co-réalisateurs, la satire Urbanus: De Vuilnisheld.
Gemmy Brown à la conquête du multivers
réalisé par Thomas Lajon (Ozone Studio) France
Du haut de ses onze ans, Gemmy Brown n’a qu’un seul objectif : ramener ses parents à la maison. Ceux-ci ont disparu quatre ans auparavant à travers un portail menant à d’autres univers. A court d’options, elle part pour l’inconnu avec George, son grand-père, pour les sauver. Elle découvre un monde où gitans et pirates se battent sans merci pour une ressource de plus en plus maigre : l’eau… mais le chef des pirates voit la Terre comme un nouveau monde à piller et Gemmy est la seule qui pourra l’en empêcher.
Le titre laisse entrevoir la question du multivers, ce qui est très attractif en soi. On verra si au moment du pitch cette thématique se concrétise ou si on reste dans une aventure écologique balisée au côté de la jeune Gemmy. Les premières images donnent envie de par leur esthétique peinte, mais sera-t-elle maintenue une fois en animation ? Une réponse a attendre lors de la présentation ! lors du Cartoon Movie 2020
The Amazing Maurice
réalisé par Toby Genkel (Ulysses Filmproduktion/Cantilever Media) Allemagne
Maurice, un chat des rues, a une idée géniale pour gagner de l’argent. Il trouve un adolescent idiot qui joue de la flûte et qui possède une horde de rats alphabètes. Quant Maurice, le joueur de flûte et les rats atteignent la ville dévastée de Bad Blintz, ils ne vont pas tarder à découvrir que quelque chose de très grave les attend dans les caves de la cité…
Comme l’avait expliqué Fanny dans son article, cette adaptation de Terry Pratchett possède déjà beaucoup de qualités, avec entre autres la présence de Carter Goodrich au character design. J’ai vraiment hâte d’en apprendre plus sur le projet.
Sirocco et le royaume des courants d’air
réalisé par Benoit Chieux (Sacrebleu) France
Juliette et Carmen, deux sœurs intrépides de 4 et 8 ans découvrent un passage entre leur monde et l’univers extraordinaire de leur livre préféré : le royaume des courants d’air. Transformées en chats dès leurs arrivée, elles sont emprisonnées et séparées par le maire du village suite à une maladresse de Juliette. Cette dernière est offerte comme animal de compagnie à Selma, une chanteuse dans le maire est secrètement amoureux, et Carmen est condamnée à marier son fils, un jeune homme désespérément seul. Grâce à Selma, les deux filles se retrouvent. Mais comment revenir dans leur monde d’origine ? Seul Sirocco, qu’a connu Selma à une époque, pourrait les aider. Mais ce dernier est-il aussi terrifiant que ce que pensent les villageois et que le livre évoquait ?
Avec ses deux héroïnes en route vers un voyage merveilleux, on ressent des influences proche de la japanime. Cependant son esthétique psychédélique prend un contre-pied agréable qui laisse rêveur sur le résultat final. Avec Tante Hilda, Benoit Chieux avait su créer un environnement extravagant, ce qui est de bonne augure pour ce projet.
Métaphysique des tubes
réalisé par Liane-Cho Han (Maybe Movies/Ikki Films) France
Amélie, une enfant belge de deux ans et demi, née au Japon, pense qu’elle est Dieu. Depuis son point de vue acerbe et lucide, elle croit pouvoir faire pousser les plantes dans le jardin ou traverser la mer à pieds. Elle pense être au centre du monde et n’a qu’un seul but : convertir le monde à son culte. Hélas, le pouvoir d’Amélie la toute-puissante semble limité à sa nounou, Nishio-San. Entre sa famille qui la traite comme tous les autres enfants et sa nounou qui la divinise, le choix est clair : Amélie sera Japonaise. Mais son monde va tomber en miettes à l’âge de trois ans, lorsqu’elle apprend qu’elle va devoir quitter le Japon…
Après deux adaptations en live des romans d’Amélie Nothomb : Stupeur et Tremblement et Tokyo Fiancée, il va être intéressant d’observer comment l’écriture décalée, organique et précise de l’autrice va prendre vie en animation. On peut croire dans le talent de Liane-Cho Han, qui a travaillé sur le très beau Tout en haut du monde et le prochain Rémi Chayé, Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary pour la mise en scène de ce récit introspectif.
En conclusion
Dans la continuité des projets remarqués au Cartoon 360, on remarque que l’héroic fantasy revient en force dans la sélection des différents projets de ce Cartoon Movie 2020. On peut espérer que cette présence soit aussi synonyme d’une relecture des tropes inhérents au genre. La curiosité est en tous les cas bien présente à la découverte des pitchs, je vous en dirai des nouvelles du 3 au 5 mars prochain à Bordeaux.
Le pays invité du Cartoon Movie 2020 : Le Luxembourg
Pour la quatrième année consécutive, Cartoon Movie met un coup de projecteur sur un pays européen de l’industrie de l’animation. Cette année est célébré le Grand Duché de Luxembourg, avec le soutien toujours renouvelé du Film Fund Luxembourg depuis trente ans.
Tout au long de cette édition seront présents des studios et des producteurs du Grand Duché ayant contribué au succès de film ayant placé le Luxembourg sur la liste des pays avec qui compter : Bayala, la magie des dragons, Fritzi (à sortir en France le 14 octobre via Septième Factory), Funan, Pachamama, Parvana, une enfance en Afghanistan, Le voyage du Prince, Les hirondelles de Kaboul, Croc-Blanc, Zero Impunity (à sortir en France le 10 juin via Septième Factory) et bien d’autres.
On retrouve dans la sélection de Cartoon Movie 2020 deux long-métrages produits par des sociétés du Luxembourg :
- Molesworth (co-produit par Mélusine Productions – projet en développement)
- Oups ! L’aventure Continue… (co-produit par La Fabrique d’images – projet en production), la suite du film à succès Oups ! J’ai raté l’arche, qui avait fait plus 500.000 entrées à l’époque.
