Révélée lundi dernier, la sélection officielle des longs métrages en compétition du Festival international du film d’animation d’Annecy en ligne. Comme chaque année, nous vous commentons cette liste attendue.
Poupelle of Chimney Town
L’histoire prend place dans une ville fictive entourée par un mur de plus de 4 000 mètres de haut. On l’appelle la ville aux cheminées car ici, tous les bâtiments se composent de grandes cheminées constamment en activité qui recouvrent le ciel d’une fumée épaisse. Le soir d’Halloween, un coursier chargé de livrer un cœur ne parvient pas à destination à cause du manque de visibilité. Pire encore : il perd son colis et dans le terrible brouillard des ruelles, il ne parvient pas à le retrouver. Il décide donc d’abandonner la livraison, mais là où il est, le petit cœur continue de battre…
Adapté de Poupelle et la ville sans ciel, livre jeunesse d’Akihiro Nishino qu’il a lui-même adapté pour l’écran, Poupelle of Chimney Town est un long-métrage 3D animé au Studio 4°C et réalisé par Yusuke Hirota, spécialisé dans l’animation en CGI. Après les images fabuleuses des Enfants de la mer, le studio continue de pousser le médium avec cette nouvelle adaptation qui prouve que le Japon a tout à gagner à continuer d’hybrider les techniques d’animation en restant au service d’une vision créative.
Josée, le tigre et les poissons
Josée, jeune fille paraplégique depuis son plus jeune âge, vit dans son propre monde entre la peinture, les livres et son imagination débordante. Tsuneo, en faculté de biologie marine, aimerait poursuivre ses études au Mexique pour enfin vivre son rêve : plonger dans les eaux tropicales. Pour cela, il lui faut de l’argent. Justement, un boulot lui tombe littéralement dessus quand il entre en collision avec Josée.
Encore une adaptation cette fois-ci venue du studio Bones, que l’on pourra de plus voir en salles grâce à EuroZoom, Josée, le tigre et les poissons est tiré d’une nouvelle éponyme de Seiko Tanabe qui fut déjà adapté à l’écran en live action par Isshin Inudô en 2003. Suivant le principe de 7 jours, cette nouvelle version a l’esthétique très « à l’ancienne » permettra de réintroduire l’histoire à un nouveau public, le tout orchestré par le vétéran Kotaro Tamura, qui fut coréalisateur sur Les enfants loups, Ame & Yuki.
You Animal ! The Nimfa Dimaano Story
Nimfa Dimaano, chatte et vendeuse de parfums, tombe raide dingue d’Iñigo, fringant chien de la ville. Le souci, c’est que Nimfa partage toujours une bicoque avec son corniaud d’amant fadasse, Roger, gardien dans un centre commercial. Le nouveau venu pourrait-il sauver Nimfa de ses malheurs félins ? Dans ce monde animal, chats et chiens amoureux ajoutent leur griffe personnelle au « soap opera » quotidien.
Vu et grandement apprécié lors du dernier ITFS et avec une critique très prochainement sur le site, on ne vous en dira du coup pas trop sur le film d’Avid Liongoren, si ce n’est que son succès en Asie du Sud-Est via Netflix est tout à fait mérité !
Jiang Ziya : The Legend of Deification
Après le grand combat des dieux, Jiang Ziya est sur le point d’être nommé chef des dieux lorsqu’il est rétrogradé et envoyé sur Terre à cause d’une erreur momentanée, et rejeté de tous. Jiang Ziya doit faire un choix difficile entre son cœur et sa destinée, qui le mène à se retrouver lui-même, mais aussi à restaurer la relation entre homme, dieu et démon.
Après une grosse présence de Lightchaser Animation ces dernières années, c’est une production de Beijing Enlight Pictures qui prend le relais du blockbuster chinois en 3D avec cette énième adaptation de l’investiture des Dieux après le premier chapitre que fut Ne Zha sorti en 2019. Cette suite se déroulant dans le même univers et voulu par les producteurs comme la poursuite d’un « Fengshen Cinematic Universe » a surpassé l’original au Box Office local mais n’a pas réussi le même exploit à l’international.
Lamya’s Poem
Un film très attendu, notamment par Fanny qui avait écrit un article au moment du Work in Progress du projet l’année dernière. Réalisé par Alex Kronemer, coscénariste de l’excellent Bilal, la naissance d’une légende et animé chez PIP Animation Lamya’s Poem a pour objectif selon le cinéaste de « bâtir une histoire universelle autour de l’amour, la paix et l’harmonie, et de montrer comment, au travers de l’histoire de Lamya, il était possible de maintenir une forme de paix intérieure face à des épreuves personnelles et de garder espoir même quand tout semble perdu. » Nous saurons bientôt si cet objectif est atteint !Une jeune réfugiée syrienne trouve une porte magique afin de rencontrer Rumi, le grand poète du XIII ͤ siècle, et l’aide à écrire le poème qui lui sauvera la vie 800 ans plus tard.
Ma mère est un gorille, et alors ?
Ce que souhaite Jonna par dessus-tout, c’est de trouver une famille adoptive… elle accepterait n’importe quel parent qui puisse lui donner de l’amour. La surprise est de taille lorsqu’une femelle gorille se présente un jour à l’orphelinat pour être sa nouvelle maman !
Deuxième long-métrage de Linda Hambäck après Paddy, la petite souris, Ma mère est un gorille, et alors ? est une adaptation d’un célèbre livre jeunesse de Frida Nilsson ayant nécessité trois studios d’animation : Dockhus Animation en Suède, Mikrofilm en Norvège et Nørlum (Tout en haut du monde) au Danemark. Comme pour Paddy, ce film est scénarisé par Janne Vierth et on peut en attendre au moins autant de cœur dans cette aventure à la Roald Dahl.
Petit Moutard
Petit Moutard vit en rébellion contre l’étroitesse d’esprit petite-bourgeoise de sa ville natale. Il tombe amoureux de Mariolina. Le jour où, au détour d’une conversation épiée, il apprend que les grosses légumes du village ont l’intention de chasser Mariolina et sa mère, Petit Moutard prend son courage à deux mains pour les sauver de la vindicte fomentée. Son talent pour le dessin l’y aidera.
Adaptation libre de la jeunesse du dessinateur autrichien Manfred Deix, connu pour ses caricatures grinçantes, ce film d’animation 3D pousse une esthétique intéressante puisqu’elle est largement tirée des physiques déformés qui ont fait la renommée de l’artiste. Plongé dans le village de Siegheilkirchen dans les années 60, où la fascination pour un certain dictateur à moustache continue de prospérer, la 3D passe mieux en mouvement qu’en photo, c’est pourquoi nous vous conseillons de regarder la bande-annonce avant de vous prononcer un peu trop rapidement sur petit Moutard, qui possède largement les qualités pour être le digne successeur d’Old Man – The Movie, la surprise salée de l’année dernière !
The Deer King
Van était autrefois un valeureux guerrier de la tribu des “Lone Antlers” en guerre avec l’empire. Depuis sa capture, il vit en esclave dans une mine de sel. Une nuit, la mine est attaquée par une meute de chiens enragés, porteurs d’une foudroyante peste. Van s’enfuit et dans le chaos, secourt une fillette qu’il décide de protéger. Mais la mystérieuse maladie continue de se propager sans que le Dr Hohsalle ne puisse trouver de remède. Ils vont être réunis autour de ce fléau afin d’en percer le mystère.
A peine annoncé et déjà les droits du film de Masashi Ando et Masayuki Miyaji ont été achetés par All the Anime. Adaptation de Shika no Ō de Nahoko Uehashi dont l’animation est produite chez Production I.G, c’est aussi le CV de Masashi Ando qui impressionne : depuis sa longue carrière chez Ghibli à des postes clés jusqu’à Your Name, difficile de ne pas être enthousiaste !
Ma famille afghane
Kaboul, Afghanistan. Herra est une jeune femme d’origine tchèque qui, par amour, décide de tout quitter pour suivre celui qui deviendra son mari, Nazir. Elle devient alors la témoin et l’actrice des bouleversements que sa nouvelle famille afghane vit au quotidien. En prêtant son regard de femme européenne, sur fond de différences culturelles et générationnelles, elle voit, dans le même temps son quotidien ébranlé par l’arrivée de Maad, un orphelin peu ordinaire qui deviendra son fils…
Après avoir collaboré avec Sacrebleu Productions en 2012 pour le court-métrage Tram, récompensé à Clermont-Ferrand, Hiroshima mais aussi un Cristal à Annecy, Michaela Pavlátová met en scène un scénario d’Ivan Arsenjev en collaboration avec Yaël Giovanna Lévy qui rappelle le goût de l’équipe de sélection pour les sujets de société, avec ici un angle de vue bien spécifique sur les écarts culturels. Reste à voir comment le mise en scène et le medium de l’animation enrichira ce fond délicat à appréhender.
Flee
Voici l’histoire vraie d’Amin, un homme que son mariage imminent contraint à devoir révéler pour la première fois le passé qu’il gardait soigneusement caché. Son secret, bien gardé depuis plus de vingt ans, met en péril la vie qu’il s’est construite. Il raconte son voyage dramatique, en tant qu’enfant réfugié, de l’Afghanistan au Danemark.
Présenté en première mondiale à Sundance où il a gagné le Grand prix de la compétition World Documentary, Flee de Jonas Poher Rasmussen avait été présenté en Work in Progress au Festival International du Film d’Animation d’Annecy en 2019 puis sélectionné au Festival de Cannes 2020 annulé pour cause de Covid. Il sera intéressant de regarder Flee avec en tête Ma famille afghane, les deux films partageant certains aspects en commun.
Le Festival International du Film d’Animation d’Annecy a également lancé une nouvelle offre appelée l’accréditation Cinéphiles Online pour voir les courts métrages et Films de commande en compétition. Pour voir les longs-métrages (tout ou en partie, nous ignorons encore quel sera le menu complet de l’offre en ligne professionnelle), il vous faudra vous rendre sur place.